Proposition de loi visant à interdire l’usage de l’écriture inclusive : où en sommes-nous ?
L’écriture inclusive, qui a suscité un large débat en France ces dernières années, est de nouveau sous les projecteurs avec l’adoption, le mercredi 25 octobre 2023, par la commission de culture, de l’éducation et de la communication, d’une proposition de loi visant à en limiter l’usage. Ce texte sera discuté au Sénat en séance publique ce lundi 30 octobre 2023 à partir de 21h30.
Qu’est-ce que l’écriture inclusive ?
Selon une circulaire de 2017, l’écriture inclusive désigne « les pratiques rédactionnelles et typographiques visant à substituer à l’emploi du masculin, lorsqu’il est utilisé dans un sens générique, une graphie faisant ressortir l’existence d’une forme féminine« . Cette démarche est notamment manifeste à travers l’usage du point médian, comme dans « résident·e·s ».
Quels sont les principaux arguments contre cette écriture ?
Pour les opposants, principalement représentés par la droite sénatoriale et certains académiciens, l’écriture inclusive est une menace pour la lisibilité et la prononciation des textes. Ils estiment que cette pratique constitue un obstacle à l’apprentissage et est en décalage avec la tradition orale de la langue française. De plus, ce lundi le Président de la République, Emmanuel Macron, lors de l’inauguration de la Cité internationale de la langue française, a dénoncé l’écriture inclusive, soulignant que « dans cette langue, le masculin fait le neutre ».
Quelles modifications ont été apportées par la commission ?
Le texte a subi des évolutions notables. La commission a :
- Précisé l’interdiction en y incluant des néologismes comme « iel ».
- Ajouté une sanction de nullité pour les actes juridiques utilisant cette écriture.
- Étendu l’interdiction aux publications des personnes publiques ou privées ayant une mission de service public.
Que prévoit précisément la proposition ?
La proposition envisage d’interdire l’écriture inclusive dans divers domaines : enseignement, contrats de travail, actes juridiques et autres documents officiels.
Quid du côté des linguistes et de l’Académie Française ?
La question divise. L’Académie Française voit dans l’écriture inclusive un « péril mortel », tandis que certains linguistes rappellent que la langue a évolué au fil du temps et que l’écriture inclusive peut être perçue comme une étape naturelle de cette évolution.
Quelle est la probabilité que la loi soit adoptée ?
La proposition pourrait être adoptée au Sénat, dominé par la droite et le centre. Cependant, son avenir à l’Assemblée reste incertain, des textes similaires ayant été rejetés par le passé.
Bref, l’écriture inclusive reste un sujet clivant en France. Si certaines voix dénoncent une menace pour la langue française, d’autres y voient un moyen d’évoluer vers une société plus égalitaire. Le débat sur cette proposition de loi promet d’être animé et pourrait, une fois de plus, diviser l’hémicycle.