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Qui était « Blésoise La Bien Aimée » ?

Blois est une ville riche d’histoire et de traditions, et l’une d’entre elles mérite d’être mise en lumière : celle des compagnons boulangers. Bien que méconnue de la plupart, c’est à Blois que l’histoire du compagnonnage boulanger a pris racine au début du 19ème siècle.

La tradition du compagnonnage remonte à des siècles, avec des artisans du bâtiment voyageant à travers la France pour parfaire leur métier. Les boulangers, cependant, n’ont pas toujours été considérés comme de véritables compagnons par les autres corps de métiers. Les raisons évoquées comprenaient leur absence de participation à l’édification du temple de Salomon, ou le fait qu’ils ne transformaient pas la matière comme les autres artisans.

Le destin des boulangers a basculé en 1811, lorsqu’un compagnon tonnelier, reconnaissant envers deux boulangers qui l’avaient aidé dans sa maladie, leur a confié les secrets du compagnonnage. Ces deux boulangers, connus sous les noms de « Nivernais Frappe d’abord » et « Montbard l’Inviolable », se sont installés à Blois et ont inauguré la tradition du compagnonnage boulanger dans la ville.

Musée du compagnonnage de Tours

Cependant, leur parcours n’a pas été sans obstacles. Confrontés à des moqueries, des violences et des rejets de la part d’autres corporations, ils ont dû lutter pour leur reconnaissance. Même aujourd’hui, certains métiers, tels que les charpentiers, refusent toujours de les reconnaître comme de véritables compagnons.

Image levainbio.com

Au-delà de cet épisode fondateur, Blois a continué de jouer un rôle essentiel dans l’histoire des compagnons boulangers. Ainsi pendant plus de trente ans, de 1920 à 1952, Madame Caillaux, surnommée « Blésoise la Bien Aimée », a accueilli des compagnons boulangers en tour de France à l’adresse du 1, rue Saint-Martin, lieu qui est aujourd’hui le café Louis-XII.

La Bien-Aimée de Blois et des compagnons boulanger du Devoir

L’histoire d’Andrée Caillaux, née en 1890 à Blois, résonne encore dans les rues de la cité ligérienne. Fille de l’aspirant boulanger du Devoir, le Pays Desneux, elle épouse en 1912 Charles Caillaux. En 1920, ils se lancent ensemble dans la gestion d’un petit café au rue Saint Martin.

Ce qui semblait n’être qu’un simple café se transforme rapidement en un foyer pour la société des compagnons boulangers post-guerre. À leur demande, Andrée accueille cette société en pleine renaissance dans son établissement. Un an après cette décision, elle est reconnue et adoptée comme « mère » par la Fondation des Compagnons Boulanger.

La générosité, le dévouement et la chaleur de l’accueil d’Andrée – dite « Blésoise La Bien Aimée » – ne connaissaient pas de limites. Elle était cette figure maternelle pour ces aspirants et compagnons qui venaient d’horizons divers, cherchant refuge et guidage dans une période post-guerre. Leur gratitude est manifeste quand, en 1925, ils lui attribuent l’écharpe d’Honneur.

Plus tard, Andrée, avec sa bienveillance, marque profondément le congrès d’après-guerre à Nîmes en 1946, où elle est élevée au rang de mère générale des compagnons boulangers du Devoir du tour de France. Cette cérémonie mémorable se tient avec une ambiance festive, renforçant la solidarité et la camaraderie parmi les compagnons.

Pourtant la seconde guerre mondiale était passée par là. Les bombardements avaient détruit leur café, emportant des années d’efforts, de souvenirs et des objets précieux du compagnonnage. Face à cette épreuve, le couple continuait à servir la communauté. Leur résilience est symbolisée par l’écharpe de mère qu’Andrée avait sauvée des flammes.

En 1952, le destin frappe à nouveau. La maladie emporte Andrée, laissant derrière elle un héritage d’amour et de dévouement. Les compagnons boulangers, en signe de respect, déposent une première plaque commémorative en son honneur un an après sa disparition.

Andrée Caillaux, « Blésoise La Bien Aimée », n’était pas seulement une propriétaire de café. Elle était un pilier pour la communauté des compagnons boulangers du Devoir. Sa mémoire fut célébrée aussi en 2011, lors du bicentenaire des compagnons boulangers et pâtissiers, témoignant de l’impact indélébile qu’elle a laissé derrière elle.

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