Repenser notre mobilité : Les enjeux et solutions explorés par Aurélien Bigo
Dans un monde où la dépendance à la voiture est devenue omniprésente, la question de trouver des solutions durables pour repenser notre mobilité est primordiale. Aurélien Bigo, chercheur spécialiste des mobilités, propose un nouvel éclairage sur ce sujet crucial à travers son livre intitulé « Voitures » (Tana Editions), qui sera publié le 25 mai prochain. Cet ouvrage promet de mettre en lumière les enjeux profonds liés à notre dépendance à la voiture et de proposer des pistes concrètes pour y remédier.
Les idées et les recherches d’Aurélien Bigo seront présentées lors d’une conférence prévue en septembre prochain à Blois. Cet événement promet d’être une occasion unique d’explorer les défis et les solutions possibles pour sortir de notre dépendance à la voiture.
L’hypermobilité est devenue une réalité incontournable de notre époque, avec des conséquences majeures sur notre quotidien et sur l’environnement. Dans une interview accordée à « 20 minutes », Aurélien Bigo, chercheur spécialiste des mobilités, explore cette ère de l’hypermobilité et met en évidence les caractéristiques clés de ce phénomène.
Un élargissement des horizons de déplacement
Selon Aurélien Bigo, l’hypermobilité se caractérise par un net élargissement de nos horizons de déplacement grâce à l’accélération des mobilités motorisées au cours des dernières décennies. Les distances parcourues ont considérablement augmenté, avec des trajets quotidiens avoisinant les 26 kilomètres pour les Français, voire près de 50 kilomètres en incluant les déplacements longue distance. Cela est rendu possible par la multiplication de notre vitesse par dix, notamment grâce aux avancées technologiques dans les domaines de l’aviation, du train à grande vitesse, des navires et surtout de la voiture.
La prédominance de la voiture
La voiture est devenue l’élément central de nos mobilités, représentant environ les deux-tiers de nos trajets quotidiens. Ce changement majeur s’est opéré après la Seconde Guerre mondiale, passant d’une voiture pour 25 habitants en 1950 à une voiture pour deux en 2000. La voiture offre des avantages indéniables tels que la rapidité, la praticité et la flexibilité, mais son essor a été favorisé par l’augmentation du niveau de vie, l’abondance du pétrole bon marché et des politiques publiques largement favorables à l’industrie automobile.
Les multiples impacts négatifs
L’hypermobilité a un coût élevé, comme le souligne Aurélien Bigo. Au-delà des émissions de gaz à effet de serre, la fabrication des voitures nécessite l’extraction de ressources et de matières premières, ainsi que la consommation d’espaces considérables. Les routes et les parkings ont un impact significatif sur la biodiversité et compliquent l’adaptation au changement climatique (1,1 million de km de routes en France sans compter les places de stationnement). La possession d’une voiture crée également des inégalités sociales et a des conséquences néfastes sur la santé, notamment en termes de pollution sonore et atmosphérique. Enfin, les accidents de la route, bien que leur nombre ait diminué, restent responsables d’environ 3 000 décès par an en métropole. Posséder une automobile coute, en moyenne, 4.000 euros par an.
Repenser notre mobilité
Pour répondre aux défis posés par l’hypermobilité, il est essentiel de repenser notre dépendance à la voiture et d’explorer des solutions alternatives durables. L‘électrification de la voiture apparaît comme une réponse prometteuse, en particulier dans les pays où la production d’électricité est largement décarbonée. Cependant, cela ne doit pas être considéré comme la seule solution. Aurélien Bigo souligne la nécessité d’évaluer précisément nos besoins de mobilité, d’explorer une variété d’options alternatives telles que la marche, le vélo, les transports en commun, le covoiturage, l’autopartage (un collectif existe désormais à Blois pour cette alternative) et de promouvoir une approche globale et cohérente des politiques de transport.
En bref
L’ère de l’hypermobilité constitue un défi majeur pour notre société. En prenant conscience des impacts négatifs de notre dépendance à la voiture et en explorant des solutions alternatives durables, nous pourrons construire un avenir où la mobilité est plus équilibrée, respectueuse de l’environnement et accessible à tous. Il est temps d’agir et de repenser notre manière de nous déplacer pour préserver notre planète et améliorer notre qualité de vie. Comme le souligne Aurélien Bigo, « la voiture ne va pas disparaître, mais il faudrait passer de son utilisation dans deux-tiers de nos trajets à un tiers ».