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À Blois, la rose d’une ville : entre histoire, symbole et création horticole

À Blois, la rose traverse les siècles, les arts, et les usages, tantôt motif sculpté sur la pierre, tantôt variété florale inscrite dans un paysage vivant. Parmi les multiples évocations florales liées à la ville, deux noms cristallisent l’attention : la mystérieuse Rose de Blois, mentionnée dans les sources anciennes, et la Roseraie de Blois, rose contemporaine née de la collaboration entre les rosiéristes André Ève et Claude Lambert. Ces deux visages d’un même motif floral dessinent une histoire singulière, entre tradition et création.

L’existence d’une rose autrefois appelée ‘Rose de Blois est attestée dans certaines sources horticoles du XIXe siècle, sans que l’on puisse aujourd’hui en établir une documentation complète ou une description stabilisée. Il ne s’agit pas d’une variété répertoriée dans les grands catalogues horticoles nationaux, tels ceux des maisons Guillot ou Meilland, mais d’un nom probablement attribué localement, pour des raisons ornementales ou commerciales. Comme souvent au XIXe siècle, les rosiéristes aimaient baptiser leurs créations du nom de villes ou de régions, dans un geste à la fois patriotique et sentimental. La Rose de Blois, si elle a bel et bien existé, semble relever de cette tradition aujourd’hui évanouie. Elle s’inscrit dans cette nébuleuse de variétés oubliées, précieuses précisément parce qu’elles témoignent d’une époque, d’un goût, d’un attachement à un lieu.

Mais à Blois, la rose ne se limite pas à l’horticulture. Elle est aussi un motif symbolique, architectural, presque politique. On la retrouve dans les décors du château royal, dans les plafonds à caissons de la Renaissance, dans les vitraux des églises et jusque dans certains chapiteaux. La rose à cinq pétales, stylisée, évoque tout à la fois la beauté éphémère, l’amour courtois et l’élévation de l’âme, autant de thèmes chers aux souverains de la cour de Blois, notamment sous Louis XII et François Ier. L’influence italienne, perceptible dans l’art de la Renaissance blésoise, renforce cette présence florale dans le répertoire décoratif. Héritée du gothique flamboyant, la rose devient ainsi un ornement codifié, presque emblème officieux, que l’on reconnaît sans qu’elle figure pour autant dans les armoiries officielles de la ville.

C’est dans cette double filiation – florale et symbolique – que s’inscrit la rose ‘Roseraie de Blois’, créée en 1992 à la demande de la municipalité. Pensée comme une rose signature pour accompagner l’inauguration de la roseraie du Jardin de l’Évêché, elle est l’œuvre conjointe d’André Ève, pionnier du renouveau des roses anciennes, et de Claude Lambert, rosiériste au savoir-faire reconnu. Leur création se distingue par une floraison généreuse, un coloris rose vif et un parfum délicatement thé, alliant le charme des variétés anciennes à la vigueur d’un rosier moderne destiné à l’espace public.

Le choix de l’inscrire dans le Jardin de l’Évêché, surplombant la Loire et classé « Jardin remarquable », ancre la rose dans un dispositif territorial précis. Elle devient partie intégrante du paysage, mémoire vivante du lien entre ville, végétal et identité. Son nom ne renvoie pas seulement à la roseraie qui l’accueille, mais aussi à la ville elle-même, dans un jeu d’échos qui fait de cette fleur une émanation du lieu. Aujourd’hui encore, cette rose connaît une diffusion locale, notamment lors du marché aux fleurs de mai, où elle est proposée à la vente grâce au travail de greffe de rosiéristes.

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