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Bérénice Tarcher : « L’histoire ne se transmettra jamais aussi bien qu’à l’oral, d’humain à humain »

Bérénice Tarcher est une guide-conférencière passionnée et expérimentée, spécialisée dans la ville de Blois, et plus généralement la région Centre-Val de Loire. Grâce à son expertise et son amour pour l’histoire et la culture locales, la blésoise Bérénice Tarcher offre à ses clients une expérience immersive et enrichissante à travers ses visites guidées. Nous l’avons suivie un dimanche de mai lors d’une visite dans les rues de Blois, avec un groupe de neuf touristes découvrant la ville. Une visite parmi tant d’autres, car les journées peuvent ressembler à des marathons pour une guide-conférencière. Entretien.

Quel est l’utilité de prendre un guide ou suivre une visite de nos jours ?

Bérénice Tarcher : Cette pratique, souvent plébiscitée par les anciennes générations, est très boudée les nouvelles. Pourtant j’assiste régulièrement à de petites révélations… N’oublions jamais que l’histoire doit rester une discipline vivante, pour moi elle ne se transmettra jamais aussi bien qu’à l’oral, d’humain à humain. Nous racontons la vie de personnes qui ont existé à un temps donné, c’est une affaire de relations humaines. Donc avec un peu de chaleur, un sourire, un rire et beaucoup de pédagogie prendre une visite guidée c’est faire vivre un moment d’histoire et c’est transmettre un message positif aux générations futures ! Le petit plus, on répond aux questions !

Le métier de guide-conférencière est une vocation. Comment s’est-elle imposée ?

Bérénice Tarcher : A la fin de ma Licence d’Histoire de l’art, je ne me voyais pas continuer en master de recherche. Etant très bonne à l’oral et ayant surtout la passion de transmettre je me suis donc orientée vers une licence professionnelle pour faire ce métier et devenir un des maillons de notre patrimoine.

Vous soulignez un manque de reconnaissance du métier, une potentielle précarité et la nécessité d’un cadre protecteur. Que doit savoir le grand public ?

Bérénice Tarcher : Guide-conférencier est un métier et pas un job d’été. Nous avons pour la plupart fait de longues études et de vastes recherches avant de guider nos visiteurs. C’est un métier qui est voué à disparaitre car nous sommes peu à exercer avec la carte et le manque d’aides, la saisonnalité, les multiples statuts nous précarisent énormément. Ainsi, beaucoup se réorientent et quittent la profession.

Il y a peu, vous avez préféré travailler en béquille – voire en fauteuil – plutôt que l’arrêt de travail. Que concluez-vous de cette expérience ?

Ce fut une expérience compliquée à vivre je l’avoue. Mais comme avec chaque difficulté de la vie j’en tire des leçons essentielles. J’ai dû faire des choix difficiles comme continuer à travailler même diminuée, refuser des demandes (malgré la basse saison) afin de me ménager. J’ai surtout appris à me faire aider ! Ce fut une leçon d’humilité incroyable. Je ne guide plus mes visiteurs de la même manière depuis. Pour autant je déplore le manque d’aide de la part de l’Etat qui ne prend pas en compte les difficultés réelles des indépendants surtout en début de carrière comme moi.

Devez-vous faire face à la concurrence de guides bénévoles qui organisent des balades gratuites ?

Cette concurrence est indirecte mais grandit dans le silence et avec l’aval de nos propres agences et prestataires parfois. En soi, je n’ai rien contre le tourisme local organisé très ponctuellement par des locaux, au contraire ! Mais les free-tours organisés volontairement et régulièrement par des locaux, des offices ou des communes c’est du travail déguisé. C’est un manque de respect et de considération pour notre profession, nos charges et nos études… Demandez au boulanger du coin s’il serait content que je me mette à vendre du pain à côté de chez lui sans ouvrir ma propre boulangerie !

Aspirez-vous à recevoir un maximum de questions lors d’une visite ? Quels éléments vous font comprendre qu’une de vos missions est réussie ou non ? C’est quoi un bon groupe ?

J’aime répondre aux questions de mes visiteurs car c’est souvent le signe de leur intérêt pour la visite ! Chaque groupe est très différent, certains sont plus discrets que d’autres. Pour moi, une bonne visite, c’est voir mes visiteurs repartir avec un bout de l’histoire de France. Cela peut-être une anecdote, des dates, des photos… je ne suis qu’un pont entre le passé et le présent. J’estime que transmettre quelque chose avec passion c’est une manière de le rendre immortel car tout le monde est sensible à l’intention que l’on met derrière un discours. Certains y verront plus d’intérêt que d’autres mais peu importe. On protège ce que l’on aime et on aime ce que l’on connait. Un bon groupe est sensible au discours et réagit activement à la visite. C’est souvent les groupes les plus détendu, ayant un rapport presque familial, avec qui j’ai les meilleurs échanges. Car je n’oublie pas que la plupart sont en vacances donc au placard les cours d’histoire !

Vous confiez votre passion pour l’histoire et l’art, de sensibilisation et de transmission. Quel sujet vous intéresse particulièrement en ce moment, et pourquoi ?

J’aime faire des liens entre l’actualité et le passé. Car en réalité l’histoire est cyclique tout fini par se répéter. Aussi, il faut parfois en tirer des leçons et ne pas oublier, comme un devoir de mémoire et c’est en cela que j’interviens. « Quand on sait d’où l’on vient, on sait qui on est et où l’on va. C’est en cela que le passé est une rampe de projection vers l’avenir », disait Otto Von Bismarck. Je reste sensible à la condition humaine et à son évolution. Je redonne donc souvent la parole aux femmes et aux classes sociales souvent oubliées de l’histoire. Je préfère ce dont on ne parle pas, c’est ce qui m’intéresse le plus.

Concernant Blois, quel est l’endroit ou l’histoire que vous préférez raconter ?

Pour Blois… j’aime particulièrement le château et son histoire. Il y a tellement à raconter ! Mais j’aime aussi parcourir les rues à la recherche des indices du temps passé !

>> https://www.berenicetarcher.com/

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