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Marc Gricourt sur l’usine Poulain : « Des pistes n’ont pas été suffisamment exploitées »

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Ce jeudi à Villebarou, près de Blois, une manifestation a rassemblé plus de 200 personnes, incluant employés et acteurs politiques, devant l’usine locale de la chocolaterie Poulain pour protester contre sa fermeture annoncée, affectant 109 emplois. Fondée en 1848, la chocolaterie Poulain est une référence économique locale, mais la décision de Carambar & Co, son propriétaire depuis 2017, prévoit l’arrêt des activités d’ici fin 2024. Un comité social et économique (CSE) extraordinaire devait se tenir, marquant le début de négociations intenses, avec un appel fort des syndicats à maintenir le site et les emplois. Mais un vice de procédure (relevé par l’intersyndicale) a entraîné le report du CSE. Tout cela n’est que partie remise, mais Marc Gricourt, Maire de Blois et vice-président de la Région Centre-Val de Loire, est certain que des alternatives viables sont de l’ordre du possible.

Blois Capitale : Comment appréciez-vous la situation ?

Marc Gricourt : Quand nous nous trouvons face à une réalité factuelle démontrant qu’un outil de production ne peut plus satisfaire les attentes d’une entreprise en termes de bénéfices, etc., nous en prenons acte. Si le marché s’effondre, nous en prenons acte également. Actuellement, ce n’est pas le cas. Nous sommes dans une situation où l’outil de production est surdimensionné par rapport à la production, mais celle-ci n’est pas en baisse, elle est stable, et nous avons une marque confirmée qui se porte bien, qui font partie du groupe Carambar & Co. Ce groupe est dirigé par des actionnaires, dont l’actionnaire majoritaire détient 60 % des actions. Il s’agit d’un fonds d’investissement financier, et traditionnellement, dans ce monde économique libéral, après environ quatre à six ans, ils décident de vendre le groupe. Les potentiels acquéreurs ont évidemment examiné avec précision la situation du groupe et ont remarqué qu’il y avait une question sur le site de production de Blois. Pour faciliter la vente, ils ont simplement décidé de fermer ce site et de transférer la production ailleurs, possiblement à l’étranger, pour satisfaire les attentes des actionnaires. Le groupe Eurazeo, un groupe français, joue un rôle important dans l’accompagnement et le rachat d’entreprises. Nous sommes toujours, c’est la démonstration, dans un système qui se préoccupe principalement des actionnaires, ce qui provoque justement la colère de façon juste des salariés, des élus et des habitants. Nous attendons de pouvoir avoir des échanges avec le conseil d’administration. Des solutions existent.

Blois Capitale : Quelles sont les actions et solutions possibles ?

Marc Gricourt : Des responsables économiques, notamment de l’agroalimentaire, m’ont interpellé en disant qu’une solution est évidemment possible, à condition qu’elle soit souhaitée par Eurazeo, l’actionnaire principal. On peut imaginer que le groupe Carambar & Co accepte de se séparer de la marque Poulain, bien que cela lui pose problème puisque la marque se porte bien. On peut trouver un repreneur potentiel. Nous pourrions aussi envisager que la région accompagne ces démarches pour créer une SCOP, qui permettrait d’impliquer les collectivités, l’actionnariat populaire et les salariés, et de sauver ce site historique qui fait partie de notre ADN local et français. Une marque connue qui a marqué toutes les générations depuis 180 ans et qui a encore la capacité de survivre. La mobilisation commence aujourd’hui. Tous les élus, de différents bords politiques, sont là en soutien aux salariés, ce que je salue. Mais au-delà du soutien aux salariés, qui est primordial, il est essentiel d’être à leurs côtés pour reporter la fermeture du site, se remettre autour de la table et trouver véritablement des solutions. Je suis convaincu que le groupe Carambar & Co n’a pas exploré toutes les solutions possibles.

Blois Capitale : La priorité est de sauver le site ou que la marque Poulain reste à Blois…

Marc Gricourt : Le site de production de Poulain à Blois pourrait être divisé, la réduction de la production pourrait aussi être une solution à court terme, comme cela se fait ailleurs. Un plan social pourrait être envisagé pour amortir cette période et garantir la productivité de l’entreprise. Il y a des pistes qui n’ont pas été suffisamment exploitées. Nous avons véritablement compris avec Christophe Degruelle, mais aussi le maire de Villebarou, que quand nous avons été reçus au début de l’année par le président du groupe Carambar & Co, Marc Auclair, la décision de fermeture était déjà prise. Il nous a enfumés, il nous a induits en erreur en nous faisant part de perspectives, de partenaires. Nous allons interroger le ministère, on veut connaître le nombre d’entreprises qui ont été approchées pour conforter la production sur ce site.

Blois Capitale : Il y a moyen d’aller au bras de fer ?

Marc Gricourt : Nous laissons les salariés porter ce combat, qui au-delà de la sauvegarde de leur emploi, connaissent la réalité de l’entreprise et sont convaincus qu’une issue favorable au maintien du site de production est possible. Ils sont en mission, soutenus par leurs organisations syndicales et nous, les élus, sommes là aussi, je représente la région et la Ville de Blois. Les citoyens également. Car il y a une pression qui est indispensable. Elle se traduit ce matin pour faire changer la stratégie de l’actionnaire principal et du groupe Carambar & Co.

Blois Capitale : Porterez-vous bientôt ce type de sujet à l’Assemblée nationale ?

Marc Gricourt : Ecoutez. Encore faudrait-il que je sois à l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, j’ai déclaré ma candidature à la candidature, mais elle n’est pas confirmée. Mais évidemment, cela démontre qu’il y a aussi, dans ce pays et en Europe, des évolutions indispensables à envisager concernant le fonctionnement de notre économie, de notre économie européenne, et même de notre économie mondiale. Par exemple, il serait judicieux d’introduire en France, dans les entreprises et dans les conseils d’administration, une participation plus importante des salariés pour être plus attentifs au fonctionnement et à la vie des entreprises. Des évolutions sont indispensables, avec un État qui s’implique davantage. Les ambitions de réindustrialisation par le président de la République sont légitimes, nous les partageons tous, quel que soit notre bord politique. Mais il faut que cela se traduise aussi dans la réalité. Sur cette situation particulière, j’attends la parole et l’engagement au plus haut sommet de l’État.

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