Dominique Barbéris : « Je chante mon roman intérieurement »
Lors d’une fin de journée ensoleillée de septembre, la salle des mariages de l’Hôtel de ville de Blois a voyagé entre Nantes des années 1950, Douala à l’aube de l’indépendance, et le doux murmure des berges de la Loire.
Annie Huet, personnalité emblématique de la culture blésoise, a offert à la cité un de ses rendez-vous littéraire de haut vol, en invitant Dominique Barbéris, lauréate du prix des libraires de Nancy – Le Point, pour discuter de son onzième roman, Une façon d’aimer (Gallimard). C’était le 14 septembre 2023.
Ce livre, riche en textures, en sons et en sentiments, nous introduit à Madeleine, une femme dont la distinction rappelle l’iconique Michèle Morgan. En quittant sa Nantes natale pour suivre son mari muté au Cameroun, Madeleine se trouve confrontée à un univers aussi exotique que déroutant. Un monde aux antipodes de ce qu’elle connaissait, la province bourgeoise française de l’après-guerre. Cette confrontation offre à Dominique Barbéris une toile de fond propice à explorer les tumultes de l’âme, les non-dits et les questionnements intérieurs.
Il est rare de trouver des romans qui, avec une si délicate précision, saisissent les complexités de l’époque coloniale tout en offrant un portrait si vivant de ses personnages. La finesse avec laquelle Dominique Barbéris aborde les silences, les regards échangés et les mots non prononcés crée une tension palpable, qui transporte le lecteur dans le cœur battant de son récit.
Durant ce rendez-vous littéraire, Dominique Barbéris a partagé avec le public blésois la mélodie de son écriture. Elle explique comment elle chante son texte pour en dégager la sonorité parfaite. Ces révélations ont offert une nouvelle dimension à son œuvre, nous faisant percevoir la musicalité cachée derrière chaque phrase, chaque mot.
La romancière a également plongé l’auditoire dans le Douala de son enfance, évoquant ce microcosme d’Européens dans un pays sur le point d’embrasser sa liberté. La ville a clairement laissé une marque indélébile sur l’auteure, et son amour pour ce pays transparaît à travers chaque page.
Annie Huet a partagé sa propre lecture de l’ouvrage, mettant en lumière les nuances et les détails qui lui ont parlé. La complémentarité entre l’interprétation de l’organisatrice et celle de l’auteure a enrichi la soirée, dévoilant les multiples couches du récit.
>> Une façon d’aimer de Dominique Barbéris (Gallimard; 208 pages; 19,50 €)