Pas d’enfants à la rue : mobilisation, recours, réunion et témoignages
La Cimade, la Ligue des droits de l’homme, le Collectif de soutien aux demandeurs d’asile, et bien sûr le Collectif « Pas d’Enfants à la Rue » sont au cœur de la lutte cette semaine, à Blois, afin de défendre des familles sans cesse menacées de se retrouver sans abri. Chaque jour des rassemblements populaires sont organisés devant la préfecture pour faire pression sur celle-ci, mais aussi sur le voisin, le conseil départemental. Plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel mercredi, dont les élus Marc Gricourt et Christophe Degruelle. Ce jeudi encore, il y aura mobilisation à 17h30, au même endroit. La lutte des collectifs et organisations aux côtés des familles se fait également en justice, avec ce jeudi les premiers recours au tribunal administratif d’Orléans.
Mais l’urgence, c’est qu’au jour le jour aucune famille ne soit à la rue, à Blois. Julien Colin, au nom du Collectif « Pas d’Enfant à la Rue », s’est félicité des résultats obtenus grâce à la mobilisation : « Oui, c’est encore une petite victoire ce mercredi soir : les familles logées à l’hôtel Class’Eco de Vineuil peuvent rester une nuit de plus. Nous remercions la mairie de Vineuil qui a, ce matin, pesé de tout son poids pour gagner auprès de la préfecture une nuit supplémentaire. Cela signifie que l’action collective menée, accompagnée par un nombre significatif d’élus, fait reculer, jour après jour, la préfecture. Le rassemblement quotidien montre que, face à la pression, la préfecture recule. Cette victoire souligne que plus nous serons unis, entre familles et citoyens, plus nous serons forts pour faire reculer la préfecture et le conseil départemental. À la connaissance des collectifs et associations, il n’y aurait, ce soir, pas d’enfants à la rue à Blois. C’est un point essentiel », a-t-il souligné.
Une réunion vendredi matin
Les élus de la ville de Blois, de Vineuil, de Saint-Gervais-la-Forêt, de la Chaussée-Saint-Victor, ainsi que le CIAS et la région Centre-Val de Loire, discutent, proposent et mettent la pression sur les instances compétentes, notamment la préfecture et le conseil départemental. « Continuons à leur montrer que nous sommes avec eux pour renforcer cette pression, qui doit devenir insupportable pour ces décisionnaires isolés dans leurs tours d’ivoire« , a lancé Julien Colin. D’ailleurs, le préfet a décidé d’une réunion, vendredi à 11h, concernant tous les acteurs politiques impliqués dans l’hébergement d’urgence. « Nous espérons qu’elle débouchera sur de très bonnes nouvelles, commente Julien Colin. « Le maire de Saint-Gervais nous a informés que les choses avançaient de son côté, notamment concernant la mise à disposition d’un local. Le collectif ‘Pas d’Enfants à la Rue’ lutte pour une chose : un toit pour chaque enfant. Les nuits d’hôtel coûtent extrêmement cher, et le projet Rocheron, qui devrait accueillir des familles dans quelques semaines et est soutenu à la fois par le conseil départemental et la préfecture, permettra un meilleur confort et de meilleures conditions de vie pour quelques enfants. Nous nous félicitons de cette avancée. Cependant, le site du centre de formation du SDIS à Vineuil est sous-utilisé et contient une vingtaine de chambres disponibles. Malgré les dires de Monsieur Gouet, président du conseil départemental, le pilote décisionnaire reste le conseil départemental, étant donné que le conseil d’administration du service départemental d’incendie et de secours est majoritairement composé de conseillers départementaux et de maires. Mesdames et Messieurs les conseillers départementaux, les maires, les administrateurs du SDIS, acceptez-vous qu’un équipement public, financé par les contribuables, soit sous-utilisé alors que vous étiez prêts à mettre à la rue une trentaine de familles le 1er avril ?«
« Tout ce que nous demandons, c’est de l’aide »
Les collectifs et associations présents auprès des familles et des enfants réclament une seule chose : un toit. Car les situations sont inhumaines. Comme le ressent la petite Aïcha : « Je suis à l’école Jules Ferry. Je suis en CE2. Je veux avoir une maison. Je veux que tout le monde ait une maison parce que ce n’est pas bien pour les enfants de dormir à la rue. Et je veux aller à l’école. »
Une collégienne subissant cette situation témoigne aussi : « Je suis arrivé ici en 2018, cela fait donc six ans que nous sommes là. Dans une même pièce, nous sommes cinq personnes, ce qui nous laisse très peu d’espace. Mon petit frère et moi nous y sentons particulièrement à l’étroit, notamment lorsque j’essaie de faire mes devoirs, je trouve difficile de me concentrer. Cette situation nous a contraints à changer de ville à plusieurs reprises. Et puis être dehors, c’est compliqué pour nous ; mon petit frère, qui n’a que deux mois, ne peut pas vraiment être exposé dehors à cause de son jeune âge, ce qui rend les choses encore plus difficiles pour nous. Voilà, c’est pour ces raisons que je trouve notre situation particulièrement éprouvante. »
Un père de famille veut aussi faire comprendre la situation : « Personne ne trouve le sommeil ; parents, enfants, femmes, tous sont inquiets. On nous promet de l’aide, mais la question persistante est : comment allons-nous faire pour dormir demain ? On nous demande de quitter l’hôtel, mais sans solution de rechange, nos enfants ne peuvent pas aller à l’école, faute de stabilité. Chaque jour apporte son lot de problèmes. Tout ce que nous demandons, c’est de l’aide pour garantir à nos enfants une scolarité normale et pour trouver un lieu de vie stable. Nous pouvons rester une nuit de plus à l’hôtel, et nous nous demandons anxieusement ce que demain nous réserve. Sans aide, de nombreux enfants se retrouveront à la rue. Nous sommes dépourvus de tout. Je suis un père de famille avec deux enfants. Nous sommes quatre à partager une petite chambre. Mon aîné a 11 ans. Imaginez notre situation, mais nous n’avons pas le choix. Nous implorons votre aide. Nous ne sommes pas des criminels pour être traités de la sorte. Dans un pays de droit, tout ce que nous demandons, c’est de l’aide. Nous vous demandons de vous mettre à notre place : nous sommes des pères de famille impuissants et désespérés. »