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Etude : les prix aggravent la consommation excessive de sucre

L’alimentation moderne regorge de sucre. On en trouve partout : dans les plats préparés, les conserves de légumes, les sauces ou encore les biscuits. L’offre alimentaire dans les supermarchés est non seulement globalement trop sucrée, mais les prix orientent aussi les consommatrices et consommateurs vers des produits encore plus sucrés. Une enquête de Foodwatch, publiée ce jour, confirme une réalité inquiétante qu’on devinait : les produits les moins chers, souvent issus des marques de distributeur, contiennent en moyenne davantage de sucre que les produits plus onéreux. Cette tendance accentue les inégalités d’accès à une alimentation saine et interpelle sur la responsabilité des géants de la grande distribution. Résultat, les ménages les plus modestes, contraints de se tourner vers ces gammes économiques, consomment malgré eux plus de sucres ajoutés, aggravant ainsi les inégalités face à la santé.

Foodwatch a examiné plus de 400 références de produits alimentaires dans 12 catégories différentes. Pain de mie, petits pois en conserve, pizzas, biscottes ou crackers : autant d’aliments que l’on pourrait croire relativement neutres d’un point de vue nutritionnel, et pourtant souvent enrichis en sucres ajoutés. L’association met en lumière un constat frappant : si l’on souhaite réduire sa consommation de sucre, il faut s’orienter vers des produits plus chers. Cette inégalité dans l’accès à une alimentation saine repose en grande partie sur les pratiques des grandes enseignes, qui façonnent leurs marques distributeur en fonction de critères de coût au détriment de la qualité nutritionnelle.

Le sucre joue un rôle clé dans la fabrication des produits industriels. Peu coûteux, il permet de relever les saveurs, d’améliorer la conservation et de donner envie d’en consommer davantage. Cette stratégie, si elle satisfait les exigences de rentabilité des industriels, va à l’encontre des recommandations des autorités sanitaires. L’excès de sucres simples, absorbés rapidement par l’organisme, est un facteur de risque avéré pour le développement de maladies chroniques telles que l’obésité, le diabète de type 2 et les troubles cardiovasculaires. Pourtant, malgré ces avertissements, l’industrie agroalimentaire continue de recourir massivement aux sucres ajoutés, y compris dans des produits salés.

Un exemple emblématique de cette dérive est celui des jus de fruits. Considérés à tort comme une alternative saine, ces boissons, contiennent des sucres dits « libres ». Certains jus peuvent ainsi contenir jusqu’à dix grammes de sucre pour 100 millilitres, soit autant qu’un soda classique. Pourtant, les fabricants n’hésitent pas à apposer sur leurs bouteilles la mention « sans sucre ajouté », laissant penser à un produit bénéfique pour la santé. Cette mention, qui ne signifie que l’absence de sucres supplémentaires en dehors de ceux naturellement présents, est autorisée depuis 2016 après une intense pression des lobbies agroalimentaires sur la Commission européenne.

Face aux critiques croissantes concernant l’omniprésence du sucre dans l’alimentation, l’industrie a cherché à se tourner vers des édulcorants. Ces additifs, qui reproduisent le goût sucré sans apporter de calories, sont largement utilisés dans les produits « light » ou « sans sucre ». Cependant, les bénéfices de ces substituts sont loin d’être prouvés. Selon l’Organisation mondiale de la santé, remplacer les sucres libres par des édulcorants n’a pas démontré d’efficacité sur la perte de poids à long terme. Pire, certaines études récentes, notamment celles de l’INSERM, pointent des risques accrus de développer des cancers ou des maladies métaboliques chez les consommateurs réguliers de ces produits. En 2023, plusieurs organismes internationaux ont conclu que l’aspartame pourrait être « potentiellement cancérogène » pour l’homme.

Outre la problématique de la teneur en sucre, Foodwatch met en lumière une autre difficulté majeure : le manque de transparence sur les étiquettes. Le sucre peut être dissimulé sous une multitude de noms différents, parfois méconnus du grand public, comme le dextrose, la maltodextrine ou encore le sirop de glucose-fructose. Cette diversité des appellations rend difficile l’identification de la quantité de sucres réellement ajoutés dans les produits. De plus, les étiquettes ne distinguent pas les sucres naturellement présents dans les ingrédients bruts de ceux ajoutés au cours de la fabrication. Le consommateur n’a donc accès qu’à une information partielle, insuffisante pour faire des choix éclairés.

Cette enquête révèle une fracture alimentaire profonde, où l’accès à une alimentation saine devient une question de moyens financiers. Pour Foodwatch, les grandes enseignes ont une responsabilité directe dans cette situation. Elles décident non seulement des recettes de leurs marques distributeur, mais aussi des prix appliqués dans leurs magasins. L’association appelle ainsi les géants de la grande distribution à modifier leurs pratiques en réduisant la teneur en sucres de leurs produits économiques. Une pétition est disponible ici.

Sans une régulation stricte et une volonté politique forte, il semble difficile d’imaginer un changement radical des pratiques industrielles. Pourtant, l’urgence est là : la consommation excessive de sucre est un enjeu majeur de santé publique, et l’inaction ne fera qu’aggraver les inégalités déjà existantes.

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