Une coopération franco polonaise entre ingénieurs et paysagistes en herbe
Une collaboration franco polonaise se développe actuellement à Blois grâce à l’initiative de l’Association des Ingénieurs et Techniciens Polonais en France, dirigée par Krystyna Lizard, représentée par Jerzy Nizinski, et Michel Pillefer. Ce projet vise à créer des ponts entre deux institutions : l’École des Mines de Cracovie* et l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Blois. Cette coopération internationale promet d’ouvrir des horizons pour les ingénieurs, les paysagistes en herbe des deux pays.
Un partenariat à grande échelle
L’École des Mines de Cracovie, l’un des plus prestigieux établissements universitaires polonais, accueille 19.000 étudiants et dispose d’un budget annuel de 300 millions d’euros. Forte de ses ressources et de sa réputation, elle s’est engagée à collaborer avec l’INSA, en région Centre-Val de Loire, et à favoriser l’échange d’étudiants et de savoirs.
Cette initiative, menée localement avec M. Michel Pillefer, a vu ses premières concrétisations en 2021-2022. « Une délégation polonaise, avec le vice-président de l’École des Mines et le responsable des relations internationales, est venue en France pour des discussions », explique Jerzy Nizinski. « Après ces échanges, une pré-convention a été signée, et peu après, la délégation française, incluant Michel Pilfer et le directeur de l’INSA, Yann Chamaillard, s’est rendue à Cracovie pour officialiser cette collaboration. » Les premières retombées ont déjà pris forme, notamment avec des échanges d’étudiants entre les deux institutions.
Fusion entre art et technique : une vision innovante
L’un des aspects les plus intéressants de cette coopération réside dans la jonction entre l’École du Paysage de l’INSA, à Blois, et l’Université Agronomique de Cracovie**. L’école blésoise forme des paysagistes avec une forte dimension artistique, alors que l’université de Cracovie, de son côté, se concentre sur des compétences techniques en horticulture, pédologie et climatologie.
« Nous avons constaté avec Michel Pillefer qu’il existait une complémentarité évidente entre ces deux établissements », explique Jerzy Nizinski. « Ici, à Blois, on retrouve une forte composante artistique, tandis qu’à Cracovie, les étudiants bénéficient d’une approche technique. Il s’agissait donc de trouver une façon de fusionner ces deux approches. »
Un projet local aux retombées internationales
En plus de cette collaboration franco-polonaise, une opportunité locale s’est présentée : l’association avec le lycée horticole de Blois, qui propose des formations allant du baccalauréat professionnel au BTS. En mettant en lien ces étudiants avec l’université agronomique de Cracovie, l’idée est d’offrir des parcours de formation enrichis et des échanges internationaux. « Nous avons discuté avec les directions des lycées horticoles de Vendôme, Montoire et Blois pour envisager des conventions qui permettraient à leurs élèves d’accéder à des cursus universitaires en Pologne, comme le programme Erasmus », précise Nizinski.
Une mise en valeur du patrimoine paysager local
Un autre aspect de ce partenariat concerne un projet de réaménagement paysager à Blois. L’idée est d’impliquer les jeunes Polonais de l’école du paysage de Cracovie dans des projets concrets, des études de cas, tout en créant une dynamique avec les élèves locaux. « Nous avons proposé à la municipalité de Blois un projet de gestion des espaces verts, qui serait encadré par des scientifiques. Cela permettrait aux étudiants de travailler sur des projets de management de l’environnement, tout en offrant des solutions innovantes à la ville. »
Barbara Czesak, professeure encadrant les onze étudiant.es de 20 à 25 ans in situ jusqu’à jeudi, détaille ce qui est en cours. « Nous allons créer un petit système d’information géographique pour les espaces verts de Blois. Nous collectons donc simplement les emplacements des arbres et nous numérisons les différentes zones vertes gérées à Blois. Nous avons rencontré les très sympathiques Hélène Demonchaux et Nathalie Bernard, qui nous ont fait visiter et nous ont expliqué comment les espaces verts sont gérés à Blois. C’était vraiment intéressant. »
A Cellettes, le maire Joël Rutard a invité les étudiant.es à travailler sur des projets d’aménagement du Beuvron. « Une collègue à moi, Barbara Olczak, qui était ici la semaine dernière, et les étudiants ont fait des photographies de cette zone. Lors du prochain semestre en Pologne, ils vont travailler sur différentes idées pour cet espace », précise Barbara Czesak.
L’initiative s’étend aussi au domaine privé. « Grâce à notre contact avec Catherine et François-Noël Desfemmes, propriétaires du Château de Conon, nous avons proposé de soumettre un projet d’aménagement de ce site unique qu’est le Musée-promenade Louis Derbré. L’utilisation de technologies modernes, comme les drones, permet d’analyser cet espace et de proposer des solutions créatives comme des lasers. »
« Nous allons faire voler un drone, explique Victoria, une étudiante polonaise. Nous allons prendre des photos et créer une carte que nous utiliserons pour analyser la zone, avec l’application Q-Field. Nous allons faire un inventaire de toutes les sculptures et modéliser en 3D. » Après quelques mois de travail, les étudiant.es soumettront leur projet aux propriétaires, qui décideront de l’application.
Une coopération pleine de promesses
Ce projet s’inscrit dans une démarche pédagogique novatrice. « Pour les étudiants, c’est une occasion unique de mettre en pratique leurs compétences dans un cadre réel, sous la supervision d’experts. Cela pourrait également être une aubaine pour la ville de Blois, en permettant de moderniser et de valoriser son patrimoine paysager », conclut Monsieur Nizinski.
Si cette coopération entre ingénieurs et paysagistes franco-polonais en herbe est encore au stade initial, elle porte déjà en elle des perspectives ambitieuses.
*Akademia Górniczo-Hutnicza im. Stanisława Staszica w Krakowie / **Uniwersytet Rolniczy im. Hugona Kołłątaja w Krakowie