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L’histoire des Gonzales et du portrait d’Antonietta au château de Blois

L’histoire de la famille Gonzales, et en particulier celle d’Antonietta Gonsalvus, représente une rencontre singulière entre la science, l’art et les croyances culturelles de la Renaissance. Cette famille, marquée par une maladie génétique rare, l’hypertrichose universelle, fut perçue comme une curiosité naturelle fascinant les cours royales européennes. Le portrait d’Antonietta, réalisé par Lavinia Fontana, est aujourd’hui conservé au château royal de Blois, où il surprend encore les visiteurs par son originalité et son élégance. Cette toile illustre la double perception de l’époque : une curiosité exotique mais aussi une jeune fille noble et éduquée, intégrée à la société aristocratique de son temps. Ce portrait est aujourd’hui conservé au château royal de Blois, où il surprend encore les visiteuses et visiteurs par son originalité et son élégance.

Une famille aux origines extraordinaires

La famille Gonzales trouve ses racines aux îles Canaries, où naquit Pietro Gonzales, le père d’Antonietta. Atteint d’hypertrichose, une maladie causant une pilosité extrême sur tout le corps, Pietro fut offert en cadeau au roi Henri II de France. Il arriva à la cour royale en 1547 et y fut rapidement perçu comme une curiosité exceptionnelle. Cependant, au lieu d’être marginalisé, Pietro Gonzales reçut une éducation soignée et fut intégré au cercle aristocratique.

Marié à une femme noble non atteinte d’hypertrichose, il eut plusieurs enfants, dont Antonietta. Malheureusement, plusieurs de ses descendants héritèrent de sa maladie. Cette particularité physique attira l’attention des médecins, des scientifiques et des artistes, qui observèrent et représentèrent la famille dans leurs travaux.

Le portrait d’Antonietta par Lavinia Fontana

Le portrait d’Antonietta Gonsalvus, réalisé par Lavinia Fontana vers 1583, constitue une œuvre emblématique de cette fascination pour les « étrangetés naturelles ». Lavinia Fontana était l’une des rares femmes peintres reconnues de la Renaissance, et son talent pour capturer la noblesse et l’élégance de ses modèles transparaît dans cette toile.

Dans ce tableau, Antonietta est représentée dans une tenue richement ornée, portant une robe de brocart et tenant une lettre en italien. Cette lettre donne des indications sur son histoire personnelle : « Don Pietro, homme sauvage, a été ramené des îles Canaries à Sa Majesté Henri, roi de France. Il se trouve aujourd’hui chez Sa Majesté le duc de Parme, à qui moi, Antonietta, j’ai jadis appartenu avant d’être chez Donna Isabella Pallavicina, marquise de Soragna. »

Ce texte montre qu’Antonietta était considérée comme un être à la fois précieux et exotique, échangé entre les cours royales comme un objet rare. Cependant, son statut de noble lui permit de recevoir une éducation raffinée et d’être traitée avec respect.

Une curiosité scientifique et culturelle

La famille Gonzales fut largement documentée par les savants de l’époque. Le médecin italien Ulisse Aldrovandi fut l’un des premiers à décrire Antonietta dans son ouvrage Monstrorum Historia, un catalogue d’anomalies humaines et animales publié en 1642. Aldrovandi présente Antonietta comme une jeune fille dont le corps était entièrement recouvert de poils, hormis le contour des narines et des lèvres. D’autres savants, comme Felix Platter, un médecin suisse, observèrent également les membres de la famille lors de leur passage à Bâle. Platter fit exécuter des portraits des enfants Gonzales et consigna ses observations dans un livre d’études médicales.

De la réalité au mythe : l’inspiration de La Belle et la Bête

L’histoire de la famille Gonzales a laissé une empreinte durable dans la culture populaire. Elle serait à l’origine du célèbre conte La Belle et la Bête. Ce récit, popularisé au XVIIIe siècle par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, met en scène une jeune fille qui apprend à aimer un homme au physique monstrueux mais au cœur noble. Le mariage de Pietro Gonzales avec une jeune femme noble, malgré son apparence inhabituelle, aurait inspiré cette histoire. Ce conte fut ensuite repris et adapté par de nombreux auteurs et artistes, dont Jean Cocteau au cinéma en 1946 et Walt Disney en 1991.

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