Comment une ville comme Blois peut faire sa transition, selon Aurélien Bigo
Lundi soir, en pleine semaine de la mobilité, le Collectif Blois Autopartage et l’association étudiante Gree’NSA proposaient une conférence sur ce thème : « Quel avenir pour la voiture et nos mobilités ? ». L’événement, dans les locaux de l’INSA, a attiré une grosse centaine de Blésois.es. Preuve que le sujet intéresse. On trouvait d’ailleurs dans la salle des figures politiques blésoises, tel qu’Etienne Panchout, Sylvain Giraud, Gildas Vieira, Hélène Ménou ou encore Didier Moëlo, vice-président d’Agglopolys en charge des Transports.
Aurélien Bigo, chercheur indépendant associé à la Chaire Energie et Prospérité, et auteur de l’ouvrage « Voitures- Fake or not », a partagé ses réflexions sur l’avenir de la voiture. L’expert a abordé les enjeux liés à la transition énergétique, à l’innovation technologique et aux nouveaux modèles de mobilité. En marge de cet événement, nous avons demandé à Aurélien Bigo comment une ville comme Blois peut faire sa transition.
« Pour réussir la transition vers des modes de transport plus durables et réduire la dépendance à la voiture individuelle, il est essentiel de développer diverses alternatives. Il n’existe pas de solution unique ni de formule magique pour y parvenir. Il faut donc combiner différents éléments pour parvenir à cette transition« , répond le chercheur. « Il est nécessaire de favoriser à la fois les modes de déplacement actifs, tels que la marche et le vélo, ce qui présente un grand potentiel. De plus, les transports en commun doivent être développés pour offrir des alternatives efficaces. Plus les gens adoptent quotidiennement la marche, le vélo et les transports en commun, plus cela encourage l’utilisation ponctuelle du covoiturage et de l’autopartage, car même si l’on privilégie d’autres moyens de transport au quotidien, il peut être nécessaire de recourir à la voiture pour des déplacements ponctuels ou de longue distance. »
Faut-il limiter la place de la voiture ? « Oui, il faut non seulement proposer des alternatives, mais aussi restreindre l’usage de la voiture, explique l’expert. Les politiques de mobilité les plus réussies combinent ces deux approches. Si l’offre d’alternatives est présente mais que la voiture reste le moyen le plus pratique en raison d’une voirie abondante et peu coûteuse, de vitesses élevées, etc., les gens continueront à la privilégier. Ainsi, il est nécessaire de combiner alternatives et contraintes pour encourager l’adoption de modes de transport plus durables. »
La prospérité économique du commerce de centre-ville à Blois est un sujet. Un hyper-centre piéton serait-il synonyme de cercle vertueux ou vicieux ? « L’impact économique local de la limitation de la voiture dépend du type de restrictions mises en place, juge Aurélien Bigo. Les zones piétonnes, par exemple, ont tendance à favoriser les commerces en permettant une circulation plus fluide des piétons et en offrant des opportunités d’arrêt et de découverte des magasins. Les centres-villes apaisés, qu’ils soient destinés aux piétons, aux cyclistes ou aux transports en commun, sont souvent des zones où les commerces prospèrent davantage que dans les zones où la voiture prédomine. »
Les solutions pour limiter la place de la voiture sont généralement bien connues, précise l’auteur de « Voitures- Fake or not ». Cela inclut « la réduction des vitesses de circulation, la création de zones de rencontre à 20 km/h où les piétons et les cyclistes sont vraiment prioritaires, ainsi que la transformation de certaines rues en zones piétonnes où les voitures sont exclues, nous dit-il. L’enjeu réside dans la recherche de la combinaison optimale pour maintenir l’accessibilité des centres-villes tout en les rendant agréables. La réduction de la place de la voiture apporte de nombreux avantages en termes de qualité de vie, notamment une réduction du bruit, la libération d’espace pour d’autres usages, moins de pollution et une meilleure attractivité des centres-villes pour les résidents et les visiteurs. »
En combinant des alternatives attractives avec des mesures restrictives bien pensées, la ville peut non seulement contribuer à la protection de l’environnement, mais aussi favoriser une prospérité économique accrue et une meilleure qualité de vie pour ses résidents et ses visiteurs. Cette conférence a donc ouvert la voie à une réflexion approfondie sur le futur de la mobilité à Blois et a souligné l’importance cruciale de ces décisions pour les générations futures.