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Jean Laigret : le Blésois qui sauve encore des vies aujourd’hui

L’avenue du Docteur Jean Laigret est un axe majeur de la ville de Blois, mais il serait bien dommage d’associer cet illustre nom à une voie de circulation.

Dans l’histoire médicale française, rares sont les chercheurs qui peuvent se targuer d’avoir eu un impact aussi déterminant que Jean Laigret sur la santé mondiale. Né à Blois en 1893, ce savant a découvert un vaccin contre la fièvre jaune, une maladie dévastatrice et souvent fatale en seulement quatre jours.

En Route vers Dakar puis l’Institut Pasteur de Tunis

Jean Laigret fait ses études de médecine à l’école principale du service de Santé de la Marine à Bordeaux. Son engagement dans la Première Guerre mondiale le voit servir dans différents régiments, y compris les tirailleurs sénégalais. Blessé en 1915, il est honoré de la Croix de guerre pour son courage.

Suite à un séjour au Congo, en France et à Saïgon, Laigret est envoyé en mission à Dakar pendant une violente épidémie de fièvre jaune entre 1926 et 1928. Diplômé de l’Institut Pasteur, il s’associe avec le Dr. Sellards de l’université de Harvard. Après des mois de recherches laborieuses, ils parviennent à isoler le virus de la fièvre jaune en 1927. C’est la première étape cruciale vers la création d’un vaccin.

En 1931, Laigret rejoint l’Institut Pasteur de Tunis, accueilli à bras ouverts par Charles Nicolle, professeur au Collège de France. Impressionné par les premiers travaux de Laigret, Nicolle lui offre l’opportunité de poursuivre ses recherches sur la fièvre jaune. Le tandem Laigret-Sellards est reformé lorsque ce dernier revient de Boston. Leurs efforts aboutissent en 1932, quand Nicolle annonce à l’Académie des sciences la création d’un vaccin contre la fièvre jaune.

Le Feu Vert Présidentiel

Grâce à un décret présidentiel signé par Albert Lebrun en 1934, Laigret obtient l’autorisation de tester le vaccin à Dakar. Le succès est retentissant. En deux ans, plusieurs millions de personnes en Afrique-Occidentale française sont vaccinées, transformant le visage de la santé publique sur le continent.

Le combat continue

Mais Jean Laigret ne s’arrête pas là. En collaboration avec Nicolle, il poursuit des recherches sur d’autres maladies tropicales. Parallèlement à ses activités de recherche, il est nommé chargé de conférences dans les facultés de médecine de Paris, puis d’Alger et de Strasbourg jusqu’à sa retraite en 1960.

Une fin paisible

Jean Laigret se retire à Molineuf où il meurt le 11 mars 1966. Mais son héritage vit encore aujourd’hui. Chaque année, grâce à son vaccin, des vies sont sauvées et des épidémies évitées.

En outre, le Dr. Laigret n’était pas juste un savant ; il était un héros en temps de guerre et de paix. Malgré les défis posés par son époque, notamment la révocation par le gouvernement de Vichy en 1941, Laigret a continué à se battre pour la science et pour l’humanité.

La Fièvre jaune aujourd’hui

La fièvre jaune est une infection virale aiguë qui se transmet généralement de singes à humains, ainsi qu’entre humains, par l’intermédiaire de moustiques du genre Aedes agissant comme hôtes intermédiaires et vecteurs de la maladie. Bien que le vaccin (efficace) soit disponible, cette affection continue d’être une source majeure de maladies hémorragiques dans divers pays d’Afrique et d’Amérique du Sud.

Le mot « jaune » dans « fièvre jaune » renvoie à la jaunisse, un symptôme que certains patients manifestent. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il y a environ 200.000 cas de fièvre jaune chaque année dans le monde, entraînant près de 30.000 décès. En outre, la fièvre jaune est aussi une maladie que les voyageurs non vaccinés peuvent contracter dans des zones endémiques et ensuite développer une fois rentrés de leur voyage.

La principale méthode pour prévenir la fièvre jaune est la vaccination. Le vaccin est à la fois sûr et très efficace, avec une seule dose suffisant pour offrir une protection à vie et une immunité durable contre la maladie. En l’espace de 30 jours après la vaccination, 99% des personnes vaccinées bénéficient d’une immunité efficace.

En Bref

Jean Laigret, chercheur blésois et homme de valeur, a eu une influence considérable sur la médecine moderne. Grâce à son courage, son ingéniosité et son incroyable dévouement, les vies de millions de personnes ont été améliorées. Il est de ces individus qui incarnent la persévérance, l’excellence et l’empathie. À Blois comme dans le monde entier, le nom de Jean Laigret mérite d’être célébré et commémoré.

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