Musicales 41
AgendaCinémaCultureVie locale

Que voir cette semaine au cinéma ? Les conseils de Laëtitia Scherier (Lobis)

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

C’est un rendez-vous hebdomadaire à ne pas manquer quand on se pose la question « Mais que voir cette semaine au cinéma ? ». Chaque lundi sur Blois Capitale, Laëtitia Scherier, directrice du cinéma Les Lobis à Blois, nous parle des films programmés. Après avoir mis en lumière Valeur sentimentale de Joachim Trier, elle met en avant cette semaine Chroniques d’Haïfa – Histoires palestiniennes de Scandar Copti, tout en présentant deux autres sorties : En première ligne de Petra Biondina Volpe et la ressortie de Palombella Rossa de Nanni Moretti.


Chroniques d’Haïfa, un dispositif narratif en quatre chapitres

Le film Chroniques d’Haïfa – Histoire palestinienne est le deuxième long métrage de Scandar Copti, réalisateur palestinien né à Jaffa, après Ajami (2009), qui avait reçu une mention spéciale de la Caméra d’Or au Festival de Cannes. Le récit se déroule à Haïfa, grande ville portuaire du nord de l’Israël. « Il y a plein de choses très originales dans ce film, explique la programmatrice. Déjà, il y a un dispositif narratif qui repose sur la multiplicité des points de vue. Le film est construit comme un puzzle découpé en quatre chapitres. L’un des objectifs de ce parti pris, c’est d’inciter le spectateur à être actif et non pas passif, à réfléchir sur la question du point de vue, de l’objectivité ou de la subjectivité. Parce qu’on ne voit pas du tout les mêmes choses selon son sexe, son âge, sa classe sociale. »

Le récit met en lumière des histoires intimes, tout en évoquant les tensions entre Arabes et Juifs. « Je pense que certains spectateurs pourraient s’attendre, vu la nationalité du réalisateur et l’endroit où ça se passe, à un film sur le conflit israélo-palestinien. Alors que ce n’est pas du tout le cas. Même si ça se passe en 2025, c’est un film qui parle du rapport entre Arabes et Juifs, mais qui ne se focalise pas sur la guerre. On ne voit pas de bombes tomber, on n’est pas sur un film de guerre. On est sur un film social. »

Scandar Copti a puisé l’idée du film dans un souvenir d’adolescence. « Il a entendu une mère dire à son fils : “Ne laisse jamais une femme te dire ce que tu dois faire.” Il a compris assez violemment à quel point les valeurs patriarcales étaient profondément ancrées dans la société où il vivait. Et que les femmes devaient se battre, mais qu’un homme devait être un allié pour les aider à se battre. » Pour Laëtitia Scherier, Chroniques d’Haïfa s’impose : « C’est un film qui dénonce le patriarcat, même si ce n’est pas sa seule thématique. Rien que pour ça, ça méritait d’être le film coup de cœur de la semaine. »

Cette volonté se traduit dans le choix des comédiens : « Il a pris une distribution exclusivement non professionnelle. Les personnages de médecins ou d’enseignantes sont joués par un vrai médecin et une vraie enseignante. On a vraiment l’impression de voir un documentaire, avec des jeux très frais et très naturels. » La technique suit cette exigence de réalisme : « Deux ou trois caméras à l’épaule, pas d’éclairage artificiel, uniquement la lumière naturelle. Tout a été pensé pour faire un film social réaliste. »

Le dispositif multiplie les perspectives : « Ce principe permet de montrer qu’il ne faut pas toujours croire ce qu’on voit. Au cinéma, c’est normal, on croit ce qu’on nous montre. Mais il suffit d’un détail pour se rendre compte que c’est très facile de biaiser et de manipuler les points de vue. »


La crise hospitalière au cœur d’En première ligne

La deuxième sortie de la semaine mise en avant est En première ligne de Petra Biondina Volpe, film suisse-allemand tourné en langue allemande. « Ça parle de la crise hospitalière en Suisse. Même si ça se passe à l’étranger, beaucoup de spectateurs se diront : “Ah, ça nous rappelle quelque chose”, parce qu’on a exactement la même crise des hôpitaux en France. »

En Suisse, d’ici 2040, il manquera entre 40 000 et 45 000 infirmiers et infirmières. Le film suit une infirmière de nuit confrontée à une surcharge de travail, seule face à un flot ininterrompu de patients. Le rôle principal est interprété par Leonie Benesch, remarquée dans La Salle des profs. « Ce n’est pas le même style, mais c’est intéressant qu’elle choisisse des rôles emblématiques de nos sociétés, comme institutrice ou infirmière. Elle est toujours très crédible. On la voit vraiment prodiguer des soins. C’est un très beau film. Mais je préfère quand même Chroniques d’Haïfa… »


Palombella Rossa, un classique de Nanni Moretti

Autre film de la semaine : Palombella Rossa de Nanni Moretti, dans le cadre d’une ressortie répertoire. « Il n’y aura que cinq ou six séances dans la semaine, mais l’occasion était trop belle. Depuis que je suis arrivée, le patrimoine je le programme plutôt sous forme de cycles, comme David Lynch ou Lars von Trier. Mais Palombella Rossa est souvent considéré comme le plus grand film de Nanni Moretti. Il parle de la crise d’identité de la gauche italienne à la fin des années 1980, et il arrive à en faire une comédie comme il sait le faire. » Le film sera à l’affiche à partir de ce mercredi, pour deux semaines.


Pour en savoir plus : blois-les-lobis.cap-cine.fr

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR