Pas d’Enfant à la Rue 41 maintient la pression

Devant le Conseil départemental de Loir-et-Cher, ce lundi 7 avril à 14h30, une centaine de personnes se sont rapidement rassemblées à l’appel de l’association Pas d’Enfant à la Rue 41. Objectif : demander une audience en urgence auprès du président du Conseil départemental, Philippe Gouet, face à une série de situations dramatiques d’enfants sans solution d’hébergement institutionnel. Aucune réponse n’a été donnée à cette heure. L’association attend désormais des signaux positifs et formule des demandes concrètes : la prolongation immédiate de l’hébergement d’une famille de six enfants, menacée d’expulsion dès ce jour, et la mise à l’abri pérenne des mères ayant accouché ou sur le point d’accoucher.

Lors de ce rassemblement, Julien Colin a pris la parole au nom de l’association qui a été informée qu’une famille avec un nouveau-né se retrouverait à la rue dès mercredi. La mère a besoin de soins quotidiens, mais le 115, dispositif départemental d’hébergement d’urgence, a répondu qu’il n’avait plus de crédit pour leur prise en charge.
La situation s’inscrit dans un tableau plus large. Pas d’Enfant à la Rue 41 héberge actuellement 70 personnes, dont 45 dans des logements mis à disposition par les villes de Blois, Vineuil, Saint-Gervais-la-Forêt et le CIAS du Blaisois, et 25 autres dans une salle communale ouverte par la Ville de Blois depuis le 11 février. Ce dispositif, entièrement non financé par les pouvoirs publics, repose sur le seul réseau bénévole local.
Mais le nombre de cas urgents ne cesse de croître. Julien Colin évoque notamment une famille avec six enfants expulsée de son logement ce jour-même. L’aîné est scolarisé au collège Bégon, où existe un logement de fonction vacant appartenant au Conseil départemental. La semaine dernière, le conseil d’administration de l’établissement a voté à l’unanimité moins une voix une demande d’occupation de ce logement pour héberger la famille. Une semaine plus tard, aucune réponse n’a été donnée.
Une autre mère avec quatre enfants se retrouve en fin de prise en charge, alors que ses enfants sont également scolarisés à Blois. Une famille de trois enfants est actuellement à la rue, sur le territoire de Vendôme. « Un territoire où, paraît-il, il n’y a pas de sans-abrisme… », commente Julien Colin, soulignant l’écart entre discours officiels et réalité de terrain.
Plusieurs mères en situation de périnatalité sont concernées. Une femme ayant accouché la semaine précédente, hébergée depuis deux mois dans une salle communale, y retournera dans quelques jours avec son nourrisson. Une autre femme, partie ce matin même à la maternité, reviendra sans doute dans ce même lieu de fortune, « avec un bébé dans les bras ».
L’inconditionnalité de l’hébergement d’urgence, pourtant prévue par le Code de l’action sociale et des familles et la Convention internationale des droits de l’enfant, reste, selon l’association, purement théorique à Blois. Julien Colin interroge : « À quel moment la préfecture et le Conseil départemental vont-ils comprendre que leur mission est d’héberger tous les enfants de manière inconditionnelle ? »
Il pointe également l’inaction du préfet, qui dispose pourtant de l’article 29 de la loi ELAN, permettant la réquisition légale de logements vacants. Des logements de fonction vacants dans des collèges ou lycées publics ont été identifiés. Certains sont immédiatement mobilisables, d’autres nécessitent des travaux. « Attendent-ils un drame humain ? », s’interroge-t-il avant de fustiger le recours aux « compétences subsidiaires » invoquées par les autorités, ou encore les « critères particulièrement restrictifs de la loi Molle » évoqués par le Conseil départemental.
Les coûts sont aussi mis en cause : « Oui, les nuits à l’hôtel, ça coûte cher, messieurs le préfet et le président du Conseil départemental. Mais réquisitionner et mettre à disposition des logements, ça ne coûte rien. » L’association réitère son souhait d’un dialogue constructif avec les institutions, afin de proposer, échanger et bâtir des solutions. Mais elle prévient : « Nous pouvons aussi changer de ton s’il n’y a aucune réponse ou si ce n’est que mépris et condescendance face à nous. » Son mot de la fin, simple et sans appel : « Nous ne souhaitons qu’une chose : pas d’enfant à la rue. »