Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !
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Comment l’isolement social des aînés s’étend

Les futurs professionnels de santé du Loir-et-Cher sont déjà parmi vos proches !

Le 10ᵉ Baromètre des Petits Frères des Pauvres consacré à la solitude et à l’isolement des personnes de plus de 60 ans en France, rendu public en septembre 2025, dresse un constat sombre. Il confirme ce que l’édition de 2021 avait déjà laissé entrevoir : l’isolement social des aînés s’étend, touche de plus en plus durement les plus fragiles et menace désormais près de 750 000 personnes d’une « mort sociale ». L’association, qui accompagne chaque jour des milliers de personnes âgées isolées grâce à l’engagement de ses bénévoles, met en garde contre une aggravation à venir. Si rien n’est entrepris, ce sont 1 000 000 d’aînés qui pourraient, d’ici 2030, basculer dans l’isolement extrême.

Ce rapport prend place dans un contexte démographique implacable. L’Insee prévoit une hausse de 50 % des 75-84 ans d’ici la fin de la décennie, et une progression comparable des 85 ans et plus entre 2030 et 2040. Avec l’âge, les cercles relationnels s’amenuisent, les décès de proches se multiplient, les liens familiaux s’espacent, et ce sont précisément les plus âgés qui apparaissent les plus exposés à l’isolement. À cette donnée biologique et sociale s’ajoute un autre facteur aggravant : la pauvreté. Le taux de pauvreté des personnes âgées est en constante progression et a atteint 11,4 % en 2023, dans un contexte où le minimum vieillesse reste très en deçà du seuil de pauvreté. Les chiffres rassemblés par le Baromètre établissent clairement cette corrélation entre fragilité économique et solitude accrue.

Depuis la crise sanitaire, la société française a pris conscience de l’importance des liens sociaux, mais les données réunies dans ce rapport montrent que l’effet d’alerte n’a pas suffi à inverser la tendance. En 2021 déjà, au sortir du 3ᵉ confinement, le Baromètre avait observé une bascule brutale vers l’isolement pour des milliers d’aînés. 4 ans plus tard, la situation ne s’est pas améliorée. Les personnes isolées du cercle familial ou amical restent nombreuses, et celles qui ne participent plus à la vie associative ni aux réseaux de voisinage se comptent par millions. Ce phénomène n’est pas uniquement quantitatif : il s’accompagne d’une souffrance subjective. Une majorité de personnes qui se sentent seules disent en souffrir, parfois beaucoup, et associent ce sentiment à l’impression d’être abandonnées, inutiles, exclues.

Les données publiques de la DREES et de l’Insee, reprises et commentées dans le rapport, éclairent cette réalité sous un autre angle. En 2015 déjà, plus d’un demi-million de seniors n’avaient aucun contact avec leurs amis ni avec leur famille, une sociabilité réduite qui se traduisait souvent par un sentiment de solitude. L’Insee souligne par ailleurs le lien direct entre précarité et solitude : 42 % des personnes appartenant aux 20 % des ménages les plus modestes déclaraient en 2022 s’être senties seules, contre seulement 24 % parmi les plus aisés. Ce lien pauvreté-isolement est confirmé par l’analyse des bénéficiaires du minimum vieillesse : 3 sur 5 vivent seuls, près de la moitié se sentent régulièrement seuls et plus d’1 sur 5 se sentent seuls souvent.

La fracture numérique aggrave encore ces inégalités. Or, la solitude et l’isolement constituent des facteurs de dégradation de l’état de santé général, qui favorisent la perte d’autonomie et entravent l’accès aux droits. En Allemagne, en Espagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, les recherches convergent : la solitude chronique s’installe, les jeunes y sont de plus en plus exposés, mais les personnes âgées demeurent les plus fragiles lorsque s’additionnent vieillesse, précarité et dépendance. L’Organisation mondiale de la santé, en 2023, a même créé une Commission sur le lien social, considérant la solitude comme une menace sanitaire mondiale. 1 personne âgée sur 4, à l’échelle de la planète, souffrirait aujourd’hui d’isolement social.

Face à ce diagnostic, le rapport évoque des pistes. Le Service Civique Solidarité Séniors, créé en 2021, a permis à près de 10 000 jeunes de soutenir plus de 150 000 personnes âgées en 2024. Les évaluations montrent une baisse notable du sentiment de solitude après plusieurs mois de mission, surtout lorsque la fréquence des visites est élevée. Dans les établissements, la participation aux activités collectives s’accroît, l’impression d’abandon diminue. Mais si ces initiatives sont précieuses, elles demeurent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène.

Le Baromètre insiste sur la nécessité d’une mobilisation générale. L’action des bénévoles, si indispensable soit-elle, ne peut à elle seule répondre à la vague démographique qui s’annonce. Les pouvoirs publics sont appelés à considérer l’isolement social comme une priorité nationale, à renforcer les moyens humains et financiers du secteur du grand âge, à soutenir les associations qui agissent sur le terrain, à développer de nouvelles formes d’habitat et à repenser les établissements comme de véritables lieux de vie. La prévention de la perte d’autonomie, le décloisonnement entre social et sanitaire, la reconnaissance de la dimension relationnelle des métiers du grand âge apparaissent comme des axes essentiels.

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