Blois et la légende de Saint Solenne : quand les reliques refusent de partir…

Il est des récits qui transcendent le temps. À Blois, l’énigmatique légende de Saint Solenne est de celles-là. L’histoire, teintée de sacré, d’histoire et de mystère, évoque la détermination d’un saint, même après sa mort, à choisir son lieu de repos éternel : Blois.
Avant d’aborder la légende, qui est donc ce Saint Solenne ? Évêque de Chartres au Ve siècle, il a marqué son époque, et la légende va jusqu’à lui attribuer une présence lors du baptême du grand roi Clovis, aux côtés de saint Rémi. Après une vie de dévotion et de service, il rendit son dernier souffle près du château de Luynes, en Touraine. Un jour, une délégation fut envoyée par un successeur pour récupérer son précieux corps afin de l’enterrer dignement à Chartres. Le voyage, bien qu’entrepris avec ferveur, était épuisant. Les porteurs, chargés de cette mission sacrée, décidèrent de faire une halte à Blois. C’est ici que les habitants, avec une dévotion exemplaire, proposèrent d’abriter les reliques pour la nuit, dans leur modeste chapelle dédiée à Saint-Pierre. Selon la tradition, on passa la nuit en prières et en cérémonies. Et des guérisons survinrent, dit la légende.
Un miracle à Blois
Le lendemain, alors que la délégation se préparait à poursuivre son chemin vers Chartres, un phénomène inexplicable se produisit. La châsse (du latin capsa, « boîte, caisse » puis « cercueil »), contenant les reliques du saint, devint soudainement si lourde qu’il était impossible de la soulever. Les hommes, quelle que soit leur force, furent incapables de la bouger d’un pouce. La ville s’emplit d’étonnement, et la rumeur d’un nouveau miracle se propagea comme une traînée de poudre.
La légende raconte que Saint Solenne apparut cette nuit-là à l’évêque de Chartres en rêve. Il lui aurait ordonné de laisser ses reliques à Blois. Était-ce un signe divin montrant que le saint avait choisi lui-même son lieu de repos éternel ? Cette conviction se renforça dans le cœur des habitants de Blois.
Pour honorer cet événement miraculeux, la petite chapelle Saint-Pierre deviendra église en l’honneur de Saint-Solenne. C’est dans la crypte crée vers 977, à la demande de Liutgarde de Vermandois, femme du comte Thibaud Ier, pour accueillir les reliques de Saint Solenne, que les reliques furent déposées, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère de dévotion dans la ville. Au fil des siècles, cette église, d’abord un oratoire modeste, évolua pour devenir la magnifique cathédrale Saint-Louis que l’on connaît aujourd’hui. Où l’on se dit que la foi peut déplacer des montagnes… ou, dans ce cas, immobiliser des reliques.
