Point Zéro ouvre ses portes pour faire place à l’art sans frontières

En ce mois d’avril, c’est ouvert un lieu singulier à Vineuil. Un atelier, certes, mais aussi une promesse. Celle de recommencer, de reprendre depuis le commencement, à partir de rien. Ce lieu, c’est Point Zéro. Un espace pensé pour faire émerger des pratiques artistiques dans toute leur diversité, à l’écart des formats figés et des cursus imposés. Ici, on ne prétend pas dispenser une méthode : on laisse se croiser les gestes, les envies et les parcours.
À l’origine du projet associatif, deux artistes : Valentin Marques et Miguel Lebron avec pour point commun la peinture et l’exploration sensible de la matière. Tous deux nourris par un même désir de transmission, de décloisonnement, et une envie de faire exister un lieu qui ne se contente pas d’exposer, mais qui accueille, fabrique, partage, propose.
Pourquoi Point Zéro ? L’idée, explique Valentin Marques, est née d’une simple conversation sur un nom d’atelier. Miguel avait pensé à Labo M, clin d’œil à leurs initiales. De son côté, Valentin se réveille un matin avec l’expression Point Zéro en tête. Le nom s’impose. Il condense l’intuition première du projet : un endroit où recommencer, où se croiser, où confronter les pratiques sans hiérarchie ni programme préétabli. Les deux associés conçoivent ensemble l’identité visuelle du lieu, puis le contenu se structure autour de cette ambition : ouvrir un espace artistique transdisciplinaire dans lequel professionnels aguerris, curieux et amateurs peuvent évoluer côte à côte.

Le local, situé au 263 rue Laënnec, abrite aujourd’hui des ateliers à la configuration souple. Dix-sept intervenants sont actuellement engagés dans le projet, chacun étant libre de fixer ses tarifs, son rythme d’intervention, et le nombre de participants à ses ateliers. Leurs profils, très variés, reflètent la pluralité des pratiques accueillies à Point Zéro.
Ainsi, Corine Voyant intervient dans les domaines des arts plastiques, des arts visuels, de l’artisanat d’art, ainsi que dans des approches liées au bien-être et à l’éveil artistique. Lia Silva, tatoueuse et illustratrice, est diplômée en design. Son parcours inclut une formation pluridisciplinaire en illustration et narration visuelle. Elle oriente aujourd’hui sa pratique vers le tatouage, en cherchant à « encrer le plaisir ». Sandy Champion, championne de France et sixième mondiale en graphisme aux WorldSkills Competition 2017, forme désormais les futurs compétiteurs de ces concours. Elle intervient dans les champs de l’identité visuelle et de l’édition, et a été nommée en 2023 Experte Européenne pour représenter le graphisme français à l’international.

Quentin Tavenier, photographe professionnel depuis 2011, centre son travail sur la photographie sociale. Il s’attache à documenter des luttes écologiques, sociales et humanistes, et propose également un accompagnement visuel aux artisans et entreprises engagées dans la production locale. Rémi Hanot, issu d’une formation en céramique, développe une pratique artisanale autour de la peinture à l’huile et des matériaux naturels, dans une approche volontairement lente et sensible. Odile Jacenko propose des ateliers centrés sur l’aquarelle et la peinture. Elle fait partie des artistes qui interviennent régulièrement dans la région et partage une expérience artistique personnelle dans ses ateliers.
Alicia Leon, arrivée à Blois en 2022, est diplômée en design graphique et illustration. Elle a conçu Acacia Studio, un projet d’illustration dont les axes de recherche portent sur les corps, le genre, l’image, la narration et les émotions. Samuel Tasinaje, comédien et metteur en scène, intervient dans le domaine du théâtre d’improvisation. Il conçoit des formes ouvertes et participatives à destination de différents publics. Bruno Bianchi, musicien et compositeur, travaille à la création sonore sous différentes formes : musique électroacoustique, performance, installation. Il est actif dans des projets de transmission musicale et de recherche sur les dispositifs sonores.
Ce qui se joue ici n’est pas tant une offre de cours qu’un espace d’échanges. Si Point Zéro accueille des pratiques multiples — qu’elles soient scéniques, visuelles, artisanales, numériques ou sonores — l’enjeu est ailleurs. Il s’agit de provoquer des rencontres. Valentin Marques insiste sur cet aspect : le projet n’est pas conçu pour que chaque intervenant reste isolé, mais pour que leurs propositions se croisent, que les artistes aillent voir ce qui se fait dans l’atelier voisin, que les amateurs circulent entre les disciplines. Une opportunité. Un peintre professionnel peut ainsi expérimenter une technique qu’il ne maîtrise pas, apprendre auprès d’un pair dont la pratique diffère. L’amateur, lui, découvre qu’il existe plusieurs manières d’aborder un même geste. Et pour les plus jeunes, parfois encore indécis quant à leur orientation, Point Zéro peut constituer un lieu d’éveil, une étape pour sentir, toucher, explorer, sans se soucier d’un résultat.
On le comprend, Point Zéro se conçoit comme une plateforme vivante. Les fondateurs envisagent dès à présent des extensions de formats. Des conférences, des tables rondes, des événements publics. Rien n’est figé. Ce n’est pas une école, ni un conservatoire, ni une galerie : c’est un atelier d’un autre type, un endroit où les choses se tentent, se fabriquent, s’échangent, avec l’idée persistante qu’à partir de presque rien, on peut créer beaucoup.

Point Zéro n’est pas une promesse d’avenir, mais une incitation à créer dans le présent. À commencer, non pas là où tout est déjà tracé, mais là où tout reste à faire.
Le lieu est ouvert du lundi au samedi, de 8 h à 20 h. Il ne propose pas de programme imposé, mais une série d’invitations, de présences, de possibles. Pour toute information, on peut écrire à l’adresse point.zero.secretariat@gmail.com ou appeler le 02 54 20 25 94.