Mathilde Desjonquères : « Malheureusement, pour atteindre la parité, des quotas sont nécessaires »
Ce 6 septembre, c’est l’anniversaire de Mathilde Desjonquères, la députée de la 1ʳᵉ circonscription de Loir-et-Cher, siégeant au sein du groupe démocrate à l’Assemblée nationale. Nous avons rencontré l’élue la semaine dernière pour un long entretien Port de la Creusille. La météo était alors au vent et à la pluie. Mathilde Desjonquères rejoindra les bancs de l’Assemblée le lundi 25 septembre.
Sa saison 2 parlementaire
Mathilde Desjonquères : Pour la rentrée parlementaire prévue le 25 septembre, il est indéniable que nous allons connaître une période intense, chargée et riche en travaux législatifs. Plusieurs textes sont en préparation, notamment celui concernant l’immigration, un sujet qui me tient particulièrement à cœur en tant que membre de la commission des lois. Il est important de noter que ce sujet relève du ministère de l’Intérieur et traverse, entre autres, le processus d’examen au sein de la commission des lois.
De plus, nous aurons à traiter ce que nous appelons communément le PLF, c’est-à-dire le projet de loi de finances pour l’année 2024. Nous avons donc une diversité de textes à gérer. En parallèle, chacun d’entre nous a ses dossiers spécifiques à suivre. Pour ma part, je suis particulièrement impliquée dans les questions relatives aux mouvements de terrain argileux, également connus sous le nom de RGA. Notre département est fortement touché, de même que plusieurs communes de notre circonscription. Cependant, ce problème s’étend bien au-delà de notre territoire, car l’argile est présente dans presque toute la France, à l’exception de quelques régions et départements. Cette situation est étroitement liée aux changements climatiques, avec des mouvements de sol dus au stress hydrique et aux fortes intempéries, qui semblent s’aggraver.
Il existe déjà une loi, la loi Baudu, qui traite en grande partie des aspects financiers liés à la déclaration de l’état de catastrophe naturelle. Pour ma part, je m’investis davantage dans la prévention, la rénovation et la construction pour faire face à ces problèmes. Mon approche vient compléter le travail de mon prédécesseur, Stéphane Baudu. Bien que cela puisse sembler fortuit de poursuivre sur une voie similaire, il s’agit d’un sujet qui me tient à cœur.
En outre, il y a la question de la transmission des savoir-faire, qui est un autre domaine auquel je consacre beaucoup de temps. Ces sujets de fond, inhérents à mon mandat, sont toujours liés à l’actualité. Enfin, en tant que parlementaire, je continue à m’engager pour promouvoir la place des femmes dans la société, un sujet auquel je tiens depuis de nombreuses années, presque depuis mon enfance. L’engagement n’est évidemment pas le même à 40 ans qu’à 10 ans…
En ce qui concerne mes travaux actuels, j’ai récemment travaillé sur un texte l’année dernière; et à la rentrée, je vais notamment m’investir dans le texte relatif aux secrétaires de mairie, en collaboration avec le ministre Stanislas Guérini, qui est en charge des questions de la fonction publique. En somme, de nombreux sujets captivants occupent mon emploi du temps parlementaire.
Le sujet des secrétaires de mairie
Mathilde Desjonquères : Il existe divers enjeux en ce qui concerne le statut et la formation des secrétaires de mairie, ce poste revêtant une grande importance pour toutes nos communes. Ces secrétaires sont principalement présent.es dans les collectivités territoriales situées en zones rurales, contrairement aux grandes villes où l’on parle plutôt de directeurs généraux des services (DGS).
Il est intéressant de noter que dans les petites collectivités, on utilise le terme « secrétaire », tandis que dans les grandes collectivités, on se réfère au « directeur ». Cela soulève une problématique sémantique. Même si elles travaillent seules ou avec seulement quelques agents, ce sont elles qui dirigent l’ensemble des aspects administratifs et techniques de la mairie, en soutien aux élus.
Ces secrétaires gèrent les budgets, travaillent sur le développement du territoire, accompagnent les élus dans leurs démarches et contribuent à la transition. Lorsqu’une nouvelle équipe municipale prend ses fonctions, elles sont là pour faciliter la transition. Ces postes sont donc extrêmement polyvalents et cruciaux.
Ces secrétaires occupent souvent des postes de catégorie C, alors que leurs responsabilités relèvent plutôt de la catégorie B, voire de la catégorie A. Il est donc nécessaire de revoir leur statut. De plus, la question de la formation est primordiale. Certaines personnes ont rejoint ce métier avec un niveau d’études de Bac+2 ou Bac+3, mais elles ont besoin de formations continues pour rester compétentes. En effet, il est indispensable de continuer à apprendre tout au long de sa carrière, même après avoir achevé ses études initiales, afin de progresser dans ces postes variés. C’est pourquoi les enjeux majeurs sont le statut et la formation de ces secrétaires de mairie.
Quel est le meilleur levier pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes ?
Mathilde Desjonquères : Malheureusement, pour atteindre la parité, des quotas sont nécessaires. Même si, à l’origine, j’étais contre cette idée, je reconnais maintenant que cela peut être bénéfique. À l’âge de 25 ans, j’étais fermement opposé aux quotas, les trouvant inutiles, entre autres raisons. Cependant, je comprends maintenant que nous ne grandissons pas tous dans le même environnement, et j’ai eu la chance de grandir dans un milieu où l’égalité entre hommes et femmes était valorisée à la fois à la maison et au travail. Malheureusement, tout le monde n’a pas les mêmes opportunités.
Les quotas sont nécessaires pour briser le plafond de verre qui nous limite, un plafond que nous, les femmes, contribuons souvent à maintenir en raison des schémas sociaux et éducatifs qui nous ont été inculqués.
En moyenne, dans les trois fonctions publiques, 60 % des employés sont des femmes, mais seulement 20 % occupent des postes de direction. Cela signifie que 40 % des hommes dans la fonction publique occupent la majorité des postes de direction. C’est un problème de répartition entre les sexes qui doit être résolu, et les quotas sont un moyen nécessaire pour progresser vers la parité.
Le deuxième aspect essentiel est l’éducation, mais cela ne concerne pas seulement l’éducation des jeunes adultes. Cela commence dès l’enfance, lorsque nous devrons dire « sage-homme » sans que cela choque, au lieu de « sage-femme ». C’est un exemple révélateur de l’inégalité de genre dans notre société. Certains métiers sont encore perçus comme étant réservés aux femmes ou aux hommes, comme les métiers sociaux ou médicaux.
Je connais des hommes qui sont sages-hommes et qui aiment leur métier, mais qui rencontrent des préjugés et des stéréotypes sociaux. Il est important de reconnaître que tous les métiers sont valorisants et importants. L’éducation est donc le deuxième volet essentiel pour atteindre l’égalité des sexes.
Et l’écriture inclusive ?
Mathilde Desjonquères : Pour ma part, je suis résolument en faveur de la culture de l’écriture inclusive. Je l’adopte sans réserve, que ce soit dans mes publications sur les réseaux sociaux ou dans mes écrits. En réalité, j’ai intégré cette pratique depuis bien longtemps, bien avant qu’elle ne devienne officielle et médiatisée. L’écriture inclusive a toujours fait partie de ma démarche, et elle constitue un marqueur essentiel de mon engagement.
D’ailleurs, c’est Madame la députée. On me pose souvent des questions à ce sujet, mais oui, c’est un aspect auquel je tiens beaucoup. C’est un moyen concret de marquer la distinction entre le féminin et le masculin, et cela contribue à l’équilibre entre les genres au sein de notre société.
Pour moi, l’écriture inclusive représente l’une des nombreuses petites actions qui contribuent à instaurer un véritable équilibre entre les femmes et les hommes dans notre société.
>> Suite de l’entretien à suivre sur Blois Capitale