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Vie locale

À Blois, un hommage grave à Mélanie, AED tuée à Nogent

Jeudi 12 juin 2025, vers 18h, à l’appel d’une large intersyndicale de l’éducation (FSU 41, CGT Éduc’action 41, UNSA Éducation 41, CFDT Orléans-Tours, FNEC-FO-FP 41, SNALC 41, SUD Education 41) et des parents d’élèves de la FCPE 41, une petite centaine de personnes se sont rassemblées devant la préfecture de Loir-et-Cher. Parmi les participants figuraient plusieurs élus : le maire de Blois Marc Gricourt, accompagné de ses adjoints Cédric Marmuse, Frédéric Orain et Corinne Garcia, ainsi que Yann Laffont, élu du groupe écologiste. Enseignants, personnels éducatifs, citoyens et militants étaient venus exprimer leur solidarité et leur tristesse après le meurtre de Mélanie, assistante d’éducation (AED) tuée quelques jours plus tôt au collège Françoise-Dolto, à Nogent (Haute-Marne).

Sous un ciel limpide, face aux hautes façades vitrées de la préfecture, le groupe, silencieux, a observé une minute de silence. Aucun mot de trop, la gravité du moment dominait. Emmanuel Mercier, cosecrétaire départemental de la FSU, a pris la parole au nom des organisations syndicales. Son allocution a rendu hommage à la victime tout en posant les termes d’une alerte sur l’état du système éducatif et les violences qui le traversent. L’école, a-t-il martelé, ne doit plus être un lieu où l’on risque sa vie.

Emmanuel Mercier, cosecrétaire départemental de la FSU
Emmanuel Mercier, cosecrétaire départemental de la FSU

L’un des axes majeurs de l’intervention a consisté à mettre en garde contre toute tentative de récupération. « La justice doit travailler dans le temps qui est le sien. Mais très vite, il faudra prendre celui de l’analyse, et apporter des réponses aux maux de la jeunesse, qui sont aussi les maux de la société. » Le syndicaliste a dénoncé les « gesticulations médiatico-politiques » et les discours sécuritaires déconnectés des réalités de terrain. « Les réponses apportées ne pourront pas être simplistes […], ni se contenter d’une seule approche sécuritaire », a-t-il insisté.

L’école en première ligne

L’émotion était vive, mais le discours est resté analytique. Dans a lecture, le syndicaliste a décrit une jeunesse traversée par une inquiétude profonde : anxiété, mal-être, banalisation de la violence, détérioration des liens sociaux. « Ce qui nous choque, c’est la violence du geste, le choix apparemment aléatoire de la victime, et l’absence de conscience, chez un adolescent de 14 ans, de la portée de son acte. »

Pour répondre à cette situation, il a réclamé des moyens humains supplémentaires, des équipes éducatives renforcées, pluridisciplinaires, et des politiques de prévention ambitieuses. « L’amélioration du climat scolaire passe par des équipes pluriprofessionnelles complètes, capables d’accomplir le travail éducatif indispensable auprès des élèves, et de soutenir les personnels. »

L’école comme miroir et rempart de la société

L’orateur a aussi replacé l’école dans son contexte républicain. Si elle doit être un lieu d’apprentissage et de sécurité, elle ne saurait être étanche aux tensions de la société. Il a dénoncé la banalisation des discours de haine et la montée des discriminations, qui affectent directement le climat scolaire. « L’école est pleinement ancrée dans la société : elle n’est donc pas imperméable à ce qui s’y passe. […] La polarisation du débat public, la libération de paroles et d’idées de haine de l’autre — parce qu’il est différent, parce qu’il est étranger — relativisent la valeur de la vie humaine. » C’est à l’école, a-t-il rappelé, que se construit encore la promesse républicaine, par la transmission des savoirs, l’exercice du raisonnement, l’apprentissage de la coexistence.

« C’était la mission de Mélanie », a conclu Emmanuel Mercier, avant de demander à l’assemblée d’observer une minute de silence en la mémoire de l’AED. Ce rassemblement modeste par son ampleur mais dense dans son propos a réaffirmé, au cœur de Blois, que l’école reste un des lieux sacrés de la République.

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