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Marie-Noëlle Amiot : « Le Loir-et-Cher est un lieu d’innovation, de résilience et d’opportunités »

Quelle est la météo économique dans le Loir-et-Cher et dans la région Centre-Val de Loire ? La « Grande soirée de rentrée économique » par la CCI du département a permis de se faire une idée. Comparé au 2e trimestre en 2023, la région a affiché une baisse de croissance de -1,1 %. Un chiffre loin de certaines régions comme la Nouvelle-Aquitaine (+4,9 %) et l’Occitanie (+7,7 %) qui font preuve de performances nettement supérieures.

Quid du Loir-et-Cher ?

Le Loir-et-Cher compte environ 120 000 emplois salariés dans le secteur privé. La structure économique du département repose principalement sur les services, qui représentent 29 % des entreprises et emploient 44 % des actifs. Le commerce constitue 18 % des entreprises, tandis que l’agriculture et la construction représentent respectivement 9 % des entreprises, pour 4 % et 7 % des emplois. L’industrie, bien que minoritaire en nombre d’entreprises (7,8 %), emploie néanmoins 16 % des travailleurs du secteur privé. Les cinq plus grands employeurs industriels du département, parmi lesquels Saint-Michel, Finia, Bosch, EDF et Thalès, comptent à eux seuls 18 % des emplois industriels.

Dans le domaine des services, les cinq plus gros employeurs regroupent près de 3 900 salariés. La Poste, Humanis Malakoff et Médéric, le Zooparc de Beauval et Center Parcs figurent parmi les principaux acteurs économiques, démontrant que le tourisme et les services de proximité sont des secteurs dynamiques dans le Loir-et-Cher. Worldline, quant à lui, fait partie des plus gros employeurs.

Les évolutions

Au niveau régional, le chiffre d’affaires global est en baisse de 0,5 % par rapport au deuxième trimestre 2023. Cependant, le Loir-et-Cher affiche une croissance de 1 %. Cette légère hausse est d’autant plus significative que le département avait connu un creux au troisième trimestre 2023, particulièrement en septembre et octobre, avant une stabilisation progressive de l’activité.

Le secteur industriel, en revanche, affiche une baisse plus marquée avec une chute de 6,5 % dans le Loir-et-Cher, contre une baisse de 0,5 % au niveau régional. Cette tendance s’explique en partie par la baisse des prix des matières premières depuis fin 2023, qui a entraîné des ajustements tarifaires. Bien que les coûts aient augmenté en 2022, forçant de nombreuses entreprises à répercuter ces hausses sur leurs prix, les clients ont, depuis, exigé des baisses significatives.

Une note optimiste provient du secteur de la construction, qui a enregistré une croissance de 1 % dans la région et de 8 % dans le Loir-et-Cher. Après les inquiétudes de l’année dernière, cette reprise est en partie due à des taux d’intérêt plus bas, facilitant l’accès au crédit et relançant ainsi les projets immobiliers.

Le secteur agricole, lui, fait face à de fortes variations d’un trimestre à l’autre. Il a enregistré une baisse de 12 % au niveau régional et de 8 % dans le Loir-et-Cher, par rapport à 2023. Toutefois, sur une période de trois ans, l’agriculture dans le département se maintient relativement stable.

L’exportation est un point positif, avec une hausse de 3 % au niveau régional et de 6 % dans le Loir-et-Cher. Concernant les investissements, la situation est plus contrastée. Au deuxième trimestre 2024, la région Centre-Val de Loire affiche une baisse de 7 %, tandis que le Loir-et-Cher enregistre une chute plus marquée de 24 %. Cette diminution est en partie liée à un ralentissement post-Covid, après les investissements massifs réalisés en 2021 et 2022.

L’emploi en recul

Sur le front de l’emploi, le Loir-et-Cher a perdu 500 postes en un an. Le secteur du commerce a vu disparaître 240 emplois, et l’intérim a connu une chute de 460 postes (-8,6 %). En revanche, la construction et la restauration ont enregistré une légère croissance du nombre de postes, tandis que l’industrie demeure un secteur porteur en termes d’emplois.

Un appel à l’innovation et à l’unité

Dans le prolongement de l’analyse de la situation économique du Loir-et-Cher et de la région Centre-Val de Loire, Marie-Noëlle Amiot, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Loir-et-Cher, a tenu à souligner le potentiel immense du territoire, tout en appelant à une vigilance face aux nombreux défis à venir.

« Le Loir-et-Cher est un formidable territoire : nous sommes le 14e département industriel français », a-t-elle affirmé, rappelant que ce positionnement résulte de la diversité des entreprises présentes, de l’industrie à l’agriculture en passant par les services. « Nous sommes également une référence en matière de tourisme, avec cette activité qui est la troisième du département. Le Loir-et-Cher est un lieu d’innovation, de résilience et d’opportunités », a-t-elle ajouté.

Des opportunités à saisir, mais des défis à relever

Marie-Noëlle Amiot n’a pas hésité à souligner les défis considérables auxquels le Loir-et-Cher, ainsi que la France et l’Europe, sont confrontés, notamment en termes de compétitivité. « Il ne suffit pas de réindustrialiser la France, il faut aussi innover pour rester compétitif face à une concurrence internationale bien présente », a-t-elle insisté. L’Europe, bien que puissante sur le plan industriel, ne peut se reposer sur ses acquis et doit renforcer sa capacité à innover, surtout à un moment où l’industrie ne représente que 8 % du PIB, hors secteur de l’énergie.

Par ailleurs, le défi de la décarbonation a été présenté comme essentiel dans les plans de développement futurs du département. « Nous avons aussi le défi de la décarbonation, ainsi que des défis de souveraineté que la crise du Covid-19 a mis en lumière », a-t-elle rappelé. La pandémie a en effet révélé la fragilité de certains secteurs, notamment l’alimentation, la défense et la production pharmaceutique, soulignant la nécessité de renforcer la souveraineté nationale et européenne.

Les incertitudes mondiales pèsent sur les perspectives économiques

Dans son discours, Marie-Noëlle Amiot a également mis en lumière les incertitudes économiques et politiques qui planent au niveau international. « Il y a un an, je vous parlais déjà d’élections qui allaient avoir lieu », a-t-elle déclaré, faisant allusion à l’instabilité géopolitique qui continue de secouer plusieurs régions du monde. Elle a évoqué l’élection présidentielle américaine, où les événements récents, comme le débat entre Donald Trump et Kamala Harris, ont pu redistribuer les cartes, générant de nouvelles incertitudes.

Outre les tensions politiques, Mme Amiot a rappelé les difficultés économiques mondiales, soulignant que la croissance mondiale pour 2024 est estimée à 2,5 %, alors qu’il faudrait idéalement un taux de 3 % pour soutenir les économies nationales. « Nous devons nous adapter à cette réalité, tout en saisissant les opportunités qui se présentent », a-t-elle ajouté.

Un appel à l’unité et à l’innovation

Face à ces défis, la présidente de la CCI appelle à l’unité et à l’action collective. Alors que l’Assemblée nationale connaît une fragmentation qui rend les prises de décisions complexes, Marie-Noëlle Amiot a mis en avant l’importance du compromis pour garantir une stabilité politique et économique.

Malgré ces incertitudes, elle a exhorté à rester optimiste : « Nous devons continuer à innover. L’innovation est essentielle pour nos entreprises, pour notre économie, et donc pour notre pays. » Pour elle, l’union et la coopération sont la clé pour surmonter les obstacles. « Nous sommes à un moment historique de transformation, et chacun de nous a un rôle à jouer », a-t-elle conclu, en appelant à ne pas attendre pour prendre les décisions cruciales qui détermineront l’avenir du Loir-et-Cher et, au-delà, celui de la France.

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