[Municipales 2026] Malik Benakcha : « C’est une rencontre entre un homme et les Blésois »

Six ans après sa première candidature aux municipales de Blois, Malik Benakcha se déclare de nouveau. À dix mois de l’échéance, il prend les devants face à une union des partis encore en gestation, revendique une trajectoire constante, une maîtrise des dossiers et une légitimité construite sur le terrain.
La conquête municipale exige une incarnation. C’est, en substance, le message que Malik Benakcha martèle depuis qu’il a officialisé, le 15 mai 2025, sa candidature aux élections municipales de Blois. Dans un paysage politique local où se joue une recomposition du centre à la droite – via « Unis pour Blois » – entre Les Républicains, l’UDI, le MoDem, mais également Renaissance, le Parti Radical valoisien et diverses figures de la société civile, l’élu d’opposition revendique une voix propre : non pas contre les partis, mais en avance sur eux. « Je suis membre des Républicains depuis plus de dix ans. J’ai toujours été le premier à appeler à l’union. Mais l’union des partis, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante », explique-t-il dès les premières minutes de notre entretien.
L’exigence de cohérence traverse tout son discours. Pour lui, ce n’est pas simplement l’union des étiquettes qui permettra d’arracher Blois à la majorité sortante, mais la capacité à s’inscrire dans la durée, à construire une légitimité patiente, et surtout à proposer un visage alternatif crédible à Marc Gricourt. « Ce que j’observe, c’est que les partis s’unissent, se réunissent. C’est une bonne chose. Mais pendant ce temps, je suis sur le terrain. Et je constate que, concrètement, il n’y a aujourd’hui que deux figures qui occupent le terrain en continu : Marc Gricourt et moi. »
Une temporalité politique irréconciliable avec celle des partis
Ce que Malik Benakcha conteste, ce n’est pas l’idée d’un rassemblement : c’est sa lenteur, sa logique interne, sa déconnexion supposée d’avec les réalités locales. « Le temps des partis, c’est celui des réunions, des discussions, des arbitrages nationaux. Moi, je ne peux pas attendre les commissions d’investiture d’octobre ou de novembre. Ce n’est pas le même temps politique. Mon temps, c’est celui du terrain, de la campagne, des rencontres. »
Il le dit clairement : la politique municipale est, avant tout, une affaire d’incarnation. C’est, à ses yeux, ce qui a permis à Marc Gricourt de se maintenir depuis 2008. « Il ne gagne pas parce qu’il est PS ou LFI. Il gagne parce qu’il est Marc Gricourt. » D’où cette conviction : pour espérer battre le maire sortant, il faut lui opposer une figure stable, connue, cohérente. Pas une personnalité parachutée, ni désignée par défaut.
Sécurité, commerce et pouvoir d’achat
Candidat en 2020, Malik Benakcha ne se présente pas les mains vides. « J’ai porté un programme pendant la dernière campagne. J’ai eu accès aux dossiers pendant six ans. Et j’ai fait évoluer ce projet en fonction des réalités. » Il prend l’exemple de la foncière commerciale, qu’il ne défendait pas explicitement il y a cinq ans et qu’il place aujourd’hui au cœur de son action future : « C’est un levier puissant pour redynamiser le commerce en centre-ville. Un investissement de 15 millions d’euros, certes, mais rentable et moins coûteux que le théâtre ou la passerelle. »
Son triptyque est clair : sécurité, commerce, pouvoir d’achat. Sur la sécurité, il revendique une forme de reconnaissance institutionnelle : « Toutes les propositions que j’avais faites en 2020 ont été mises en œuvre. Elles ont été reprises. C’est la preuve que j’avais vu juste. » Sur le commerce, il veut agir sans délai : une campagne de porte-à-porte débutera dès la semaine prochaine, avec un document distribué aux commerçants pour les informer de leur droit à s’inscrire sur les listes électorales à Blois. « Ce sont eux qui sont les premiers affectés par l’inefficacité municipale. »
Quant au pouvoir d’achat, il l’aborde par le biais de la fiscalité locale. « Il faut remettre de la rationalité dans les dépenses publiques. Aujourd’hui, la majorité dépense sans compter. Il faut mettre fin à la gabegie. » Il avance des chiffres : 150 000 euros pour faire fonctionner le futur théâtre, plus de 100 000 euros pour l’espace Lorjou à l’Hôtel-Dieu, 200 000 euros pour la Fondation du doute. Et il évoque, à rebours, les projets « invisibilisés » comme celui porté par le président du Blois Foot, qui propose de financer un terrain de sport sur ses propres deniers. « Peu de villes ont la chance d’avoir un mécène aussi engagé. Et pourtant, ce projet est ignoré. »
Une autre idée du rassemblement
Si Malik Benakcha refuse la logique du retrait, c’est aussi parce qu’il affirme qu’une partie de l’électorat attend sa candidature. « Depuis 2020, des Blésois me suivent, souhaitent que je sois candidat. Je ne peux pas les décevoir. » Il dit aussi qu’il ne cherche pas à être seul : « Je suis solidaire de Gildas Vieira et d’Étienne Panchout. Nous nous sommes opposés, parfois vigoureusement. Mais nous avons appris à nous connaître. Et aujourd’hui, nous avons acté le fait que nous ne serons pas candidats les uns contre les autres. » Il insiste sur la nuance : solidarité ne signifie pas alignement immédiat. « Je ne leur demande pas de se rallier à ma candidature maintenant. Je leur demande d’être bienveillants et constructifs. » Il évoque aussi Mathilde Desjonquères, qu’il invite à le rejoindre : « Elle est reconnue pour sa proximité avec le terrain. Nous avons des priorités communes. »
La proposition du sondage
Au cœur de sa stratégie : un outil, le sondage. L’élu de droite y revient à plusieurs reprises. Il dit avoir proposé, dès 2024, de faire réaliser un sondage local sur les intentions de vote, afin d’objectiver le choix du candidat commun. « J’étais prêt à le financer. Cette idée n’a pas été retenue, sans doute parce que certains redoutaient le résultat. » Cette absence de consensus a nourri sa décision d’entrer officiellement en campagne. « Je n’ai pas vu émerger de candidature plus légitime que la mienne. J’étais prêt à m’effacer, mais ce n’est pas arrivé. Alors j’y vais. »
Ce sondage reste, selon lui, un outil encore disponible pour apaiser les tensions à venir. « Je ne suis pas dans une logique de jusqu’au-boutisme. Si un sondage montre que quelqu’un d’autre est mieux placé que moi pour gagner, je me retirerai. » Mais il met en garde : refuser de consulter la population, c’est prendre le risque de « désigner un candidat sans légitimité ».
Une droite assumée, mais ouverte
Malik Benakcha ne cherche pas à masquer son étiquette politique. « Je suis un homme de droite. Je l’ai toujours dit. Si je suis soutenu par Les Républicains, je serai candidat LR. Sinon, je serai divers droite. Mais je ne ferai pas semblant. » En se déclarant dix mois avant l’échéance, Malik Benakcha joue la carte de l’endurance. Il dit vouloir créer une dynamique longue, structurée, fondée sur un contact permanent avec les Blésois. Il affirme qu’en 2020, « quelques mois de plus » lui auraient permis de mettre Marc Gricourt en ballotage. En 2026, il veut prendre cette avance. « Mon sujet n’est pas d’être contre le maire. Mon sujet, c’est de dire qu’il y a un souffle qui s’éteint, et qu’il faut en proposer un autre. »
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