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Blois Danse 2025 : sixième édition d’un festival en mouvement

Du 2 au 11 juillet 2025, le Festival chorégraphique international de Blois revient pour une sixième édition très attendue, riche d’évolutions et de réflexions. Portée par la compagnie AZOTH Dance Theatre, cette manifestation qui n’a cessé, au fil des années, d’essaimer l’art chorégraphique dans la ville ligérienne s’ouvre à de nouveaux horizons tout en réaffirmant ses fondements.

Blois Dance 2025

Une programmation repensée, une ville investie

« Chaque année, on part un peu sur une page vierge, en ne sachant pas où on va », explique Jonathan Breton, directeur artistique du festival et chorégraphe de la compagnie AZOTH. Cette année, près de 800 vidéos ont été reçues. Le comité de programmation établit sa sélection selon plusieurs critères : des formats courts à moyens (entre 5 et 40 minutes, exceptionnellement 55), un langage chorégraphique accessible, des pièces sans nudité ni langage grossier. « Ce qu’on cherche, c’est l’émotion, le sensible. »

La sélection 2025 mêle ainsi des chorégraphes confirmés et de jeunes talents. Parmi les pièces programmées : Dinosaure, une conférence dansée sur la disparition des espèces, portée par une compagnie issue du hip-hop qui s’essaie à la danse contemporaine — l’inverse du positionnement d’AZOTH, plus ancré dans le contemporain intégrant des éléments urbains.

Jonathan Breton

Une première au Château, entre passé et présent

Le festival continue d’investir plusieurs lieux culturels de la ville : la Halle aux Grains, la Maison de Bégon, le cinéma Les Lobis. Cette année, une nouveauté majeure s’impose : un spectacle en plein air dans les jardins du Château royal de Blois. « Aux États-Unis, il est courant que les acteurs culturels collaborent. C’est ce qu’on voulait instaurer ici. Le Château est un point central de la ville. Après échanges avec son directeur, Bastien Lopez, très enthousiaste, l’idée a pu se concrétiser. » La pièce Re-Write, présentée le mercredi 2 juillet dans les jardins du Château, est une création originale d’AZOTH Dance Theatre. La pièce, pensée pour l’extérieur, devra néanmoins faire l’objet d’un rapatriement à la Halle aux Grains en cas de pluie.

Re-Write explore la relation entre passé et présent, à travers une composition pour quatre danseurs mêlant danse contemporaine, moderne et urbaine. « On a un danseur hip-hop dans l’équipe, ce qui ouvre de nouveaux horizons chorégraphiques. Et puis il y a un cinquième ‘danseur’ : un banc Stooly, une invention française primée au concours Lépine, extensible et modulable, avec lequel nous dansons. » Au cœur de la pièce : la question de la reprise, de la réinterprétation. « Les musiciens font des remixes, les chanteurs des covers. Et les danseurs ? » interroge le chorégraphe. À travers cette question, Re-Write propose une relecture de musiques issues du répertoire chorégraphique, remixées, augmentées de sons, de voix, de textes philosophiques ou poétiques. Albert Camus, par exemple, dont les mots résonnent avec acuité : « J’ai écouté son discours de remise du prix Nobel. Ses préoccupations, dans les années 60, sont terriblement contemporaines. »

Cette réflexion s’étend à la place de la culture dans la société. « Depuis le Covid, des lieux ferment, des budgets sont coupés. Je me dis que les pièces qui m’ont inspiré quand j’étais jeune, peut-être qu’aujourd’hui, elles n’auraient même pas vu le jour. » Pour Jonathan Breton, la culture est un ferment, un levier critique et un espace de liberté qui doit être préservé.

Un festival en dialogue avec son public

Si Blois Danse montre, il invite aussi à faire. Cette édition 2025 reconduit ainsi un nombre important d’ateliers, toujours encadrés par les chorégraphes programmés. « Le but, c’est de casser le quatrième mur, d’avoir un échange direct avec le public. » Treize ateliers, ouverts à toutes et tous dès 12 ans, sont proposés, de la danse contemporaine au hip-hop, en passant par le yoga, la danse classique, les danses latines ou la muñeira galicienne.

Le stage de création chorégraphique à la Maison de Bégon affiche presque complet dès le mois de mai. « Chez les ados, c’est déjà complet. Chez les adultes, il restait deux places. » Ce stage donne lieu à une restitution scénique, lors des deux représentations de la Scène Ouverte prévues le 11 juillet, également à la Maison de Bégon, aux côtés des associations et écoles de danse du territoire. Deux spectacles, deux programmations différentes, pour une plongée dans les pratiques locales et les expressions multiples du corps dansant.

L’image, la parole, le débat : la danse sur écran

Autre volet important du festival : sa dimension cinématographique. Deux séances de courts-métrages de danse, les 5 et 6 juillet aux Lobis, proposent quatorze films issus de onze nationalités. Le public est invité à voter pour attribuer le Prix du Public. « C’est un moment très apprécié, qui permet de voir comment la danse peut se décliner à l’écran. »

Mais le point fort de cette édition sur le plan cinématographique est sans doute le ciné-débat autour du documentaire Son rêve à lui, d’Olivia N’Ganga et Mikaël Dinic, prévu le 7 juillet. Ce film, qui suit plusieurs jeunes garçons dans leur parcours de danse classique, interroge la place du masculin dans une discipline encore stigmatisée. Avec des témoignages de figures emblématiques comme Patrick Dupond et François Alu, il révèle des préjugés toujours vivaces. « Moi-même, j’ai été danseur classique. C’est un sujet que je connais bien, et je serai présent pour animer l’échange », confirme Jonathan Breton.

Un rendez-vous désormais bien ancré

Si Blois Danse n’a pas prétention à devenir un grand festival institutionnalisé, sa réputation grandit. « On a un public très local, mais aussi national. Des gens viennent de Bretagne, de la région parisienne, d’Auvergne-Rhône-Alpes. Ils en ont fait un rendez-vous annuel. » Certains spectacles se remplissent en quelques jours. Celui du château est presque complet.

Pourtant, l’incertitude budgétaire pèse. « Avant, on savait ce qu’on aurait, on programmait en fonction. Aujourd’hui, on lance les manifestations sans savoir si les subventions vont arriver, pendant ou après. Cette année, on pourra sans doute s’en sortir avec notre trésorerie. Mais l’année prochaine ? » Face à une culture fragilisée, le festival persiste et signe : « On n’a pas augmenté nos tarifs depuis la première édition. »

Les artistes et compagnies invitées : regards chorégraphiques d’ici et d’ailleurs

Le Festival Blois Danse 2025 accueille sept compagnies venues d’Europe et d’Asie, chacune porteuse d’une identité forte et d’un langage chorégraphique singulier. Entre expérimentations visuelles, racines culturelles revisitées et hybridations stylistiques, ces artistes donnent à voir toute la vitalité de la création contemporaine. Les trois soirées à la Halle aux Grains (4, 5 et 6 juillet) réuniront leurs pièces dans des combinaisons différentes, permettant au public de découvrir l’ensemble de cette programmation internationale.

AZOTH Dance Theatre (France / États-Unis)

Compagnie franco-américaine fondée par Jonathan Breton, AZOTH Dance Theatre est reconnue pour un travail chorégraphique puissant, poétique et athlétique. La compagnie a été présentée dans une dizaine de pays (France, USA, Pologne, Guatemala, etc.) et primée par le gouvernement français.
À Blois, elle proposera :

  • Re-Write (création mondiale) : une réflexion sur la mémoire des œuvres et la réappropriation chorégraphique, avec musique remixée, textes poétiques, et un banc transformé en partenaire de danse.
  • Yuga : également programmée dans deux soirées, cette pièce explore l’équilibre entre matière et mouvement.

D-DAL (France)

Compagnie lauréate du concours Trajectoires 2022, D-DAL inscrit ses créations dans une dynamique musicale influencée par le hip-hop et le breakdance.
À découvrir :

  • Dinosaure : conférence dansée singulière sur la disparition des espèces, croisant danse contemporaine, geste scientifique et humour. Programmée exceptionnellement malgré sa durée de 55 minutes, tant elle a marqué la sélection.

Colectivo Banquet (Espagne)

Collectif madrilène réuni autour d’une recherche sur l’identité générationnelle, les enjeux sociaux et la mémoire collective, à travers une danse contemporaine expressive.
À Blois :

  • Seu Aqui + Rojo Rojo Verde (première française) : deux pièces enchaînées sur la question du territoire, de l’héritage et de l’oralité.

Lucia Giarratana (Italie / Allemagne)

Chorégraphe indépendante, associée à plusieurs théâtres allemands (Landestheater Eisenach, Theater Naumburg), Lucia Giarratana développe une danse organique et sensible.
Pièce présentée :

  • If You Hold Him Close, You Hear Soft Sweet Sounds (première française) : une chorégraphie douce et introspective sur les liens intimes et invisibles entre les corps.

Kampai (Espagne)

Collectif d’artistes issus des danses urbaines, Kampai explore la scène contemporaine à travers une écriture chorégraphique ancrée dans le hip-hop, la house et le freestyle.
Deux œuvres seront visibles :

  • Kompass (première)
  • Mirage : jeux de perspectives et illusions visuelles au croisement des codes urbains et du théâtre corporel.

Ayalis In Motion (Japon)

Compagnie japonaise multiprimée, Ayalis In Motion conçoit ses spectacles comme des expériences sensorielles complètes.
À Blois :

  • In The Park (première française) : pièce immersive sur la perception de l’espace public, la nature et l’enfance, mêlant physicalité extrême et douceur contemplative.

Something Will Happen Theater (Chine)

Compagnie expérimentale basée en Chine, dirigée par Shuai Xiaojun, engagée dans une recherche sur les relations entre corps, émotion et espace social.
Elle présentera :

Martlet et Elegy (premières européennes) : deux œuvres d’une grande intensité plastique, jouant sur le minimalisme, la lenteur, la tension corporelle et l’imaginaire.


DateHoraireÉvénementLieu
Mercredi 2 juillet19h30Re-Write – Spectacle d’ouverture par AZOTH Dance Theatre (création mondiale)Château royal de Blois
Jeudi 3 juillet18h30–21h00Ateliers de danse (Espagnole, Improvisation, Kinetica, Footwork)Maison de Bégon
Vendredi 4 juillet20h00Colectivo Banquet, Kampai, AZOTH, Something Will Happen Theater, Lucia GiarratanaHalle aux Grains
Samedi 5 juillet11h00–16h00Ateliers (Contemporaine, Hip-Hop, Lady Style, Classique, Improvisation)Maison de Bégon
17h00Courts-métrages – Programme 1 (séance internationale, vote du public)Cinéma Les Lobis
19h00Ayalis In Motion, Kampai, AZOTH, Lucia Giarratana, Something Will Happen TheaterHalle aux Grains
21h00Soirée de Gala avec cocktail (option payante)Halle aux Grains
Dimanche 6 juillet11h00–14h45Ateliers (Yoga, Kinetica, Danses latines à deux, Contemporaine)Maison de Bégon
16h00D-Dal, AZOTHHalle aux Grains
18h30Courts-métrages – Programme 2 (séance internationale, vote du public)Cinéma Les Lobis
Lundi 7 juillet20h30Ciné-débat autour du documentaire Son rêve à lui (en présence des réalisateurs)Cinéma Les Lobis
Mardi 8 juillet au vendredi 11 juillet13h00–21h00Stage de création chorégraphique (ados et adultes)Maison de Bégon
Vendredi 11 juillet17h30Scène Ouverte – Spectacle 1 : participants du stage + écoles/associationsMaison de Bégon
19h15Scène Ouverte – Spectacle 2 : programme différentMaison de Bégon

Pour plus d’informations et réserver : www.bloisdanse.com

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