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Les fontaines de Blois : une histoire ancrée

Les anciens disent souvent que l’eau est le sang d’une ville, un élément vital qui lui confère son essence et son caractère. À Blois, l’histoire de l’eau a façonné sa vie, son esthétique et ses traditions. Aussi par ses fontaines.

Bien précieux

« Blois est glorieuse en fontaines et magnifique en aqueducs« , proclamait l’historien de l’abbaye de Saint-Laumer, le frère Noël Mars, en 1646. C’est une citation que l’on peut trouver dans « Blois de A à Z » de Bruno Guignard (édition Sutton). Ce sentiment reflète la précieuse relation de Blois avec ses eaux. À une époque où l’eau potable était rare et souvent contaminée, les fontaines d’eau vive de Blois représentaient une rareté et un luxe.

Des origines antiques aux défis modernes

Si l’on se fie à l’histoire, les aqueducs alimentant les fontaines de Blois datent de l’époque romaine. Même sans preuve concrète, les mentions de cet aqueduc au Moyen Âge, notamment la « fontene de l’arsiz » en 1278, témoignent de son ancienneté. Ces aqueducs, merveilles architecturales, puisaient leur eau d’infiltration et la dirigeaient vers un réservoir appelé le Gouffre, qui servait ensuite à alimenter les fontaines de la ville.

Mais le temps, comme toujours, a apporté des défis. En 1511, face à des problèmes d’alimentation en eau, de grands travaux furent entrepris. Avec l’expertise du fontainier Pierre Valence, les tuyaux de plomb d’origine furent remplacés par de la terre cuite. De plus, la fontaine de l’hôpital Saint-Jacques fut relocalisée, devenant la fontaine Saint-Jacques que l’on connaît aujourd’hui.

Un patrimoine aquatique à préserver

De nombreuses fontaines, témoins du passé de Blois, subsistent encore. La fontaine Louis XII, par exemple, malgré les changements drastiques de son environnement depuis le XVIe siècle, demeure fière et solennelle. Elle est l’une des survivantes des bombardements de 1940 dans son quartier.

La fontaine du Poids le Roi, avec sa disposition originale à deux façades, était une autre merveille. Malheureusement, détruite en 1893, elle a été remplacée par une borne-fontaine.

Suite aux rénovations de 1511, de nouvelles fontaines virent le jour, comme la fontaine de l’Image Notre-Dame. Certaines ont survécu à l’épreuve du temps, comme celle de l’Hôtel de Ville, d’autres ont disparu avec la guerre.

Un témoignage vivant de l’histoire

Des aqueducs romains à la fontaine commandée par le baron Corbigny au XIXe siècle, Blois continue de chérir son héritage aquatique. En se promenant dans les rues de Blois, chaque fontaine raconte une histoire.

Fontaine de Corbigny

Initiée en 1805 à l’instigation du baron Louis de Corbigny, préfet de Loir-et-Cher, cette fontaine s’insère dans une vaste campagne d’embellissement et de réaménagement urbain. L’œuvre est conçue par Alexandre Pinault, architecte départemental, et ornée par la sculptrice blésoise Julie Charpentier. Elle y sculpte un bas-relief symbolisant le département, coiffé de deux têtes en bronze : celle de la Loire à droite et celle du Cher à gauche. Après avoir été déplacée à plusieurs reprises, la fontaine a finalement trouvé son emplacement actuel.

Fontaine Saint-Jacques

La fontaine Saint-Jacques demeure la seule fontaine de Blois approvisionnée par l’eau du Gouffre (voir ci-dessous), bénéficiant d’un débit faible mais constant grâce à l’aqueduc. Initialement, elle se trouvait de l’autre côté de la rue du Commerce, dans la cour de l’hospice Saint-Jacques, qui servait d’escale aux voyageurs et pèlerins en route vers Compostelle. Cependant, en raison de sa sombre réputation, elle est déplacée en 1511, à la suite de remarques disant qu’on « n’y voyait pas clair et qu’il s’y déroulait des actes indécents »

Le gouffre

Depuis leur origine, les fontaines de Blois tirent leur eau du plateau de Beauce. L’eau s’infiltre et est acheminée par un aqueduc de près de 500 mètres, creusé dans le coteau depuis le quartier des Basses Granges, situé au nord-ouest de la ville. Cet aqueduc débouche dans un réservoir nommé le Gouffre, une cavité taillée dans la pierre d’une profondeur de 7 mètres. En 1511, Pierre de Valence y installe un petit édifice en pierre et, au XVIIIe siècle, un escalier est ajouté pour faciliter l’accès à l’eau. Un second aqueduc, rénové en 1744, transporte l’eau depuis le Gouffre jusqu’à la rue Porte-Côté. Sa grande taille facilite l’accès aux conduits pour les réparations. De là, des tuyaux distribuent l’eau aux différentes fontaines. De nos jours, la fontaine Saint-Jacques est la seule encore approvisionnée par l’eau du Gouffre.

Fontaine Saint-Martin

L’appellation « Saint-Martin » rappelle une ancienne église du XIIIe siècle qui n’existe plus. Après les dégâts de la Seconde Guerre mondiale, l’architecte Aubert est mandaté pour réaménager la place. Bien qu’il ait souhaité déplacer la fontaine Louis XII vers l’emplacement actuel de la fontaine Saint-Martin, il n’obtient pas l’aval de l’État. A la place, il crée une nouvelle fontaine avec une gargouille historique et un bassin.

La Fontaine Louis XII : de « L’Arsis des comtes de Blois » au monument historique

Érigée pour la première fois au XIIIe siècle, elle témoigne des efforts continus déployés pour préserver le patrimoine de la ville. Originellement nommée « L’Arsis des comtes de Blois » en raison de sa proximité avec les vastes halles commerciales instaurées par les comtes près de l’abbaye de Bourg-Moyen, cette fontaine a traversé les époques avec splendeur.

Une précédente structure avait vu le jour au XIIIe siècle près du marché au grain avant d’être détruite. C’est sous le règne de Louis XII, au début du XVIe siècle, que cette source urbaine fut remise à jour. Cela coïncida avec les travaux entrepris par le maître fontainier Pierre de Valence, qui avait la charge de la refonte des systèmes de canalisation à Blois.

En 1492 et 1515, la fontaine bénéficia de rénovations majeures, bien que son allure originale demeurât inchangée. L’expertise de Pierre de Valence permit l’édification de nombreuses autres fontaines et puits entre 1512 et 1525, marquant une époque faste pour la cité.

Le XVIe siècle marqua un tournant pour la fontaine qui, désormais renommée « La Grande Fontaine », allait encore changer d’identité. Avec la création de la place Louis-XII entre 1819 et 1823, elle fut relocalisée, adoptant définitivement le nom de « Fontaine Louis XII » en 1820. Bien que mal entretenue et sur le point de tomber en ruines, elle résista à la démolition et fut classée monument historique en 1840. Cette reconnaissance permit sa restauration en 1893.

La Seconde Guerre mondiale, malgré ses nombreux ravages, épargna miraculeusement cette fontaine. En 1940, alors que le centre-ville de Blois était en grande partie détruit par les bombardements, la Fontaine Louis-XII demeura debout. Un second souffle lui fut donné en 1988 grâce à des travaux de restauration.

Louis 12

Aujourd’hui, la Fontaine Louis-XII demeure un symbole vivant de la riche histoire de Blois.

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