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Yvan Saumet livre les leviers à activer pour un meilleur système de santé

Fondateur de la Polyclinique de Blois et du centre médical Thérae, Yvan Saumet connait parfaitement le système de santé. Fort de son expérience de 15 ans dans la gestion de cliniques et de projets médicaux, il s’interroge sur les failles structurelles et les solutions nécessaires pour garantir des soins de qualité. Entre bureaucratie excessive, mauvaise allocation des ressources et manque de transparence, il appelle à une réforme courageuse et cohérente.

Des structures hospitalières coûteuses et inefficaces

Pour Yvan Saumet, l’un des principaux problèmes réside dans le maintien de structures hospitalières mal adaptées. « Nous avons en France un système coûteux qui maintient des hôpitaux partout, même quand ils ne répondent pas aux normes internationales. » Et il cite en exemple l’Allemagne, où une réforme, menée par le chancelier Gerhard Schröder au début des années 2000, avait réduit le nombre d’hôpitaux de moitié, afin de rationaliser les ressources et de garantir des plateaux techniques de qualité, conformes aux normes. « Les plateaux techniques doivent être robustes pour garantir plus de soins que de complications. Maintenir des hôpitaux sous-dimensionnés est une illusion dangereuse et inefficace. »

Dans le Loir-et-Cher, il relève un paradoxe : « Nous avons quatre plateaux techniques pour 400 000 habitants, alors que dans d’autres pays, un seul suffit pour ce nombre. » Une surabondance de structures qui contribue à des dépenses importantes sans réelle qualité des soins, juge-t-il.

Recentrer sur la médecine de proximité

Selon Saumet, l’hôpital ne doit pas être le cœur du système. « L’hôpital est un lieu par défaut, réservé aux cas graves. Ce sont les médecins de proximité, qu’ils soient libéraux ou salariés, qui devraient être au centre du dispositif. » Il souligne que les moyens sont mal alloués : « On a investi massivement dans des grands hôpitaux devenus des monstres administratifs ingérables. Ce n’est pas le coût des soins qui pose problème, mais celui de la bureaucratie. » Il milite pour le renforcement des maisons de santé et la disponibilité accrue des médecins généralistes. « La proximité, ce n’est pas d’avoir un hôpital à côté de chez soi, mais d’avoir un professionnel de santé accessible rapidement. »

Le modèle de la médecine libérale à réhabiliter

Yvan Saumet déplore également la dégradation du modèle de la médecine libérale. « Nous avons cassé un système performant, car il créait des jalousies. Les médecins libéraux gagnaient bien leur vie, mais ils offraient une qualité de soins qui nous plaçait parmi les meilleurs au monde. » Il rappelle que la France, autrefois en tête des classements internationaux en matière de santé, a vu sa position chuter ces dernières décennies.

En 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) classait la France au premier rang mondial pour la performance de son système de santé. Cependant, au cours des deux dernières décennies, la position de la France dans les classements internationaux a décliné. Selon le rapport « Health at a Glance 2021 » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la France se situe désormais en milieu de tableau parmi les pays membres en termes d’indicateurs de santé tels que l’espérance de vie en bonne santé et la mortalité évitable.

La transparence : un enjeu clé

Une autre faiblesse du système français, selon Yvan Saumet, est l’absence de transparence. « Dans d’autres pays, les performances des médecins sont accessibles en ligne. Ici, c’est un sujet tabou. » Il estime que ce manque d’information renforce la méfiance des patients, qui préfèrent parfois se faire soigner ailleurs pour des opérations importantes.

Le cas des maternités : des risques sous-évalués

Dans son analyse, Yvan Saumet s’attarde sur le sujet des maternités, qu’il considère comme un exemple flagrant de dysfonctionnement. « Une maternité qui réalise moins de 1 000 accouchements par an ne peut pas offrir les garanties de sécurité nécessaires. Il faut des équipes complètes : pédiatres, anesthésistes, obstétriciens. » Il dénonce l’illusion de sécurité que ces petites structures offrent, alors que les statistiques montrent une augmentation des risques pour les mères et les nouveau-nés.

Des fermetures nécessaires

Pour améliorer la qualité des soins, Yvan Saumet considère que des fermetures sont inévitables. « Nous devons regrouper les plateaux techniques pour garantir des équipes robustes et des infrastructures adaptées. Mais cela demande du courage politique. » Il critique la réaction des autorités face à ces décisions. « Quand un directeur d’ARS ferme une maternité pour des raisons de sécurité, il est sanctionné. Pourtant, ces décisions sont souvent justes et nécessaires. »

Vers une politique de santé cohérente

Yvan Saumet appelle à une refonte globale du système de santé. « Il faut arrêter de promettre l’impossible. Concentrons les moyens sur ce qui est réellement utile : la médecine de proximité et les plateaux techniques centralisés pour les cas graves. » Il conclut en soulignant l’urgence d’une communication claire et honnête avec les citoyens : « Si on veut retrouver un système performant et sûr, il faut expliquer les choix, même s’ils sont impopulaires. Cela demande du courage et une vision à long terme. »

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