Yvan Saumet : « On m’a souvent proposé d’entrer en politique, mais j’ai toujours refusé »
Figure influente du développement économique dans le Loir-et-Cher, Yvan Saumet a connu un parcours riche et diversifié. Pendant 25 ans, il a œuvré dans l’expertise comptable chez KPMG à Paris, principalement auprès des PME, offrant un accompagnement aux dirigeants. En tant qu’expert-comptable diplômé et commissaire aux comptes, il s’est investi dans la diversité des secteurs économiques, privilégiant le conseil à la simple révision des comptes. Son approche visait à briser l’isolement des entrepreneurs, les aidant à éclairer leurs choix tout en respectant leur autonomie décisionnelle.
La suite de l’histoire s’écrit loin de KPMG, dans le Loir-et-Cher, lorsque des médecins de Blois qu’il avait précédemment conseillés l’ont recontacté, ayant besoin d’aide pour comprendre et concrétiser des stratégies qu’il leur avait exposées. Cela l’a conduit à s’investir profondément dans le regroupement des trois cliniques locales en une Polyclinique moderne, impliquant le rachat d’actions et la supervision de l’opération complexe. Ce projet ambitieux a marqué une nouvelle étape dans sa carrière, le menant à consacrer 15 années au secteur de la santé. Il a également lancé le centre médical Thérae et la crèche interentreprises Parcadix.
En parallèle, Yvan Saumet a assumé bénévolement la présidence de la Chambre de commerce de Loir-et-Cher pendant 11 ans, jouant un rôle clé dans le développement local. Lorsqu’il a cédé ses parts dans le groupe de santé, il a choisi de réinvestir dans le territoire, créant le projet Fleur de Loire, un hôtel de luxe qui, rive gauche, s’intègre dans le patrimoine local. Aujourd’hui, Yvan Saumet est également président de Territoires Développement CVL, une structure visant à soutenir des projets économiques régionaux. Son action bénévole se concentre notamment sur le secteur du tourisme, avec une vision stratégique qui met en avant l’importance d’une intuition aiguisée, d’une prise de risques mesurée et d’une persévérance inébranlable. De tout cela et plus, parlons-en.
Blois Capitale : Vous semblez avoir une forte appétence pour la stratégie, que ce soit dans le conseil ou dans l’action. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Yvan Saumet : Absolument. Ce qui m’intéresse, c’est de voir les choses avancer. La gestion quotidienne ne me passionne pas autant, et heureusement, j’ai toujours été entouré de personnes compétentes pour s’en charger. Ce que j’aime, c’est partir de rien, imaginer un projet, et le voir se concrétiser des années plus tard. Cela nécessite de l’analyse, de la stratégie, et aussi de la capacité à écouter pour comprendre le marché et ses besoins. C’est fascinant de construire des projets qui répondent à des attentes ou même de créer une demande.
Blois Capitale : Quelles qualités sont nécessaires pour réussir dans ce domaine ?
Yvan Saumet : Il faut savoir écouter et avoir de l’intuition, souvent basée sur une observation attentive de ce qui nous entoure. L’intuition, c’est ce qui vous pousse à agir. Par exemple, pour Fleur de Loire, je n’avais pas prévu de le faire moi-même, mais l’idée est née d’un besoin identifié que personne n’avait comblé. Prendre des risques est aussi essentiel. Ce n’est pas du poker, mais une prise de risque calculée. La réalisation demande beaucoup de travail et de persévérance. Vous affrontez quotidiennement des défis qui peuvent remettre en question le projet, mais il faut rester déterminé. Le stress fait partie du processus, mais il ne doit pas devenir paralysant ; c’est une énergie qui vous pousse à avancer.
Blois Capitale : Votre projet pour la Polyclinique a donc été un heureux hasard, tandis que Fleur de Loire est né d’une vision ?
Yvan Saumet : En effet, la Polyclinique a été une opportunité qui m’a été présentée, tandis que Fleur de Loire vient d’une analyse stratégique et d’une intuition forte. J’ai toujours aimé construire des projets de A à Z, même lorsqu’il s’agit de domaines que je ne maîtrisais pas, comme la crèche interentreprises. C’était une promesse aux infirmières qui travaillaient avec nous, et nous avons tout appris pour réaliser ce projet. Cela montre que chaque projet a sa propre histoire, mais ce qui les relie, c’est l’envie de faire avancer les choses pour le bien commun.
Blois Capitale : Le projet de la crèche interentreprises était une promesse faite aux infirmières ?
Yvan Saumet : Exactement, les infirmières m’avaient fait comprendre combien une crèche faciliterait leur quotidien. Bien que je n’y connaissais rien au départ, j’ai tenu ma promesse. C’était un projet novateur à l’époque, et même si les crèches privées sont aujourd’hui courantes, ce fut une aventure nouvelle pour moi, mais extrêmement enrichissante. Chaque initiative est née d’un besoin particulier, d’une promesse ou d’une vision. J’ai toujours été motivé par l’idée de rendre service, d’apporter des solutions qui facilitent la vie des gens, qu’il s’agisse de structures de santé, de services sociaux, ou même de projets touristiques comme Fleur de Loire. Chacune de ces actions répondait à un besoin clairement identifié, avec un objectif de long terme pour le territoire.
Blois Capitale : Qu’est-ce qui vous pousse à vous investir autant dans des projets qui semblent si différents les uns des autres ?
Yvan Saumet : Ce qui m’inspire, c’est le potentiel d’impact positif que ces projets peuvent avoir sur la communauté. C’est extrêmement gratifiant de voir qu’une idée qui a pris naissance sur une page blanche finit par devenir une réalité tangible qui profite à tous. J’aime cette idée de laisser un héritage utile, de créer des choses qui perdurent et qui améliorent le quotidien des habitants de notre région. Cela me donne l’énergie de continuer, malgré les obstacles.
Blois Capitale : L’humain est central dans votre démarche ?
Yvan Saumet : Absolument. Je m’agace lorsque l’on parle de gestion purement comptable, surtout dans le secteur de la santé. Gérer les finances de manière responsable ne signifie pas que l’argent doit être dépensé sans tenir compte de l’humain. La gestion comptable doit être au service des personnes, jamais l’inverse. Je dis toujours qu’il n’y a pas de hiérarchie humaine entre un chirurgien et une personne de l’accueil ou une agent de nettoyage. Chaque rôle est complémentaire et indispensable au bon fonctionnement de l’organisation. J’ai toujours essayé d’être sincère et de montrer du respect pour chacun. Ce n’est pas une posture ; c’est une conviction. Je suis capable de faire le ménage. Je n’ai aucun complexe à le faire, et je me souviendrai toujours de mon architecte qui me disait lors d’un transfert : « Mais monsieur Saumet, ce n’est pas à vous de passer le balai ! » Mais bien sûr que c’est à moi de le faire, puisque c’est utile de le faire tout de suite et je sais le faire ! Pour moi, il n’y a pas de tâches ‘nobles’ ou ‘indignes’. Tout ce qui est nécessaire mérite d’être fait avec sérieux et respect.
Blois Capitale : Vous avez une influence économique majeure dans la région, et forcément, les politiques doivent s’intéresser à vous. Comment gérez-vous cette relation ?
Yvan Saumet : On m’a souvent proposé d’entrer en politique, mais j’ai toujours refusé. Je n’étais pas sûr d’avoir les qualités nécessaires pour réussir dans ce domaine, et je n’aimais pas l’idée de devoir suivre des instructions strictes sans pouvoir agir librement. Ce qui m’intéresse, c’est d’accompagner les projets et de travailler de manière constructive. J’essaie d’inspirer les actions sans m’imposer. Travailler avec les élus en place, quels qu’ils soient, me paraît plus productif que de les confronter. Je suis convaincu que ma crédibilité vient du fait que je n’ai aucune ambition personnelle derrière mes propositions. Par exemple, le projet de la Halle Gourmande à Blois est quelque chose que je soutiens parce que j’y crois, pas parce que j’en tire un bénéfice. C’est ce genre de projet qui peut améliorer la vie des habitants, et c’est ce qui m’importe.