À Sambin, une commémoration du 8 mai d’une ampleur inédite

Le 8 mai 2025, Sambin, commune entre le plateau de Pontlevoy et la Sologne viticole, a connu une effervescence rare. Plus de mille personnes – et même peut-être 1200 – ont participé à une journée de commémoration d’une ampleur exceptionnelle, orchestrée par le Collège privé Le Prieuré, en partenariat avec des institutions civiles, militaires, scolaires et associatives. Un projet de devoir de mémoire, de transmission à la jeunesse, mûri sur quasiment un an, pensé avec exigence, et mené avec une ambition peu commune. À la coordination : Céline Busson, professeure d’EPS, également responsable des projets d’établissement.
C’est en juin 2024 que les premières réflexions ont émergé. « On est persuadés que les enfants apprennent aussi autrement, pas seulement derrière un bureau, mais en vivant des expériences », explique-t-elle. Le collège a déjà une classe défense, en partenariat avec la base aérienne de Romorantin-Pruniers. L’idée a donc été de prolonger cette sensibilisation par une commémoration intergénérationnelle, active, visible. « De moins en moins de familles participent à ces cérémonies. Il fallait faire quelque chose qui sorte des sentiers battus, pour que les enfants aient envie de dire à leurs parents : “Venez, il y aura tel et tel événement.” »

Le projet a impliqué les trois sites de l’établissement : à Sambin, les classes de 6e et 5e ; à Pontlevoy, les 4e et 3e ; au sein de l’abbaye, les lycéens. Tous ont travaillé en lien avec le devoir de mémoire. Les plus jeunes ont notamment profité de tours en véhicules militaires anciens, grâce à une association venue d’Indre-et-Loire. Les 4e et 3e, dans un format différent, ont également participé à des ateliers. Les lycéens ont, quant à eux, vécu une journée complète de commémoration avec la présence de haut-gradés venus témoigner, la reconstitution d’épreuves du certificat d’études, un parcours du combattant, et la cérémonie officielle au monument aux morts de Pontlevoy, avec 250 élèves.
Un tissu local engagé
Le projet a fédéré au-delà : L’école publique de Sambin (maternelle), celle de Pontlevoy (primaire), l’école privée Saint-Joseph. Une chorale commune a réuni les établissements pour chanter la Marseillaise. L’association des anciens de l’UNRPA a décoré le village le matin même, avec des œuvres réalisées par les enfants. « Ce sont des personnes âgées qui sont venues installer les décorations réalisées par les élèves. Il y a eu une vraie collaboration de tous », explique Céline Busson.
Du côté militaire, la mobilisation a été massive. Une délégation de 23 membres du sous-marin Le Terrible était présente, dont son commandant, grâce à un partenariat avec le conseil départemental. La PMM (préparation militaire marine) de Vendôme a effectué une remise d’insignes à l’abbaye de Pontlevoy. Les cadets de la gendarmerie, venus avec le colonel Bastian, ont passé la journée avec les élèves. La base aérienne de Pruniers a assuré le piquet d’honneur armé. « J’ai aussi fait le déplacement à Brest pour rencontrer le commandant du Terrible. Ça nous a permis de bien préparer l’événement. Et puis, en tant qu’éducatrice, je sais que beaucoup de jeunes peuvent trouver leur voie dans ces carrières : il y a des débouchés dans la cuisine, la photo, la logistique… »
Un passage aérien et un gymnase transformé en musée
À 15h30, trois avions militaires ont survolé la cérémonie. Autre moment marquant : l’exposition installée dans le gymnase sur la ligne de démarcation. Ouverte au public, elle a rencontré un vrai succès, si bien qu’elle est restée jusqu’au dimanche soir. Les élèves, de leur côté, ont suivi une dizaine d’ateliers animés par leurs enseignants. En arts plastiques, une fresque a été créée. En mathématiques, des lettres en relief ont été conçues pour compléter cette fresque. Un atelier de confection de mini-parachutes a été organisé. Des élèves ont aussi pu lire à la bibliothèque ou monter des maquettes de jeeps de Sainte-Mère-Église, avec des briques de la marque Cobi.

Le projet a nécessité une organisation millimétrée. L’association des parents d’élèves a apporté un soutien de 2 000 €, sur un budget total de 5 000 €. Le repas du midi, composé de rations militaires, a coûté à lui seul 2 500 €. Des parents étaient mobilisés pour gérer les parkings et l’accueil des délégations. Les militaires du Terrible, arrivés la veille, ont été reçus à l’abbaye par des élèves guides. Ils ont été accueillis avec un vin d’honneur, des fraises offertes par les familles.
Des retours chaleureux
Les retours ont été nombreux, nous confie Céline Busson. « Des parents, des enfants nous écrivent, mettent des petits mots dans la boîte aux lettres. Certains disent : “C’était grandiose, merci”, d’autres : “Quand est-ce que vous recommencez ?” On sait que ce n’est pas faisable tous les ans, mais l’impact est là. »

Céline Busson assume pleinement la dimension ambitieuse du projet. « Je suis payée pour développer ce type de projets, et ma marque de fabrique, c’est de toujours essayer de mettre la barre haute. Dès qu’on a vu que ça prenait, on a continué à élever le niveau. Le fait d’avoir pu dire “on a le commandant du Terrible”, “on a les rations”, “on a la base de Pruniers” a généré une vraie dynamique. Et une fois que ça devenait crédible, d’autres nous ont rejoints. » Pour un résultat d’envergure.
Le Loir-et-Cher a célébré le 80e anniversaire du 8 mai 1945 aux côtés de l’équipage du Terrible
À l’occasion des 80 ans de la victoire du 8 mai 1945, le conseil départemental de Loir-et-Cher a donc organisé une journée de commémoration marquée par la présence de 23 membres de l’équipage rouge du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Terrible. Ce détachement a participé aux cérémonies officielles à Blois le matin, puis à Sambin l’après-midi, aux côtés d’élus, de jeunes de la Préparation militaire marine (PMM) et de nombreux collégiens.

Depuis 2018, le département parraine ce bâtiment stratégique de la Marine nationale, dans le cadre d’un partenariat visant à renforcer le lien armée-nation. Ce lien se traduit notamment par des séjours pédagogiques, la création d’une classe « défense marine » à Lamotte-Beuvron à la rentrée 2025, et la montée en puissance de la PMM de Vendôme, dont la deuxième promotion a vu 19 stagiaires recevoir leurs insignes et diplômes à l’abbaye de Pontlevoy.
À Sambin, les sous-mariniers ont donc échangé avec les élèves du collège Le Prieuré autour d’une exposition consacrée à la Seconde Guerre mondiale. Pour Philippe Mercier, vice-président du département, « ce partenariat dynamique avec la Marine nationale est le symbole d’un engagement fort envers les forces armées ». Philippe Gouet, président du conseil départemental, a souligné quant à lui l’importance de transmettre aux jeunes « le devoir de mémoire et l’esprit de défense ».