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Des femmes puissantes mises à l’honneur Galerie Dominique

Jusqu’au 22 mars 2025, la Galerie Dominique, située au 8 rue du Commerce à Blois, accueille l’exposition « Femmes d’influence – Femmes de pouvoir ». Inscrite dans le programme de la Semaine ELLES, cette manifestation annuelle met à l’honneur les femmes et leurs luttes à travers l’art, le débat et la réflexion. Dix artistes (Ayat Negareh, Agnès Boulard, Caro Graffiti, Catherine Orione, Françoise Icart, Isabel da Rocha, Jean-Marc Aviolat, Natalia Grigorieva, Sandra Labaronne et Diego) aux univers plastiques variés, rendent hommage à des figures féminines ayant marqué l’histoire, depuis les mythes fondateurs jusqu’à l’époque contemporaine.

Caro Graffiti
Rosa Parks par Caro Graffiti

Un parcours artistique à travers les siècles

L’exposition propose un véritable voyage dans le temps, où les œuvres dressent un panorama du pouvoir et de l’influence féminine sous diverses formes. À travers leurs toiles, les artistes convoquent des figures mythologiques, des reines, des intellectuelles, des militantes et des artistes.

Dominique Morand-Nizinski, organisatrice de l’exposition, a introduit la soirée du vernissage, soulignant l’ampleur du projet et la diversité des personnalités mises en lumière : « Vous avez ici différentes personnalités féminines qui traversent une très longue période historique. Nous commençons avec Gaïa, déesse mère, représentée par Isabel da Rocha, pour aller jusqu’au XXIe siècle. »

Parmi les figures représentées, Boadicée, reine guerrière celte ayant résisté à l’invasion romaine au Ier siècle, côtoie Marie Leszczynska, reine de France et épouse de Louis XV, dont le portrait, exposé en vitrine, s’inspire directement d’une œuvre conservée au Musée des Beaux-Arts de Blois. Sandra Labaronne, qui a réalisé cette pièce, évoque la démarche ayant guidé son travail : « Nous avions mené un travail en collaboration avec le château, intitulé « pastich’au château ». » Si Marie Leszczynska n’a pas marqué l’histoire par son action politique, son influence s’est exercée dans le domaine intellectuel : « Elle a su créer un entourage intellectuel, ça compte beaucoup. Son influence était notable », ajoute l’artiste.

Sandra Labaronne
Sandra Labaronne devant deux de ses toiles honorant Frida Kahlo et Jeanne d’Arc

Plus loin, Olympe de Gouges, pionnière du féminisme et autrice de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, s’impose comme une figure incontournable du XVIIIe siècle. L’exposition met également à l’honneur Jeanne d’Arc, dont le portrait, réalisé par Sandra Labaronne, a une histoire particulière : « Ce tableau a été créé pour la fête johannique, lors des 500 ans de la naissance de Jeanne. Il a été projeté en grand format sur les bâtiments d’Orléans, au cours d’une célébration marquante. Son influence est toujours bien vivante, nous la ressentons encore aujourd’hui. Il y a des jeunes filles qui aspirent à marcher dans ses pas, et son héritage continue à résonner dans un contexte contemporain. »

Isabel da Rocha Gaia
Isabel da Rocha – Gaïa

De la mythologie aux engagements politiques

Le regard des artistes ne se porte pas uniquement sur les figures historiques. Isabel da Rocha a choisi d’explorer les origines mêmes de la vie, en se tournant vers Gaïa, déesse primordiale de la mythologie grecque : « Gaïa signifie « Terre », elle est donc véritablement la déesse mère. » Son diptyque propose une lecture contrastée de cette divinité : La première toile la représente dans toute sa puissance originelle, surgissant du chaos et donnant naissance aux éléments naturels. L’être humain est encore absent ; seules des feuilles, une fleur naissante, suggèrent l’éveil du monde. La seconde œuvre, en revanche, dresse un constat plus sombre : Gaïa, aujourd’hui, est malmenée, violentée, pillée. Son portrait, noyé dans un tourbillon d’encre noire, laisse transparaître les stigmates de la pollution et de la destruction environnementale : « C’est une déesse oubliée, que beaucoup ne connaissent même plus, tout comme la nature, que nous avons trop souvent négligée. » Pour l’artiste, ce saccage écologique trouve un écho troublant dans la condition des femmes à travers le monde : « On recouvre la Terre de noir, on l’exploite sans mesure… Comme on recouvre de noir les femmes afghanes, les femmes iraniennes. […] C’est le même mécanisme d’exploitation. »

Ayat Negareh
Ayat Negareh

Une analyse que partage Ayat Negareh, artiste iranienne, dont l’œuvre se confronte directement à la censure qui frappe la représentation des corps féminins dans son pays. Inspirée d’un ancien mythe perse, elle a imaginé une série où l’homme et la femme apparaissent entrelacés, symbolisant une racine commune : « J’ai utilisé des textures inspirées des momies, des motifs pour dissimuler les corps, et des effets rappelant l’écorce des arbres afin de camoufler. Et aussi pour détourner la censure. »

Ayat Negareh
Œuvre « Le tronc assis » d’Ayat Negareh

Natalia Grigorieva : entre mémoire et mystère

Parmi les artistes exposant à la Galerie Dominique, Natalia Grigorieva, peintre, graphiste et designer d’origine moscovite, aujourd’hui installée en Lituanie, reconnue pour son approche subtile du temps, de la mémoire et des traditions artistiques. À Blois, elle présente une œuvre inspirée d’une figure aussi historique que légendaire : Barbara Radziwiłł, la reine de Pologne au destin tragique, surnommée « la Dame Noire ».

Barbara, née en 1520 dans la puissante famille lituanienne des Radziwiłł, est restée dans l’histoire pour son mariage controversé avec Sigismond II Auguste, roi de Pologne et grand-duc de Lituanie. Leur union, célébrée en 1547, provoqua un scandale politique, notamment sous l’opposition farouche de Bona Sforza, la reine mère. « Peu après son couronnement, Barbara tombe gravement malade et meurt quelques mois plus tard, en mai 1551. Sa mort prématurée est un véritable drame pour Sigismond II Auguste, qui aurait même tenté de communiquer avec son esprit lors de séances occultes, donnant naissance à de nombreuses légendes. »​ Son fantôme hanterait encore aujourd’hui le château de Niasvij (Nesvizh) en Biélorussie, ancienne demeure de la famille Radziwiłł​.

Natalia Grigorieva
Natalia Grigorieva

Natalia Grigorieva a choisi de revisiter cette figure énigmatique, en intégrant à son travail une approche contemporaine, où technologie et symbolisme se rencontrent à travers des toiles et de la vidéo. Son œuvre sur Barbara Radziwiłł repose en effet sur une expérimentation en réalité virtuelle, une tentative de « matérialiser » l’apparition fantomatique de la reine : « L’idée de mon travail était d’utiliser la technologie de la réalité virtuelle pour « matérialiser » l’image de la Reine Noire, qui, grâce aux nouvelles technologies, pouvait être « filmée dans le temps » et donner l’impression d’une manifestation progressive (comme devrait le faire un fantôme). »​ Ce travail ne se limite pas à une expérimentation visuelle : il intègre également des dialogues et une réflexion sur la mémoire, enrichie par un échange avec ChatGPT, que l’artiste a utilisé dans sa démarche​. Reconnue sur la scène internationale, elle a exposé dans de nombreux pays et a reçu des récompenses prestigieuses, notamment le Prix Botticelli à Florence (2024) et le Prix Leonardo da Vinci à Milan (2024)​.

Présente lors du vernissage, Christelle Leclerc, adjointe au maire de Blois, a souligné l’importance de cette exposition dans le cadre de la Semaine ELLES : « Je suis extrêmement heureuse que la Galerie Dominique ait pu organiser cette somptueuse exposition, avec toutes ces talentueuses artistes peintres, qui ont réalisé un travail remarquable. »

Françoise Icart
Françoise Icart

L’un des deux artistes masculins de l’exposition, Diego, s’est retrouvé propulsé dans l’aventure à la dernière minute. Appelé en renfort, il a eu deux jours seulement pour réaliser son tableau. Un défi d’autant plus complexe que la peinture à l’huile nécessite un long temps de séchage. Face à l’urgence, il lui a fallu choisir rapidement quelle femme représenter. D’abord tenté par Catherine II de Russie, il s’est finalement tourné vers Joséphine Baker, une femme dont le parcours hors du commun l’a profondément marqué. « Cette femme revêt un nombre de qualités humaines extraordinaires. Elle prouve qu’une femme, même meneuse de revue, peut être une figure influente de notre civilisation. » Son tableau est un hommage spontané, conçu dans l’urgence de l’inspiration, mais animé par une profonde admiration. « Joséphine Baker a pris une place immense dans notre histoire collective. »


L’exposition « Femmes d’influence – Femmes de pouvoir » est visible jusqu’au 22 mars 2025 à la Galerie Dominique.

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