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Aquamation, humusation, promession : des pratiques funéraires alternatives

Une étude du CRÉDOC, commandée par la Chambre Syndicale Nationale de l’Art Funéraire (CSNAF), révèle les profondes évolutions des pratiques funéraires en France, marquées par une quête d’intimité, un intérêt croissant pour l’impact environnemental et l’émergence de nouvelles alternatives, alors que se profilent d’autres méthodes comme l’aquamation, l’humusation ou la promession.

Des cérémonies de plus en plus personnalisées

L’intimité prime de plus en plus lors des obsèques. En 2024, 30 % des Français âgés de 40 ans et plus préfèrent une cérémonie sans rituel religieux, contre 23 % en 2009. La personnalisation est au cœur de ces cérémonies : 29 % souhaitent de la musique spécifique, et 22 % des hommages par lecture de textes, des chiffres qui ont doublé en quinze ans.

La fréquence de visite des cimetières est en nette baisse. En 2024, seulement 34 % des plus de 40 ans se rendent systématiquement au cimetière pour la Toussaint, contre 46 % en 2009. Pour les proches incinérés, 34 % des familles privilégient un lieu symbolique pour se souvenir du défunt, et 13 % aménagent même un espace mémoire à domicile. En revanche, pour les inhumations, la tombe reste le principal lieu de recueillement, avec 41 % des proches qui la visitent régulièrement​.

Des alternatives funéraires encore méconnues

L’aquamation, l’humusation et la promession sont des méthodes alternatives à l’inhumation ou la crémation. Selon l’étude, 83 % des répondants ne connaissent aucune de ces méthodes. Et pour cause, puisqu’elles sont encore interdites en France.

Aquamation

L’aquamation, aussi appelée hydrolyse alcaline ou « crémation par l’eau », est un procédé qui utilise de l’eau et des produits chimiques pour décomposer le corps. Le corps est immergé dans une solution alcaline chauffée (environ 160 °C), et la combinaison de la chaleur, de l’eau et des produits chimiques (comme l’hydroxyde de potassium) accélère le processus de décomposition naturelle. En quelques heures, le corps est réduit en éléments liquides, tandis que les os sont broyés pour former une poudre blanche similaire aux cendres d’une crémation.

Ses avantages : l’aquamation nécessite moins d’énergie qu’une crémation et n’émet pas de dioxyde de carbone ni de polluants atmosphériques. En outre, le liquide résultant peut être neutralisé et réutilisé dans des engrais, ce qui limite l’impact environnemental.

En 2024, l’aquamation est autorisée dans plusieurs pays et états, principalement pour son faible impact environnemental. Aux États-Unis, cette méthode est permise dans environ 24 États, dont la Californie, la Floride et l’Oregon, avec des législations en cours pour l’autoriser dans d’autres États. Au Canada, l’aquamation est accessible en Saskatchewan, au Québec et en Ontario. En Europe, l’Irlande a légalisé l’aquamation en 2023, devenant ainsi le premier pays européen à offrir cette option. Le Royaume-Uni prévoit également d’autoriser cette pratique, notamment en Écosse. En Amérique latine, le Mexique, et spécifiquement l’État de Basse-Californie, autorise l’aquamation depuis 2019. Enfin, en Afrique, l’Afrique du Sud offre cette option depuis 2019, une méthode choisie par l’archevêque Desmond Tutu pour ses funérailles en 2021.

Humusation

L’humusation, ou compostage humain, est une méthode qui transforme le corps en humus ou compost. Le corps est placé dans un conteneur spécifique avec des matières organiques comme de la paille et des copeaux de bois. Grâce à la chaleur naturelle et à l’intervention de micro-organismes, le corps se décompose en quelques semaines et se transforme en compost. Ce procédé permet ainsi de rendre la matière organique au sol.

Avantages de la méthode : l’humusation est entièrement naturelle et ne produit pas de pollution, elle régénère les sols grâce au compost obtenu. Idéal pour les personnes soucieuses de leur empreinte écologique et désireuses de « retourner à la terre ».

En 2024, l’humusation est autorisée dans plusieurs États américains, dont Washington, Colorado, Oregon, Vermont, Californie et New York. En Europe, l’humusation reste pour l’instant interdite, bien que des initiatives visent à obtenir des autorisations, notamment en Belgique. En France, des propositions législatives et des campagnes de sensibilisation sont en cours, mais les ajustements réglementaires et légaux avancent très lentement.

Promession

La promession est une technique développée en Suède, où le corps est plongé dans de l’azote liquide à une température de -196 °C, ce qui le rend extrêmement fragile. Ensuite, il est soumis à des vibrations pour se réduire en particules fines. Ce processus, qui dure plusieurs heures, permet ensuite de séparer les métaux (comme les implants médicaux) et de les recycler, tandis que les restes sont placés dans un conteneur biodégradable.

Les avantages : la promession est écologique puisqu’elle n’implique ni combustion ni produits chimiques. L’azote est un élément naturel présent dans l’air que nous respirons (composé de 78 % d’azote) et n’est pas considéré comme toxique ou polluant. En outre, les matériaux inorganiques sont récupérés pour un usage ultérieur, limitant la pollution.

La promession est pratiquée dans des promatoriums, des centres spécialisés installés dans quelques pays pionniers. Actuellement, l’Afrique du Sud, la Corée du Sud et le Royaume-Uni disposent de tels centres où la promession est autorisée. D’autres pays, notamment les États-Unis et le Canada, surveillent cette méthode innovante avec intérêt.

Impact environnemental : une préoccupation encore minoritaire

Si 59 % des Français considèrent l’écologie importante dans le choix des obsèques, seuls 15 % en feraient un critère déterminant. La dimension écologique des funérailles semble ainsi être perçue davantage comme un critère secondaire. L’étude montre que ce sont surtout les femmes, les cadres et les personnes âgées de 40 à 59 ans qui y sont sensibles.

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