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Loir-et-Cher : moins de naissances, plus de décès

Parmi les indicateurs démographiques scrutés chaque année, deux tendances se confirment avec acuité dans la dernière livraison de l’Insee consacrée au Centre-Val de Loire : la poursuite du recul de la fécondité et l’accentuation du déficit naturel. Loin de constituer des soubresauts conjoncturels, ces évolutions s’inscrivent dans des dynamiques structurelles désormais bien ancrées. Le Loir-et-Cher n’échappe pas à cette lente érosion.

Une région encore féconde, mais en perte de vitalité

Avec un indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établissant à 1,67 enfant par femme en 2024, la région Centre-Val de Loire reste, en valeur relative, parmi les plus fécondes de France métropolitaine. Elle dépasse la moyenne nationale (1,59) et se maintient, avec l’Île-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et les Hauts-de-France, parmi les territoires où les naissances par femme restent les plus élevées. Pourtant, cette apparente vitalité masque une baisse continue de la fécondité depuis plus d’une décennie.

Le recul est net : l’ICF régional a chuté de 1,83 en 2022 à 1,70 en 2023, avant d’atteindre son plus bas niveau depuis 30 ans en 2024. Loin du seuil de renouvellement des générations (2,07 enfants par femme), cette tendance contribue directement à l’augmentation du déficit naturel, c’est-à-dire l’excès des décès sur les naissances.

Un solde naturel désormais fortement négatif

Les chiffres sont sans appel : 23 000 enfants sont nés en 2024 dans la région, soit 500 de moins qu’en 2023, représentant une baisse de 2,2 %. Cette chute, plus modérée que celle observée l’année précédente (-7,4 %), s’inscrit dans un mouvement amorcé dès 2010. Depuis cette date, le recul des naissances est de 25,1 %, atteignant le niveau le plus faible observé depuis un demi-siècle.

Dans le même temps, les décès repartent à la hausse (+1,1 % en 2024), après un repli temporaire en 2023. Le nombre total de décès atteint 28 400, creusant un déficit naturel de -5 400 personnes. Il s’agit d’une aggravation nette par rapport aux années précédentes, où le solde migratoire (arrivées moins départs) pouvait encore compenser partiellement ce déséquilibre. Ce n’est plus le cas.

L’explication tient en grande partie à la structure d’âge de la population : près d’un quart des habitants de la région a plus de 65 ans, et les générations du baby-boom arrivent aux âges de forte mortalité. Cette évolution démographique, conjuguée à la baisse de la fécondité, rend mécaniquement le maintien naturel de la population de plus en plus improbable.

Le Loir-et-Cher, entre stabilisation et déséquilibre croissant

Dans ce paysage régional contrasté, le Loir-et-Cher occupe une position intermédiaire, marquée par une stabilité apparente de sa population, mais une détérioration silencieuse de ses fondamentaux démographiques. Le solde naturel du département est négatif depuis 2015, et les chiffres de 2024 confirment l’aggravation du phénomène.

Le nombre de naissances a reculé de 3,1 %, tandis que les décès ont progressé de 3,1 % également, soit la plus forte hausse, avec l’Eure-et-Loir, observée dans la région. Cette double évolution accentue le déséquilibre démographique. La fécondité, bien qu’inférieure au niveau du Loiret (1,81 enfant par femme), reste légèrement au-dessus de la moyenne nationale, mais n’atteint plus le seuil de renouvellement des générations.

Le vieillissement du Loir-et-Cher, comme dans l’ensemble du Centre-Val de Loire, s’accompagne aussi d’une diminution de la « population féminine en âge de procréer » (20 à 40 ans), passée de 356 000 en 1995 à 291 500 en 2024 dans la région. Le départ des jeunes pour des raisons d’études ou d’emploi accentue localement cette tendance.

Un virage démographique durable

À l’échelle régionale comme départementale, les perspectives démographiques à moyen terme ne laissent guère place à l’ambiguïté. Le recul de la natalité, conjugué à l’augmentation du nombre de décès, ne peut plus être amorti par un solde migratoire aujourd’hui stabilisé. Dans le Loir-et-Cher, comme ailleurs, cette situation appelle une lecture attentive des effets induits, qu’il s’agisse de l’offre scolaire, de la structuration des services de santé ou de la planification des politiques de l’habitat.

Ce rapport de l’Insee met en lumière une transition démographique lente mais profonde, que les politiques publiques devront impérativement intégrer. Car si la population reste stable en apparence, c’est sa composition qui se transforme : moins de jeunes, plus de seniors, et un ralentissement marqué de la dynamique naturelle. Une réalité qui impose un autre regard.

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