Cécile Caillou-Robert : « Nous sommes le centre-gauche pro-européen, universaliste et féministe »
Parmi les listes candidates aux Européennes 2024, on trouve en France la liste « Europe Territoires Ecologie » (ÉTÉ), une coalition large visant à renforcer et à protéger les intérêts européens sous plusieurs angles, allant de la défense de la diversité culturelle à la promotion d’une politique économique et sociale plus inclusive et durable.
On trouve dans cette coalition le PRG (Parti Radical de Gauche), un parti de centre-gauche connu pour ses positions républicaines, universalistes, laïques et son engagement pro-européen. On trouve Volt, un parti paneuropéen fondé après le référendum sur le Brexit, qui lutte contre les nationalismes et vise à impliquer davantage les citoyens dans la vie politique européenne. Et aussi R&PS (Régions et Peuples Solidaires), un parti qui fédère des mouvements régionaux, prônant une Europe de la diversité où chaque peuple a des droits égaux. Figurent également dans cet « ÉTÉ« , le MDP (Mouvement des Progressistes), le CSDR (Collectif des Sociaux Démocrates Réformateurs), l’ANAP (L’Avenir N’Attend Pas), et le MDC (Mouvement des Citoyens), co-fondé en 1993 par Jean-Pierre Chevènement.
Leur programme commun vise à présenter une vision proactive de l’Europe, orientée vers la protection sociale, l’indépendance économique et la défense, tout en promouvant une démocratie plus inclusive et une meilleure intégration des diversités territoriales. « Nous nous positionnons clairement au centre-gauche, en étant pro-européen, universaliste, et féministe », nous dit Cécile Caillou-Robert (PRG), conseillère régionale, en 6e position sur la liste ÉTÉ. Mais pour quel électorat ? « On s’adresse à des gens qui, depuis des années, ne se sentent plus du tout compris par la gauche, et vont voter à l’extrême-droite. Comment on répond à leurs préoccupations ? Sur le terrain et pas dans la logique d’appareil. Nous pensons que certaines gauches se sont complètement fourvoyées dans des logiques d’appareil et parlent entre elles. Cela laisse le champ complètement ouvert à l’extrême droite, au Rassemblement National, maintenant à Reconquête, et à tous ces gens qui proposent des solutions qui n’en sont pas. Nous, on veut monter un centre-gauche de gouvernement. D’où cette liste de rassemblement derrière Guillaume Lacroix, qui est le président du PRG, le plus vieux parti de France. On a des centaines d’élus, on a deux présidents de département, on a un groupe au Sénat qui est présidé par une femme, qui est le plus ancien groupe au Sénat, le rassemblement démocratique social européen. Donc on est quand même un vieux parti ancré dans une tradition républicaine et laïque. Et nous avons fait le choix de tenter un rassemblement, répond Cécile Caillou-Robert. Mais avec une grosse difficulté : les grands médias ne nous donnent pas la parole. Pourtant, nous avons le sentiment de contribuer au débat public, nous sommes quand même un grand parti, avec beaucoup plus d’élus qu’un parti comme Reconquête, mais on invite Marion Maréchal dans les grands débats à 8 et pas Guillaume Lacroix… Or, il y a quand même énormément d’abstentionnistes, des citoyens qui ne votent pas parce qu’ils ne se sentent représentés par personne… et nous, à chaque fois qu’on va parler à quelqu’un, et qu’on présente notre projet, les gens nous disent : « Ah mais c’est bien ! Mais pourquoi on ne sait pas que vous existez ? »
Proposer des solutions concrètes, tel est le credo de cette liste. Parce qu’on a « besoin de nourrir le débat démocratique, et franchement, dans cette campagne électorale, c’est ce qu’on essaye de faire à travers nos propositions. »
Des propositions pour plus d’Europe. « Dans le contexte géopolitique, 450 millions d’habitants c’est l’échelle pour peser face aux Chinois, aux Russes, et même face à nos alliés américains. L’Europe doit donc se renforcer, car c’est le moyen pour qu’elle nous protège, explique Cécile Caillou-Robert, experte des affaires internationales. Ainsi nous avons proposé un « Airbus » du médicament. C’est à dire un consortium qui garantisse notre souveraineté sanitaire. On a su le faire dans l’aéronautique avec Airbus, on doit pouvoir le faire avec le médicament. Nous proposons également un statut de résident qui permette de se loger où on travaille. Nous devons créer un pilier européen de l’OTAN et favoriser la coopération entre les armées européennes. Nous devons mutualiser les achats d’armement. La France possède une véritable armée, mais les Allemands achètent leurs armes aux États-Unis, ce qui pose un problème de cohérence dans la défense européenne. Nous avons besoin d’énergie pour réaliser tout cela. Mais le nucléaire, ce n’est pas l’alpha et l’oméga. Nous ne pouvons pas ignorer les énergies renouvelables, car l’avenir est dans ces énergies. La France peut être un fer de lance dans le domaine. Pour un euro investi dans le nucléaire il en faut trois dans les énergies renouvelables. Quand j’entends le Rassemblement National et Reconquête dire que tout cela est inutile, ça me terrifie parce que cela signifie remettre en question les travaux de chercheurs. Cela va à l’encontre de notre vision rationnelle basée sur la science. »
« L’Europe représente une chance pour l’avenir de nos enfants ». C’est également le message qui accompagne cette liste Europe Territoires Ecologie. « Mon engagement en politique est motivé par la perspective de cet avenir, souligne Cécile Caillou-Robert. L’un des programmes européens les plus populaires est Erasmus, ciblant principalement les étudiants et la mobilité des jeunes en Europe. Nous proposons de rendre obligatoire un trimestre scolaire à l’étranger après la troisième pour tous les jeunes Européens, afin d’assurer une mobilité équitable. »
En termes de propositions, en voici certaines autres : l’introduction d’un revenu de base européen, une harmonisation fiscale avec une taxation sur les bénéfices à 30%, des mesures de lutte contre la spéculation immobilière et un soutien à la rénovation énergétique des logements. Pour en savoir plus : europeterritoiresecologie.fr
Mardi 28 mai, à 18h, sera proposée une réunion publique à la Galerie Wilson avec pour thème : « Les droits des Femmes et l’Europe ». Interviendront Lydie Massard, députée européenne numéro 2 de la liste, Rayna Stamboliyska, représentante du parti Volt et spécialiste en cybersécurité, et Cécile Caillou-Robert.
« Nous organisons une rencontre dédiée à la question des droits des femmes en Europe, sous l’angle des violences en politique et des violences numériques », précise cette dernière. « Je suis personnellement très engagée sur la question féministe au sein du PRG. Le parti radical a toujours été féministe, mais aujourd’hui notre engagement est encore plus affirmé. Cela inclut la défense des filles qui sont agressées dans les banlieues à cause de leur tenue. C’est un véritable combat. Nous ne pouvons pas laisser une minorité imposer des règles sur la façon dont les femmes doivent s’habiller. La question des droits des femmes en Europe est cruciale, car il semble que tout soit acquis alors qu’aujourd’hui, des visions conservatrices et rétrogrades tentent de renvoyer les femmes au foyer, prétendant qu’elles sont seules responsables de l’éducation des enfants. Nous pensons qu’il est essentiel de rester vigilants sur ces visions conservatrices. Cette vigilance passe aussi par l’engagement des femmes en politique. Et il n’est pas question d’opposer les hommes et les femmes, car ils peuvent agir ensemble. Le féminisme est pour nous un humanisme, ce que je redirai mardi soir. Il s’agit d’une question de liberté, de dignité et d’égalité, qui concerne autant les hommes que les femmes. Et je me dis, si ce n’est pas l’Europe, la France, la Belgique ou l’Espagne… qui défendront et soutiendront les combats des femmes afghanes, iraniennes ou africaines, qui le fera ? C’est donc un sujet crucial et nous en parlerons mardi à la galerie Wilson. »
