Saint-Denis-sur-Loire : un pommier pour sceller l’engagement d’Agglopolys pour l’eau

Le 9 avril 2025, une cérémonie symbolique s’est tenue au pied du château d’eau de Saint-Denis-sur-Loire. En plantant un pommier « Reinette Marbrée d’Auvergne« , Agglopolys et la Confédération paysanne ont affirmé leur volonté commune d’agir pour la protection des captages et la transition agricole sur les zones sensibles à la pollution diffuse.
À l’origine de ce geste, un dialogue entamé à l’automne 2024 entre Agglopolys et la Confédération paysanne, qui avait sollicité une rencontre autour de l’impact des pratiques agricoles sur la qualité de l’eau. La collectivité avait répondu en janvier 2025 par un courrier listant les mesures déjà engagées et les nouveaux leviers d’action à l’étude.
Un représentant du syndicat agricole a pris la parole en ouverture pour rappeler l’importance du sujet : « C’est en tant que citoyen agriculteur que je prends la parole. Réjouissons-nous de la volonté d’Agglopolys de mettre en place des zones de protection pour des points de captage. » Il a salué la démarche, tout en soulignant sa difficulté : « Sujet complexe, parce qu’il pourrait confronter deux besoins : celui de l’accès à l’eau potable, droit commun et fondamental protégé par la loi, et celui du revenu paysan, du revenu agricole quand on remet en cause les pratiques de culture. »
L’objectif pour la Confédération n’est pas de dénoncer mais de construire : « Pour nous, l’idée n’est pas de confronter, mais de proposer des solutions gagnantes pour toutes et tous, et d’abord localement, en interdisant les produits polluants sur des zones prioritaires pour l’humanité, et en intervenant auprès des agriculteurs et agricultrices concerné·es, en offrant des perspectives de revenus grâce au soutien financier insufflé par Agglopolys pour le changement des pratiques sur ces zones. »
« Une ardente nécessité »
Christophe Degruelle, président d’Agglopolys, a pris la suite en saluant l’esprit de coopération : « L’idée de planter un arbre fruitier ici est un beau symbole. Un beau symbole de notre partenariat. » Il a rappelé le lien entre politiques de l’eau et agriculture : « Entre les nécessités d’une agriculture respectueuse et nos responsabilités au titre de l’eau, il y a évidemment beaucoup de passerelles. »
Insistant sur la nécessité d’un pilotage à une échelle pertinente, il a dénoncé le freinage opéré au niveau parlementaire : « Je regrette qu’au Sénat il y ait eu cette volonté de ralentir le transfert de la compétence aux intercommunalités en 2026. Nous, on avait déjà pris la compétence, donc on n’est pas impactés, mais aujourd’hui tout le monde voit bien que penser l’eau, c’est évidemment au minimum à l’échelle intercommunale. » Pour le président de l’agglomération, l’enjeu impose une approche globale : « On est vraiment dans une approche systémique des choses. […] La nécessité d’avoir une ressource propre, préservée, qui permette à une agriculture de circuit court, bio, respectueuse de la nature, de prospérer, est pour nous, à l’agglomération, une nécessité, une ardente nécessité. »
Un plan d’action en plusieurs volets
Sur le plan opérationnel, Agglopolys va lancer au deuxième trimestre 2025 un diagnostic sur l’aire d’alimentation du captage d’Averdon, en vue de définir un plan d’action. Sous réserve budgétaire, des études seront aussi engagées pour identifier les aires d’alimentation des forages de Saint-Denis-sur-Loire et Fossé.
D’autres leviers sont également mobilisés : la collectivité est depuis 2018 compétente en gestion des milieux aquatiques, et contribue au financement des syndicats qui œuvrent à l’amélioration de la qualité des masses d’eau. Une démarche de paiements pour services environnementaux (PSE) est envisagée à l’horizon 2028, avec l’Agence de l’eau. La possibilité d’acquérir des terres agricoles dans les zones les plus sensibles est également à l’étude.
Filières locales et restauration collective
Aux côtés du Pays des Châteaux, Agglopolys entend poursuivre également sa politique de soutien à l’agriculture durable. Plusieurs actions sont programmées ou reconduites en 2025 : promotion des circuits courts, diagnostic territorial sur l’agriculture biologique (axé sur le maraîchage), soutien à la prise en charge des coûts de certification bio, appui à la structuration de débouchés en restauration collective dans le cadre du Projet Alimentaire Territorial, et participation à une filière régionale de pain bio avec Bio Centre.
Le pommier planté provient du verger conservatoire de Mont-près-Chambord. « C’est un symbole de plus, parce que le travail qui y est fait autour du conservatoire montre bien qu’il faut qu’on apprenne aussi à avoir une arboriculture, elle aussi, respectueuse de l’environnement ».
Un arbre pour le long terme
Laure-Anne Chapelle, directrice du cycle de l’eau, a insisté, comme Christophe Degruelle, sur la nécessité de penser l’eau dans sa continuité, du grand au petit cycle, et sur le fait que la crise actuelle est le fruit d’une trajectoire. Elle ne peut ignorer le poids de l’histoire : « La préservation et l’accès à la ressource, on ne part pas d’une terre vierge, on ne part pas d’un point zéro. On s’inscrit dans une évolution historico-économique. » Mais aujourd’hui il s’agît de changer de paradigme.