En voiture Sanzô a retrouvé ses sensations préférées

Il fêtera ses 18 ans le 30 mai prochain. Malgré un corps fragile, Sanzô avance porté par ses passions, ses envies, et un enthousiasme toujours intact. Né grand prématuré, porteur d’une tétrasomie partielle du chromosome 19, il vit avec une maladie orpheline qui a freiné sa croissance mais n’a jamais entamé son appétit de vivre. Depuis quelques années, une énergie singulière le pousse vers les vrombissements des moteurs et le rock. Le weekend dernier, avec le Bouchon de Blois, le jeune homme était aux anges.

Sanzô est né à cinq mois et demi, en mai 2007 à Orléans. Victime d’une pré-éclampsie sévère, Géraldine Forges, sa mère, n’a eu d’autre choix que de provoquer la naissance prématurée de son fils. Il pesait 640 grammes et mesurait 29 centimètres. Dans les mois qui suivent, son poids n’augmente pas suffisamment, sa croissance est anormalement faible. La prématurité n’est pas la cause. Ce n’est que vers trois ans que le diagnostic tombe : une tétrasomie partielle du chromosome 19 est détectée. Une anomalie rare, peu documentée, que les équipes médicales peinent encore aujourd’hui à relier de manière certaine à l’ensemble des symptômes. Sanzô présente un retard de croissance sévère. Aujourd’hui, à presque 18 ans, il mesure 1,22 mètre pour 20 kilos. « C’est sa taille adulte », explique sa mère. « Il n’y aura pas de croissance supplémentaire. »
Une fragilité physique qui ne bride pas l’élan
Le quotidien de Sanzô est rythmé par les soins médicaux, les suivis spécialisés, et des réalités corporelles contraignantes. « Il n’a pas de force. Il peut se déplacer dans la maison en se tenant aux murs, mais pour les trajets plus longs, c’est fauteuil roulant. Le déambulateur, aujourd’hui, c’est devenu compliqué. » À ces difficultés motrices s’ajoutent des troubles internes. Le sous-développement de ses reins laisse présager une dialyse dans les années à venir. Il a aussi subi six opérations du dos en quatre ans. « C’est pour cela qu’on a eu besoin d’un siège auto adapté, fourni grâce à l’aide du Rotary. » Ce siège, conçu pour sa morphologie, pivote pour permettre à sa mère de l’y installer plus aisément.
Malgré cela, l’élan vital de Sanzô est intact. Il se nourrit d’enthousiasmes, de rencontres, et surtout, de moteurs. Sa passion de l’automobile et des motos est un fil rouge. Un monde d’odeurs, de sons et de lignes, dans lequel il s’est immergé avec ferveur.

Passion mécanique
Tout commence, comme souvent, en famille. « On est baignés dedans. Mon père, c’était les voitures. Moi aussi », confie Géraldine Forges. De là, Sanzô suit. Il s’enthousiasme pour les Ferrari, les Porsche, mais sa préférence va à la Lamborghini Aventador. L’esthétique l’attire, mais pas seulement. « Il aime le bruit du moteur, la vitesse. » Ses parents lui font vivre ces émotions à travers de multiples initiatives. « À Salbris, on avait trouvé un karting bi-place avec un monsieur adorable. Il a pu faire un tour. »
Dimanche dernier, aux Grands-Prés de Vendôme, Sanzô s’est offert une parenthèse de bonheur. Dans le cadre du Bouchon de Blois, il est monté dans une Lancia HF bleue, puis dans une Audi V10, choisie « pour le bruit ». Le temps était de la partie, les pin-up aussi, les véhicules anciens rutilaient au soleil. « On y est restés toute la journée. Il était ravi. »

Ces rassemblements sont devenus un rituel. « À Saint-Claude-de-Diray, à Salbris, au Bouchon de Blois, au rallye de Sologne, partout où il peut aller, il y va. Il est très sociable. Il attire les gens. Des rencontres se font, et parfois, des amitiés. » La saison commence, les week-ends sont déjà programmés…

Côté moto, Sanzô n’est pas en reste. Il est monté un jour sur une Gold Wing, assis à l’arrière. Pour aller plus loin, Géraldine a tout acheté : casque, gants, blouson, et même un équipement spécial de type « sac à dos » permettant d’attacher le passager au pilote. « On ne l’a pas encore testé, mais il attend. Il espère que quelqu’un proposera bientôt. »
AC/DC, Soprano et le rêve Loeb
À côté des moteurs, la musique occupe une place importante dans l’univers de Sanzô. Deux mondes, mais une même énergie. « Il aime le rock, la guitare électrique, les concerts. » Ses goûts sont pluriels : AC/DC et ZZ Top, qu’il partage avec son père ; Maître Gims, Kendji Girac ou Soprano, que sa mère lui a fait découvrir en concert. « Il aime aussi la musique de son âge. » Enfin, un jour, il aimerait rencontrer Sébastien Loeb. Monter dans une voiture avec lui.

Interrogée sur l’origine du prénom, Géraldine répond dans un sourire : « Son père était très manga. Dans l’un d’eux, le héros était un petit garçon vaillant… » Un prénom japonais, rare, à contre-courant avec un « z » comme un éclair dans un ciel complexe. Un prénom qui lui va bien.