Travaux et ambition : Tout savoir sur la future passerelle au-dessus de la Loire

Le 5 juin 2025, sur les rives du Parc des Mées à Blois, le Département de Loir-et-Cher et ses partenaires institutionnels ont officiellement lancé les travaux de la future passerelle cyclo-piétonne sur la Loire. Ce projet d’envergure, attendu depuis plus de quinze ans, incarne une vision partagée du territoire : celle d’un développement durable, esthétique et concerté.
Un ouvrage d’art pour relier deux rives et plusieurs ambitions
Longue de 380 mètres et large de 4 mètres, la future passerelle reliera les deux rives du fleuve royal en s’appuyant sur les piles de l’ancien barrage. Le tablier en acier, soutenu par sept piles existantes réaménagées, permettra une traversée fluide et sécurisée pour les piétons, cyclistes et cavaliers. Elle s’intègrera pleinement dans le paysage de la Loire, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, en respectant les enjeux écologiques, techniques et patrimoniaux du site.

La conception a été confiée à l’agence d’architecture de Marc Mimram. Jacques Durst, directeur des ouvrages d’art et associé, résume ainsi l’intention : « Ce site, la qualité du paysage, on l’a tous en tête. Une donnée majeure, c’était de construire sur les traces du barrage. Ces traces scandent le paysage dans un rythme précis. Ce qu’on a essayé de faire, c’est de respecter cela — mais aussi de s’en abstraire. Le paysage, c’est celui de la vallée de la Loire. » La passerelle se distingue par son tracé en courbe et son asymétrie volontaire : « La se tourne vers Blois, c’est ce qui explique ce tracé courbe en plan. Quand vous êtes sur un ouvrage long et droit, vous avez vite un sentiment de couloir. Ici, on a ouvert l’ouvrage. »
Une esthétique au service du paysage
L’esthétique du projet, longuement discutée à chaque étape, a constitué un point d’ancrage partagé par tous les maîtres d’ouvrage. François Bonneau, président de la Région Centre-Val de Loire, y a insisté dès l’ouverture de son intervention : « L’esthétique a été un vrai sujet depuis le départ. Par ses courbes, son mouvement, la lumière qu’elle capte, elle est complètement en phase avec ce que nous aimons dans le fleuve Loire. » Xavier Pelletier, préfet de Loir-et-Cher, l’a également souligné avec une touche de lyrisme : « Un trait sur le fleuve, une ligne élégante. Je ne sais pas si vous avez été inspirés par Miró, mais il y a quelque chose de poétique. »

Une mobilisation institutionnelle
Le projet mobilise un co-financement exemplaire : 17,48 millions d’euros répartis entre le Département (31 %), la Région (28 %), l’État (27 %) et Agglopolys (14 %). « C’est un partenariat de grande qualité », a salué Philippe Gouet, président du Conseil départemental. « Grâce à cette collaboration, nous arrivons à faire ce beau projet, qui est un élément essentiel de l’écomobilité et du rayonnement de notre territoire. » Le soutien de la Région a été réaffirmé : « Nous sommes la région du cyclotourisme, avec 5 200 kilomètres d’itinéraires aménagés. Cette passerelle est un lien direct avec la Loire à Vélo, empruntée par près de deux millions de cyclotouristes par an », a rappelé François Bonneau. Du côté de l’État, le préfet Xavier Pelletier a précisé que l’investissement était porté par le contrat de plan État-Région, et par des crédits spécifiques à la valorisation touristique. « On a la chance d’avoir un département désirable, beau à travers son patrimoine naturel, historique et bâti. »
Une genèse politique et technique de longue haleine
Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, est revenu sur l’histoire du projet : « En 2008, il y avait dans les cartons des services un projet de passerelle à 3 ou 4 millions. Mais le vrai tournant, c’est quand Nicolas Perruchot m’a proposé que le Département reprenne la maîtrise d’ouvrage. J’ai dit oui tout de suite. » L’histoire s’est ensuite construite par strates politiques successives. Le président de l’agglomération a rendu hommage à plusieurs figures : Bernard Valette, Jacqueline Gourault, Marc Gricourt, présent sur place comme les maires de La-Chaussée-Saint-Victor et Vineuil : Stéphane Baudu et François Fromet. Christophe Degruelle a salué « un très beau projet qui répond à deux priorités de l’agglomération : les mobilités douces et le développement touristique ».

Un chantier de deux ans
Les travaux s’échelonneront de juin 2025 à début 2027. La première étape consiste à construire une estacade, pont provisoire sur pilotis, pour accéder aux anciennes piles du barrage. « On enfonce dans la Loire des tubes métalliques, puis on pose un platelage », a expliqué le représentant de Bouygues Travaux Publics. « Une fois en place, on peut accéder à chaque pile pour créer un bâtardeau autour et baisser le niveau d’eau afin de réparer et renforcer les appuis existants. » Une fois les piles consolidées, les éléments de la charpente métallique, fabriqués en usine, seront acheminés par convois exceptionnels, puis assemblés et lancés par segments.

Un chantier à haute vigilance environnementale
L’ensemble du processus se déroule sous contrainte écologique stricte. Une zone de biotope protégée autour d’une île fréquentée par les sternes impose des mesures de précaution. Le Département a mandaté le bureau d’études Soler IDE et collaboré avec Loir-et-Cher Nature et les services de la DDT. « On a mis en place des protocoles pour éviter de perturber la reproduction des sternes », a indiqué un représentant du maître d’œuvre. « On n’est pas spécialistes, mais on s’est entourés des bons acteurs pour limiter les impacts. »
Une œuvre utile, durable, pensée pour l’avenir
Au-delà de l’enjeu touristique et symbolique, la passerelle doit s’inscrire dans le quotidien. « Ce n’est pas un investissement ponctuel. C’est un investissement pour plusieurs décennies », a insisté Philippe Gouet. Il a aussi rappelé les arbitrages budgétaires : « On est passés du bois, acier, béton à acier et béton. La largeur a été maintenue à 4 mètres. Cela a permis de faire des économies, sans dénaturer le projet. »

Le préfet Xavier Pelletier a, quant à lui, relié le projet à des dimensions plus larges : « On travaille sur la durabilité, sur la santé, sur la résilience. Un ouvrage comme celui-là contribue à des parcours domicile-travail plus respectueux de l’environnement, à l’activité physique, et donc à la santé publique. »
Une perspective d’inauguration en 2027
L’objectif affiché est de tenir un chantier sur deux ans, pour une inauguration au printemps 2027. « Ce serait très bien qu’on puisse l’inaugurer avant la fin de notre mandat », a glissé Philippe Gouet dans un sourire — « Non, je plaisante. Enfin, je ne plaisante pas ! », a-t-il immédiatement corrigé, sous les rires de l’assemblée. Tous les discours convergent vers une même idée : cette passerelle est le produit d’une coopération réussie. François Bonneau l’a exprimé ainsi : « Ce mille-feuille territorial qu’on a si souvent dénoncé… a ici un goût exquis. S’il n’y avait pas eu l’État, la Région, le Département et l’Agglomération, ce projet n’aurait pas vu le jour. » Xavier Pelletier a conclu avec emphase : « Vive le Centre-Val de Loire, vive le Loir-et-Cher, vive la République, vive la France. »
pourquoi en faire un équipement si laid quand les ouvrages d’arts peuvent etre un reflet de la diversité d’un région t d ses savoir faire…….