En novembre l’Urbex s’invite à la Galerie Wilson
La Galerie d’art Wilson, à Blois, accueille durant tout le mois de novembre 2024 une exposition collective autour du thème de l’Urbex (exploration urbaine). Cette pratique, qui consiste à explorer des lieux abandonnés, inspire ici quatre artistes – Anthony Thenaisy, Paule Honoré, Christine Ramat et Phil2fer – à travers des œuvres qui interrogent la mémoire des lieux, la relation entre l’homme et son environnement, et les traces laissées par le temps.
Paule Honoré : entre abstraction et poésie industrielle
Outre son exposition à Fleur de Loire, Paule Honoré est présente à Blois via cette exposition de novembre à la Galerie Wilson. Une série sur les usines qui a une place particulière dans son parcours artistique. « Après le confinement, j’ai ressenti le besoin de me tourner vers quelque chose de plus figuratif. Ce basculement a coïncidé avec la création de ma série sur les usines, née durant cette même période. Je m’interrogeais sur l’impact de ces arrêts forcés de l’activité industrielle à travers le monde, mais en parallèle, j’ai ressenti le besoin impérieux de revenir à des motifs végétaux, à des éléments plus organiques », nous confiait l’artiste dans un entretien (à retrouver ici).
« Les usines sont souvent perçues comme inesthétiques, mais j’ai voulu les transfigurer. Je les ai rendues à quelque chose de poétique, où la nature reprend ses droits », précise-t-elle. En jouant avec les couleurs vives, des perspectives, et les formes géométriques des bâtiments industriels, Paule Honoré offre une nouvelle vision de ces espaces, entre réalité et utopie.
Christine Ramat : la lumière au cœur de l’urbain
De son côté, Christine Ramat explore la lumière à travers des œuvres où les petits points juxtaposés créent des paysages urbains lumineux et immersifs. Inspirée également par le confinement, elle a travaillé sur la répétition et la lenteur, adoptant une technique proche du dot painting aborigène. « Ces points interrogent nos villes surexposées, nos paysages urbains en robe de soirée, mais aussi la part mystérieuse et obscure de ces environnements », explique-t-elle. Ses œuvres, qui s’inscrivent dans la série Luminosité, sont réversibles : elles peuvent être observées sous différents angles, offrant ainsi une multiplicité de points de vue. L’un des points forts de son travail est la capacité de ses toiles à mêler abstraction et figuration, où la lumière et l’obscurité se confrontent pour révéler la complexité de nos espaces urbains modernes.
Phil2fer : transformer le déchet industriel en art
Phil2fer, sculpteur, donne une dimension concrète au thème de l’Urbex en travaillant uniquement à partir de matériaux récupérés. Ses œuvres, telles que des chevaux, des requins, ou encore des figures humaines, prennent vie grâce à des déchets métalliques issus des usines. « Je récupère des pièces chez un récupérateur de métaux et je les soude ensemble pour créer mes sculptures. Tout est fait de récupération, ce qui correspond parfaitement au thème de l’exposition », explique l’artiste.
L’une des œuvres marquantes est un Christ posé sur une planche de surf, une création à la fois humoristique et spirituelle. « Il marchait sur l’eau, non ? Alors, ça m’a semblé logique de le mettre sur une planche ! », plaisante-t-il. Le travail de Phil2fer, entre art brut et recyclage, pose un regard ludique et critique sur le monde industriel, tout en valorisant les matériaux délaissés.
Anthony Thenaisy : immortaliser la disparition
Enfin, Anthony Thenaisy, photographe, plonge le spectateur dans une réflexion sur la disparition, à la fois des lieux et du travail humain (lire ici). Ses clichés sombres et mélancoliques capturent des usines désertées, telles que l’ancienne imprimerie Québécor à Blois ou des mines abandonnées à Saint-Étienne. Avec une esthétique marquée par le jeu de lumière et les contrastes, ses photographies témoignent d’une époque en mutation où les souvenirs des travailleurs se mêlent à l’effacement progressif des lieux de production.
En somme, cette exposition à la Galerie d’art Wilson est une invitation à voir au-delà des apparences : à travers l’objectif de Thenaisy, les pinceaux d’Honoré, les points lumineux de Ramat, et les sculptures métalliques de Phil2fer, chacun.e est convié.e à une exploration poétique et stimulante.
Informations pratiques
- Lieu : Galerie d’art Wilson, Blois
- Dates : Jusqu’au 30 novembre 2024
- Horaires : Mercredi à vendredi, 14h-19h ; samedi, 10h-19h
- Entrée libre