Avec Balâd et OccSOr, fusion musicale et renversement culturel à Blois

Le groupe Bâlad, tout neuf, présentera à la Maison de Bégon, samedi 18 novembre 2023 (20h30), « Sahar », un premier spectacle, en partenariat avec Amnesty International, qui promet une odyssée transculturelle à travers la musique. Cela après une conférence de Farhad Kazemi, conservateur du patrimoine au musée du Louvre, sur « la mélodie du jardin d’orient ». Une soirée exceptionnelle en perspective.
Un projet musical
À l’origine de cette alchimie du nom de Balâd, on trouve Mirtohid Radfar, virtuose iranien de l’Oud et du tanbur, dont les mélodies ont résonné jusqu’à trouver écho en France, sa nouvelle terre d’adoption. Mais aussi le programmateur Hassan Mirghani qui a impulsé la ligne artistique. Et un casting cinq étoiles : Georges-Camil Abdallah (chant, Liban), Adhil Mirghani (percussions, Maroc), Pelin Başar (Ney, Turquie) et Nadjib Gamoura (Gumbass, Algérie). Ces cinq musiciens esquissent avec « Sahar » une toile où chaque coup de pinceau est une note, chaque couleur un son, chaque ombre un silence. Et pour faire grandir Balâd, le groupe peut compter sur Florence Péaron.
Retour sur ce projet né au printemps dernier… « Je suis impliqué dans la programmation de spectacles, environ une douzaine par an. Il y a aussi des groupes musicaux qui répètent et tentent de créer un répertoire original. Je m’intéresse particulièrement à certains de ces groupes », nous explique Hassan Mirghani à la Maison de Bégon. « Un des talents, Mirtohid, originaire d’Iran, voulait explorer la musique traditionnelle. Mon but était d’aller au-delà et de créer quelque chose de nouveau en fusionnant la musique orientale, notamment perse, avec d’autres influences. Nous travaillons donc à créer un projet musical qui intègre des éléments de la musique du Moyen-Orient. Par exemple, il y a Georges Camil Abdallah, un chef de chœur libanais qui apporte sa voix et son style contemporain et médiéval. D’autres musiciens, Nadjib et Adhil, venant d’Algérie et du Maroc, contribuent avec des sons et des répertoires du Maghreb. L’objectif est de fusionner la musique persane et ces différentes influences pour créer une nouvelle œuvre. »
« L’essence du projet est de faire collaborer ces artistes pour qu’ils partagent leurs visions et créent ensemble, poursuit Hassan. Chacun travaille sur sa partie, des morceaux de son pays, apportant sa propre influence culturelle et artistique, que ce soit par la voix, l’oud ou d’autres instruments. Puis il y a une fusion qui se crée. Georges Abdallah joue un rôle crucial en intégrant, en liant, et en exprimant les idées de groupe à travers la musique. »
Et une association culturelle
Un projet qui trouve même un prolongement dans une association nouvelle afin d’enraciner cette démarche originale. « L’association derrière ce projet, OccSOr, a été formée par Sahar Iravani, Dominique Binche, Mirtohid, qui est une figure clé, et moi-même. OccSOr vise à promouvoir le lien social à travers la diversité culturelle, en mettant l’accent sur les cultures orientales, mais sans exclure d’autres traditions moins connues, nous dit Florence Péaron. En plus de la musique, nous envisageons des événements comme des conférences et des festivals qui pourraient inclure des expositions. Un des événements à venir est donc cette conférence le 18 novembre sur la mélodie du jardin d’orient, avec une contribution de Farhad Kazemi, conservateur du patrimoine au Louvre, et qui est Blésois. Le projet musical, en particulier, cherche à valoriser les traditions orientales, permettant aux musiciens de renouer avec leur héritage culturel et de l’exprimer dans une forme moderne et mélangée. Ce n’est pas une imitation de la musique occidentale, mais plutôt une véritable exploration des racines orientales. »
« En définitive, nous espérons que l’influence orientale puisse façonner le travail des musiciens occidentaux participant au projet, inversant ainsi le flux habituel d’influence, ajoute Florence. La forme que prendront ces collaborations pourrait être variée, incluant des résidences artistiques, des performances, et bien plus. »
Mirtohid Radfar : « Créer quelque chose d’unique avec nos histoires respectives »
« J’avais cette idée de profiter des talents locaux. Vous savez, Georges, Adhil, Pelin, Nadjib ont un certain niveau, un esprit qu’ils ont forgé en travaillant pendant des années. Chaque musicien a derrière lui un répertoire, une expérience », observe Mirtohid Radfar. « C’était donc l’idée de base : créer quelque chose d’unique avec nos histoires respectives. Notre noyau va rester oriental. Mais l’idée est de s’ouvrir aussi à d’autres musiciens d’Occident, peut-être des violonistes, par exemple. »
A quoi doit-on s’attendre le samedi 18 novembre avec Balâd sur la scène de la Maison de Bégon ? « En termes de chansons, parfois, on se mélange. Il y a des chansons qui viennent de Turquie, d’Iran, et on termine sur le Maroc ou le Liban. Mais à la fin, quand on écoute, ça semble être une seule et même chanson. Par exemple, une chanson d’origine turque commence avec une sonorité turque, puis on change de direction vers des répertoires du Liban. La voix est très importante parce que le chanteur dirige un peu la direction de la musique. On trouve des points communs dans toutes ces cultures, des mélodies qu’on pourrait croire iraniennes mais qui viennent de Turquie. La musique c’est un peu comme un langage universel. Cela nous permet de nous comprendre entre nous, même si on ne parle pas la même langue. On a créé des liens forts et j’espère qu’on pourra continuer sur cette lancée. »
Et pourquoi pas un projet totalement perse ? Le musicien iranien estime que ce n’est pas le moment. « Grâce à la Maison de Bégon, on a réussi à commencer ce projet. Et il pourrait évoluer vers quelque chose de totalement perse. Florence m’avait proposé cela, mais je trouve que c’est un peu tôt. Chaque musicien doit encore travailler sur l’aspect de la musique perse, juge Mirtohid Radfar. Mais pourquoi pas dans le futur… »