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Dans les rues de Blois, les mots d’Émile Bernet vous invitent à lever la tête

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Dans le centre-ville de Blois, à hauteur d’yeux ou légèrement au-dessus, des mots tracés au Posca, sur de petites toiles blanches, s’invitent sur les murs. Discrets, souvent d’un format 20×20 cm, ils semblent ne rien revendiquer d’autre qu’une émotion simple, directe, une pensée fugace qu’on murmure sans bruit. Derrière ces inscriptions sobres, toutes signées, un jeune homme, un pseudo d’artiste : Émile Bernet.

Depuis mars 2025, ce jeune artiste, originaire de Normandie et actuellement en stage à Blois, a disséminé une vingtaine d’œuvres dans l’hypercentre. Il le fait seul, souvent la nuit, guidé par une envie claire : faire lever les têtes et provoquer un sourire. « Je voulais vraiment parler aux gens directement dans la rue, et essayer de mettre des trucs qu’ils peuvent voir sans écran, » confie-t-il. « Le street art, c’est un truc que j’ai toujours aimé. Et écrire des messages, je le faisais déjà, mais sur Instagram. Là, je voulais passer au dehors, au contact direct. »

street art Blois Emile Bernet

Une démarche affective et visuelle

Son matériau de base n’est ni la bombe ni la fresque, mais une toile blanche, vierge, sur laquelle il écrit au marqueur Posca. Le choix du support tient autant de l’esthétique que de l’éthique : « Je me suis dit que ça allait être ma signature. Quelque part, c’est important de garder une forme de cohérence artistique. » Collées à la colle forte ou, pour quelques-unes au début, au double scotch — une méthode vite abandonnée —, ses œuvres parsèment des coins choisis pour leur visibilité autant que pour leur sobriété. « J’essaye de repérer les endroits un peu vides, les murs lisses. C’est aussi une forme de décoration, quelque part. »

On les aperçoit autour de la rue Saint-Lubin, place Ave Maria, rue Porte Côté, ou encore près de l’église Saint-Nicolas. Certaines tiennent toujours, d’autres ont disparu. Cela ne l’inquiète pas. « En vrai, c’est le street art. Ça fait partie du jeu. Je sais très bien que quand je colle un truc dans la rue, le lendemain, il peut ne plus être là. Et c’est comme ça. »

Pour un espace public plus doux, plus humain

Les messages, eux, frappent par leur clarté. Ils disent l’attachement, le manque, le désir ou la tendresse : « Ton regard me manque », « Je t’aimerai quoi qu’il arrive », ou encore « Vis pour elle ». Cette dernière formule, très représentative de sa démarche, inverse le cliché romantique du sacrifice : « On entend souvent dire : ‘Je pourrais mourir pour elle.’ Moi je me suis dit : ‘Pourquoi pas vivre pour elle, avant de vouloir mourir ?’ C’est quand même mieux.’ »

street art Blois Emile Bernet

Si Émile Bernet avoue penser souvent à sa compagne lorsqu’il écrit, il ne veut pas limiter la portée de ses phrases : « Je ne me base pas seulement sur le couple. Quelqu’un peut penser à son animal, à un parent, à un ami. Ce sont des messages larges, chacun y met ce qu’il veut. » Pour lui, les phrases naissent souvent de la vie quotidienne, d’un mot échangé ou d’une pensée intérieure. Certaines ont même été dites avant d’être écrites : « Par exemple : ‘Je te vois sourire, et je fais pareil’, c’est quelque chose que j’avais dit une fois. Et après je me suis dit que ça pouvait parler à d’autres aussi. »

street art Blois Emile Bernet

Un art de la bienveillance

Les deux grands axes de son travail sont l’amour et la positivité. Si l’amour est plus fréquent dans ses collages urbains, c’est le second qui remporte, selon lui, le plus d’échos : « D’après les retours sur Insta, c’est vraiment la positivité qui plaît le plus. Je pense que les gens ont besoin de ça en ce moment. » Sensible aux enjeux de santé mentale — il étudie d’ailleurs dans le champ de la prévention santé — Émile considère son travail comme une contribution modeste mais sincère à un espace public plus doux, plus humain : « Si quelqu’un me dit : ‘Merci, ça m’a fait sourire’, c’est exactement pour ça que j’ai commencé à coller dans la rue. »

L’artiste confesse aussi un goût pour la poésie. Il a autoédité un premier recueil, et en prépare un second. Le premier, « Je trouverai la paix » (lien ici), est resté personnel : « C’était mon tout premier livre. Je me découvrais aussi. Je ne m’attendais pas du tout à écrire, alors que je n’aime pas lire, et que j’étais nul en français ! » Le deuxième, en revanche, porte davantage la volonté de s’adresser aux autres : « Il y a ce côté en moi qui veut parler aux gens, essayer d’aider comme je peux. »

street art Blois Emile Bernet

« Plein les yeux », un rendez-vous collectif

Le samedi 19 juillet 2025, Émile participera à un événement de street art à Blois : Plein les yeux, organisé par Le comptoir irlandais. La journée rassemblera plusieurs street artists de la région, dans un format collaboratif et participatif. l’après-midi sera ouvert au public. « Il y aura des ateliers pour que les gens fassent des œuvres avec nous, qu’ils pourront coller ou non. » Émile Bernet a déjà prévu une collaboration avec une mosaïste. Le soir venu, les artistes iront coller ensemble leurs créations. « Ce qui va être chouette, c’est qu’il y aura plein d’œuvres créées avec des talents mélangés. Ça va faire quelque chose de très vivant. »

street art Blois Emile Bernet
Facebook.com/Emile-Bernet

Émile Bernet sait qu’il partira de Blois à la fin de son stage, fin juillet, mais il ne ferme pas la porte à un retour : « Je pense que je reviendrai. Je suis curieux de savoir ce que mes toiles deviendront. » Peut-être resteront-elles visibles longtemps. Peut-être seront-elles décrochées, arrachées, emportées, effacées. Ce n’est pas très grave. Le message, lui, aura été vu, lu, parfois aimé. Comme un petit miracle, la tête levée.

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