[Municipales 2026] « Unis pour Blois » travaille collectivement son projet

Il est un peu plus de 19h, ce mercredi 18 juin, lorsque les premiers participants s’installent sous les poutres apparentes de la ferme de Brisebarre. Devant eux, pas d’estrade, pas de discours de campagne. À l’image de sa méthode, le collectif « Unis pour Blois » – dans lequel on trouve Les Républicains, le MoDem, Renaissance, le Parti Radical Valoisien et l’UDI (lire ici) – entend écouter, débattre, proposer, sans imposer. Cette réunion publique avait pour but de consolider une démarche : co-construire un projet municipal avec les Blésoises et les Blésois. Rapidement, des groupes de travail par thématiques se sont formés autour de tables, en intérieur comme en extérieur. Les échanges étaient nourris.
Le centre-ville, objet d’engagements
Nicolas, qui a rejoint le collectif « Unis pour Blois », souligne que l’objectif est de construire un projet partagé, ouvert, exigeant mais accessible, sans posture militante. Formé par un parcours professionnel international, il a choisi de revenir en France, et de s’installer à Blois. Aujourd’hui engagé dans le secteur du tourisme, il insiste sur la nécessité de renforcer l’attractivité du centre-ville. Il alerte sur la fermeture de commerces, sur la perception de rues vides, et sur le sentiment d’insécurité qui peut en découler. Ce qu’il observe dans son activité professionnelle, il le retrouve dans les retours de ses clients. « Ils trouvent que Blois devient un peu triste. » Pour lui, relancer le cœur de ville, soutenir les commerçants, proposer « quelque chose de beau pour les gens », ce n’est pas une stratégie abstraite, mais une urgence à partir du réel. Il dit vouloir contribuer à cette transformation « par amour » pour la ville.
Blésois de naissance, Jonathan Jouanny confie avoir rejoint la dynamique collective en cours avec l’envie de voir sa ville bouger. « Ça fait un moment qu’on observe une certaine passivité. On voit le centre-ville qui se meurt un peu », résume-t-il. Travaillant à Vendôme dans une collectivité, où il est en charge du patrimoine et des bâtiments, il estime que ce domaine est aujourd’hui peu valorisé à Blois. « Le sud a été rénové, les commerces y tiennent. Mais dans le centre-ville, rien ne tient. Il y a forcément quelque chose qui ne va pas. » Ce constat, fait après plusieurs mandatures, l’a poussé à s’engager pour la première fois localement.

Engagé depuis 2008 dans les campagnes municipales, Phanith Siv s’apprête à participer à sa quatrième échéance. Militant fidèle du MoDem, il voit dans cette nouvelle dynamique collective, ouverte à différents courants, une opportunité bienvenue : « Les gens se rassemblent, donc ça reste une bonne dynamique. » Parmi les priorités qu’il défend, figure une vision urbaine orientée vers la Loire, qui permettrait selon lui de mieux articuler Blois et Vienne. Cela implique un aménagement des quais de Loire à la hauteur des enjeux actuels. « Il ne faut plus se contenter de rafistolage », dit-il, en appelant à des solutions concrètes comme la création d’un vrai parcours cycliste. Désigné pour porter les questions environnementales dans le collectif, Phanith Siv relie ce combat à une exigence globale de qualité de vie, au bénéfice des habitants comme des visiteurs. « Quand c’est un atout pour les citoyens, c’est un atout pour le tourisme », résume-t-il. Pour lui, la ville actuelle reste trop minérale, à commencer par la gare, et les chiffres avancés sur les pistes cyclables ne résistent pas à l’épreuve du terrain. Il cite en exemple le quartier des écoles ou l’avenue Maunoury, où la sécurité des cyclistes reste selon lui très relative. « Il y a l’affichage… et il y a le concret », lâche-t-il en appelant à revoir les choix d’aménagement à l’aune des usages réels.
Connu pour son « Bouchon de Blois », Philippe Plantier affirme son engagement dans le collectif Unis pour Blois non pas en tant que futur élu, mais comme contributeur de la société civile désireux de mettre ses idées au service d’un projet collectif. « Je ne veux pas faire partie d’une liste, je représente la société civile », souligne-t-il, préférant travailler en amont sur le programme et la gouvernance. Républicain convaincu, il estime que l’alternance prend tout son sens après plusieurs mandats successifs, non pour rompre brutalement, mais pour interroger certaines limites structurelles de l’action municipale actuelle et esquisser une nouvelle trajectoire. Pour lui, le cœur du débat doit être la vision : une projection de Blois à 5, 10, 15 ou 20 ans, qui serve de boussole pour les choix d’aménagement, d’économie, de politique sociale, environnementale ou culturelle. Il évoque le souvenir du lac de Loire comme lieu de sociabilité disparue qu’il faudrait réinventer ; il imagine un stationnement repensé sur les quais (en souterrain), à l’image de Menton, afin de libérer la vue sur le fleuve et reconnecter la ville à son paysage. Il interroge la minéralisation croissante de l’espace public, la qualité de l’urbanisme contemporain, ou encore la pertinence de certains grands équipements face aux besoins essentiels du centre-ville. Attaché à la cohésion sociale, il plaide pour une politique du logement qui permette de maintenir à Blois une mixité réelle, pas seulement proclamée. S’il rend hommage à l’efficacité relationnelle de Marc Gricourt, il insiste sur la nécessité de penser l’alternance non comme une opposition stérile, mais comme un exercice démocratique mûr, ouvert aux contributions transpartisanes. « Une élection municipale doit se jouer au-dessus des partis », affirme-t-il. Pour lui, le projet compte plus que l’étiquette, et ce projet doit être conçu en dialogue avec les Blésois et les Blésoises, en allant dans le détail des contenus, loin des slogans. Il appelle à bâtir une gouvernance capable d’unir, de planifier sur le long terme et d’ouvrir la ville à de nouveaux équilibres : économiques, sociaux, territoriaux, environnementaux. Blois, dit-il, ne doit pas se penser uniquement comme une étape touristique dans la vallée de la Loire, mais comme le cœur vivant d’un département à explorer.
« Ce n’est pas la tête de liste qui fera le projet, c’est le projet qui fera la victoire »
Cyrille Hénault ne cache pas son engagement ancien et constant dans le milieu associatif blésois, en particulier dans le sport, dont il connaît les réalités de terrain : vice-président du Blois Foot, il a naturellement été orienté vers les thématiques sportives, éducatives et culturelles au sein du collectif Unis pour Blois. Sans exclure d’autres centres d’intérêt — la sécurité, les transports, les finances ou encore les espaces verts —, il assume ce rôle en s’appuyant sur sa connaissance directe du tissu local. Mais pour lui, le diagnostic est déjà clair : « La Ville de Blois se nomme ‘ville sportive’, ce qui est un leurre. » Il dénonce le manque de terrains disponibles pour les enfants dans toutes les disciplines, et l’inefficacité de certaines infrastructures, comme le gymnase de l’INSA réservé aux seuls étudiants « malgré une contribution municipale ». Il regrette aussi la disparition non compensée de sites comme la Boire, qui comptait quatre terrains de sport. Cette critique s’étend à la culture, à laquelle il reproche une orientation élitiste : l’investissement de 18 millions d’euros dans un nouveau théâtre lui semble discutable. Concernant l’éducation, il insiste sur le rôle fondamental des familles : « L’Éducation nationale est là pour instruire, pas pour éduquer. » Il plaide pour un renforcement du soutien aux associations, comme leviers de sensibilisation à la lecture dès le plus jeune âge. Au-delà de ses trois thématiques de prédilection, il affirme que l’éducation, la sécurité et le « bien vivre ensemble » sont les piliers d’un renouveau pour Blois, à condition de ne plus opposer les habitants mais de les fédérer autour d’une vision claire. Redynamiser le centre-ville, favoriser la venue de nouveaux habitants, et relancer une dynamique économique globale sont pour lui des urgences absolues, qu’il relie à de vieux dossiers comme la deuxième sortie autoroutière. Encadré à droite, ancien RPR aujourd’hui revenu chez Les Républicains, il assume sa couleur politique mais défend une démarche municipale fondée sur le bon sens, et non sur des clivages partisans. Le projet doit, selon lui, précéder les noms. Il rejette les oppositions stériles, croit au rassemblement et affirme que la victoire passera par l’adhésion des Blésois à une démarche ouverte, lisible et construite. Quant à la tête de liste, il estime qu’elle s’imposera d’elle-même, « naturellement », en septembre.
Maïwen De Coene (21 ans), étudiante en sciences politiques, dit elle n’appartenir à aucun parti, n’être là que parce qu’elle croit en la démarche. Elle a rencontré Mathilde Desjonquères lors d’un stage, ce qui lui a donné envie de s’impliquer. Elle explique que ce qu’elle apprécie, c’est cette capacité à fédérer sans imposer : « Ce que j’ai trouvé ici, c’est une forme de libre pensée. Pas de dogme. »

Maïwen participe au groupe de travail sur la gouvernance. Elle croit à la délibération, à la confrontation des points de vue, à la possibilité d’un consensus construit : « Ce n’est pas simple, mais c’est comme ça qu’on avance. » Sur le fond, elle rejoint les autres intervenants : pour que l’alternance ait un sens, il faut un projet. Un vrai. Pas une somme de promesses, mais une vision qui rassemble. Elle déplore les clivages partisans, juge les partis « trop rigides », enfermés dans leurs trajectoires. Elle dit espérer qu’un projet municipal puisse dépasser ces carcans, réunir ce que chacun porte de meilleur, dans une logique de dialogue.
La réunion s’achève dans une ambiance studieuse avant un moment convivial. Le collectif « Unis pour Blois » poursuit sa route avec pour horizon : mars 2026.