Les enjeux du recrutement en Loir-et-Cher par Marie-Noëlle Amiot

Dans un monde en constante évolution, l’industrie reste un pilier essentiel de l’économie, créant des emplois stables et jouant un rôle vital dans le développement local. Cependant, malgré ses atouts indéniables, l’industrie fait face à des défis majeurs, notamment en matière de recrutement et de perception. Marie-Noëlle Amiot, directrice générale de Thiolat et présidente de la CCI de Loir-et-Cher, a partagé sa vision lundi lors d’une table-ronde organisée par Be LC en partenariat avec l’Observatoire de l’Economie et des Territoires, dans l’auditorium du Crédit Agricole Val de France, à Blois.

Marie-Noëlle Amiot a souligné que les difficultés de recrutement n’étaient pas nouvelles, mais que le contexte actuel exigeait des efforts accrus pour attirer de nouveaux talents. L’image des métiers industriels et les conditions de travail sont au cœur de ces préoccupations.

« Il y avait déjà des difficultés de recrutement, peut-être moins marquées, avant le Covid. Mais ça fait longtemps qu’on veut valoriser les métiers de l’industrie. On peine à attirer des jeunes, ou des moins jeunes d’ailleurs, dans nos filières. Le problème de l’image des métiers – et des conditions de travail – est un facteur important. Nous avons un gros travail à faire sur l’industrie, mais on s’emploie depuis pas mal de temps à changer les perceptions, a expliqué Marie-Noëlle Amiot. Nous avons des ateliers qui sont complètement automatisés, d’une propreté incroyable, où il n’y a pas un bruit phénoménal. Nous devons attirer. Cela nécessite un important travail d’accompagnement. Ce n’est pas simple, surtout compte tenu de toutes les aspirations en jeu. Il y a également un grand fossé entre les anciennes générations, qui ne comprennent pas toujours les nouvelles, et la culture de l’entreprise. Parfois, ils se sentent un peu perdus, et nous devons travailler à stabiliser et apaiser le climat interne. Il faut qu’on soit à l’écoute de tous nos salariés. Nous avons vraiment beaucoup de travail devant nous. Quand on fait du commerce, on dit qu’il vaut mieux travailler les clients que l’on a puisque c’est beaucoup plus coûteux d’aller en chercher des nouveaux. J’ai tendance à dire que c’est la même chose au niveau de capital humain. Il faut qu’on fasse attention alors qu’il est très mobile. »

Dans les conditions de travail, il y a les mobilités. Et s’il semble évident qu’une seule personne dans un véhicule est un non-sens écologique, des freins demeurent chez les salariés. « Lorsque nous examinons la situation géographique de nos employés, certains d’entre eux habitent relativement près les uns des autres. Par conséquent, il serait possible de partager des trajets en covoiturage. Cependant, il semble que nos salariés ne soient pas totalement enclins à cette idée, car après le travail, ils préfèrent peut-être utiliser leur temps pour d’autres activités, observe la dirigeante d’entreprise. De plus, lorsqu’ils rentrent chez eux, cela peut ne pas être pratique pour eux. »

Orienter autrement

La présidente de la CCI de Loir-et-Cher a évoqué des initiatives indispensables auprès des jeunes, notamment les collégiens. « Nous nous intéressons aux jeunes afin de leur permettre de découvrir les métiers plus tôt et de s’orienter plus facilement vers des voies qui leur conviennent. Nous avons remarqué que certaines erreurs d’orientation conduisent à des formations longues sans que les jeunes trouvent leur voie, a souligné Marie-Noëlle Amiot. Il y a les stages de 3e, mais c’est tardif. C’est pourquoi nous nous interrogeons sur des expérimentations pour aborder l’orientation dès la 5e et organiser des stages dès ce niveau. Au sein de la chambre de commerce, nous proposons ce que nous appelons des mini-stages. Il s’agit de permettre à tous les jeunes qui souhaitent découvrir un métier pendant les vacances scolaires de signer des conventions entre leur famille et leur établissement scolaire, afin d’ouvrir les portes des entreprises. Nous essayons de faciliter ces stages, car ils sont un excellent moyen de découvrir le monde de l’entreprise et de confronter la réalité à l’idée que l’on peut s’en faire. C’est particulièrement important pour les jeunes de 10 à 13 ans qui sont au collège, car il peut être difficile pour eux de se représenter concrètement un métier, les professions étant souvent abstraites à cet âge. De plus, nous organisons les « nuits de l’orientation », une manifestation annuelle qui se tient le 1er décembre. L’objectif est de convaincre non seulement les jeunes, mais aussi leurs familles. »

Territoire attractif

La diversité du territoire de Loir-et-Cher offre un cadre de vie attrayant, qui retient certains jeunes talents. Cependant, il est essentiel de s’assurer que les formations disponibles correspondent aux besoins du marché du travail.

« Je pense que notre territoire est formidablement diversifié, et cela me réjouit lorsque je rencontre des jeunes qui s’y épanouissent. Certains veulent partir, comme ma fille qui est partie à Lyon, et je ne la forcerais pas à revenir, même si cela me chagrine. Cependant, nous avons des jeunes qui se plaisent ici et qui ne quittent pas notre région, voire qui y reviennent régulièrement. Cela montre que notre territoire est agréable à vivre, ce qui constitue déjà un atout majeur« , a estimé Marie-Noëlle Amiot. « L’agence d’attractivité a pour mission de résoudre un problème réel, à savoir l’adéquation entre les formations disponibles et les besoins du marché du travail. Nous disposons de nombreuses formations adaptées, que ce soit dans le Loir-et-Cher ou dans la région Centre. Nous avons également la chance d’avoir une école d’ingénieur sur place. En ce qui concerne l’industrie, même si de nombreux jeunes partent, il est essentiel de noter que certains restent, notamment ceux qui aspirent à devenir ingénieurs. Ainsi, je ne pense pas que le territoire soit moins attractif en raison d’un manque de formations, car nous en proposons en abondance. Cependant, il est nécessaire de promouvoir notre territoire et de le présenter de manière attractive. »