La question de l’agriculture et de son influence sur le climat suscite de vives discussions. Récemment, la recommandation de la Cour des Comptes de réduire le cheptel bovin pour des raisons écologiques a provoqué la colère des éleveurs. Cependant, Élisabeth Borne, ministre de l’Agriculture, a tenté de calmer le jeu en affirmant que l’élevage a un avenir en France malgré le changement climatique. Mais est-il nécessaire de réduire le nombre d’animaux d’élevage pour assurer cet avenir ?
D’ici à 2050, le secteur agricole doit réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015. Pour atteindre cet objectif, il est possible de mettre en place de meilleures pratiques agricoles, telles que la réduction des émissions de méthane des ruminants ou le développement de l’élevage extensif. Ces mesures peuvent avoir des effets bénéfiques sur l’environnement.
Élisabeth Borne souligne que chaque année, les prairies françaises stockent huit millions de tonnes de CO2, ce qui doit être pris en compte. Toutefois, selon Thomas Bonvillain, chercheur à l’Institut de l’économie pour le climat, ces nouvelles pratiques ne permettront peut-être de couvrir qu’un quart ou un tiers des changements nécessaires, ce qui ne suffira pas. La réduction du cheptel est envisagée dans tous les scénarios de transition agricole. Les inquiétudes des éleveurs sont justifiées, car cette transition entraînera des coûts sociaux liés à la réorganisation, ainsi que des difficultés pour les agriculteurs à vendre leurs exploitations.
Il est donc essentiel de soutenir sérieusement la profession agricole pour faciliter cette transition. La Cour des Comptes souligne également cette nécessité dans son rapport. L’enjeu principal est désormais de clarifier le modèle agricole vers lequel la France souhaite évoluer afin d’accompagner les éleveurs dans cette transition.
Cependant, il est inutile de réduire le cheptel en France si les habitudes alimentaires des Français ne changent pas. En effet, si la demande de viande ne diminue pas, cela pourrait entraîner une augmentation des importations, ce qui nuirait à la filière française sans bénéfice pour le climat. Il est important de noter qu’en France, la consommation individuelle de viande, qu’elle soit rouge ou blanche, a connu une forte baisse entre 1970 et 2013, mais stagne depuis 10 ans. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, il est également nécessaire que les politiques publiques encouragent les consommateurs, les distributeurs et les restaurateurs à accorder une plus grande place aux menus végétariens.