Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !
AgendaRéfléchirStyle de vieVie locale

Cet « effet étagère » qui impacte les célibataires

Alignement des profils, swipe infini, bios standardisées : les plateformes de rencontre produisent un phénomène discret mais profond, l’« effet étagère ». Une logique de mise en série qui transforme la rencontre en comparaison et interroge notre rapport contemporain à l’amour.


À l’origine, l’effet étagère désigne un phénomène bien connu en commerce : un bien exposé en série, aligné parmi d’autres, tend à perdre de sa valeur perçue. Non parce qu’il serait de moindre qualité, mais parce que sa mise en commun le rend interchangeable. L’objet devient un élément de stock plutôt qu’une pièce singulière.

Depuis une dizaine d’années, ce mécanisme dépasse largement le champ marchand. Il s’invite dans un domaine autrement plus sensible : celui des relations humaines, et en particulier des rencontres célibataires en ligne.

La rencontre mise en rayon

Les plateformes de rencontre reposent sur une logique simple : montrer beaucoup, rapidement, dans un espace standardisé. Le geste central — le swipe — est un geste de tri. Dans ce contexte, l’individu n’est pas tant rencontré que consulté. Il apparaît brièvement, entouré d’autres profils similaires, avant d’être remplacé par le suivant. Cette mise en série produit un effet comparable à celui observé en boutique : la singularité s’efface au profit de la comparaison.

Le résultat est paradoxal : alors même que les plateformes promettent une infinité de possibilités, chaque profil voit sa valeur relationnelle se diluer dans l’abondance.

Plusieurs mécanismes sont observables. D’abord, la comparabilité permanente. Là où la rencontre physique engage un moment précis, irréversible, la rencontre en ligne est toujours réversible. Un profil peut être ignoré, retrouvé, remplacé. Cette réversibilité affaiblit l’investissement émotionnel.

Ensuite, la standardisation des récits. Les biographies tendent à se ressembler, non par manque de personnalité, mais parce que le dispositif favorise des descriptions consensuelles, immédiatement lisibles. La personne devient une somme de traits génériques.

Enfin, la disponibilité totale. Un profil est accessible à toute heure, sans effort, sans déplacement. Or, dans l’imaginaire collectif, ce qui est immédiatement accessible est souvent perçu comme moins précieux.

Une économie de l’attention affective

Les plateformes de rencontre s’inscrivent dans une économie de l’attention. Leur objectif n’est pas seulement de provoquer des rencontres, mais de maintenir l’utilisateur actif. Le défilement constant des profils alimente un sentiment diffus : celui que « mieux » pourrait toujours apparaître juste après.

Ce mécanisme entretient une forme de désir suspendu, rarement comblé. L’utilisateur devient à la fois consommateur et marchandise, juge et jugé, pris dans un flux qui valorise la quantité d’options plutôt que la qualité des liens.

Des effets bien documentés

Plusieurs études en sciences sociales soulignent les conséquences de cette logique : fatigue émotionnelle, difficulté à s’engager, impression de remplaçabilité, baisse de l’estime de soi. L’effet étagère n’est donc pas qu’un concept abstrait ; il produit des effets très concrets sur les trajectoires affectives contemporaines.

Déclinaison philosophique : l’amour sans aura

Sur le plan philosophique, l’effet étagère appliqué aux rencontres pose une question centrale : qu’advient-il du sentiment amoureux lorsque l’unicité disparaît du cadre de la rencontre ? Le philosophe allemand Walter Benjamin parlait de la perte d’« aura » des œuvres à l’ère de leur reproduction technique. L’aura, chez lui, renvoie à l’unicité d’une présence, à son inscription dans un temps et un lieu précis. Transposée aux relations humaines, cette notion éclaire le malaise contemporain : la rencontre en ligne est rarement auratique (toute émanation subtile qui semble entourer un être), car elle est reproductible à l’infini.

La rencontre comme événement

Aimer peut supposer un acte de reconnaissance. Par exemple, reconnaître qu’une personne ne peut être substituée par une autre. Or la logique de la série rend cette reconnaissance difficile. Le désir se transforme en calcul, en comparaison.

Dans sa forme la plus forte, la rencontre est un événement : elle advient sans garantie, engage un risque, crée une rupture dans le cours ordinaire des choses.

Le succès persistant des rencontres « hors ligne » révèle cette envie d’une rencontre située, incarnée, non interchangeable. Une rencontre où l’autre n’est pas un profil parmi d’autres, mais une présence.

C’est pourquoi, après deux soirées de rencontres entre célibataires qui ont bien fonctionné dans notre boutique située au 16 rue Emile Laurens, nous essayons un dimanche après-midi ! En l’occurrence le 4 janvier 2026. Avec toujours des animations, et de la convivialité. De 15h à 18h, trois heures de partage complice pour bien débuter 2026 et potentiellement rencontrer l’amour. Les places sont limitées : il faut donc s’inscrire via bloiscapitale@gmail.com ou à la boutique. Participation demandée : 10€.

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR