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Quand Blois était une grosse pointure de la chaussure

Au XIXe siècle, l’industrie de la cordonnerie occupait une place prépondérante dans le paysage industriel de Blois. Les cordonniers-artisans fabriquaient à la main chaque paire de chaussures, travaillant de manière indépendante pour leur propre compte. Cependant, tout a changé grâce à un visionnaire, Louis-Edme Rousset, fondateur de la manufacture de chaussures Rousset Frères. En 1866, il introduisit une véritable révolution industrielle en mettant en place la « chaussure à la mécanique » dans sa nouvelle usine située avenue de l’Embarcadère (actuelle avenue du Docteur Jean Laigret), comme on peut le lire dans Blois insolite et méconnu (éditions Sutton).

Ce nouveau procédé de fabrication (photo ci-dessus), basé sur la division du travail et l’utilisation de machines, permit d’augmenter considérablement la productivité tout en réduisant les coûts de main-d’œuvre. Les ouvriers se spécialisèrent dans des tâches spécifiques telles que la coupe, le piquage, le montage, la couture, le talonnage et la déformation. Avec cette avancée majeure, la manufacture Rousset Frères connut une croissance exponentielle et devint le premier employeur de la ville, comptant jusqu’à 1 200 salariés (620 hommes et 500 femmes). Le chiffre d’affaires de l’industrie de la chaussure à Blois atteignit alors 6 millions de francs, avec une production de 400.000 paires de chaussures par an.

L’emplacement stratégique de Blois, entourée de nombreuses tanneries réputées pour la qualité de leurs produits, facilita l’approvisionnement en matières premières pour les fabricants de chaussures. Les modèles produits couvraient un large éventail de tailles, des plus petits aux plus grands, et la qualité irréprochable des chaussures blésoises valut aux frères Rousset de remporter de nombreux prix et récompenses, dont le grand prix à l’Exposition universelle de Paris en 1900.

La réussite de la manufacture Rousset inspira de nombreuses autres petites fabriques de chaussures à s’établir dans la ville. À la fin du XIXe siècle, Blois comptait jusqu’à six fabriques de chaussures et de nombreux points de vente. Parmi les concurrents notables, on retrouvait les manufactures Guéritte Jules et fils, Simon Neveu et Cie, Beaufils et Cie (devenus Desroches et Deniau en 1905), ainsi que la manufacture Guéritte Jules et fils, qui possédait son point de vente au 39 rue Denis Papin sous l’enseigne « A la Croix de Lorraine ».

Cependant, à partir des années 1960, l’industrie de la chaussure à Blois commença à décliner, principalement en raison de la concurrence étrangère et de l’augmentation des coûts des matières premières. Les grandes usines, telles que la fameuse manufacture Rousset, furent contraintes de fermer leurs portes, mettant fin à une ère de prospérité industrielle qui avait duré plus d’un siècle.

De nos jours, seul subsiste l’enseigne « Chaussures Pautou », rappelant avec nostalgie ce qui fut autrefois le fleuron de l’industrie blésoise.

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