CultureEntretiensPortraitsVie locale

Charles Rousselet où le regard d’un artiste-peintre « étonné de voir »

Installé en Blois-Vienne, Charles Rousselet vit pleinement sa vie imprégnée de peinture. A la vue de ces toiles on perçoit immédiatement un regard original et profondément humain sur la vie qu’il est « étonné de voir ».

Un regard singulier qui génère un style hors de toute école. « Je fais une peinture qui est celle de l’origine, » observe l’artiste depuis son atelier qui sert également de show-room. « Ma peinture n’est ni hyper-réaliste, ni conceptuelle ou abstraite. Elle reflète ma relation visuelle avec le monde, une relation que je souhaite maintenir sans tomber dans le passéisme ou l’avant-gardisme. Mon intérêt pour l’humain et son environnement, qu’il soit naturel, architectural ou affectif, transparaît dans mon travail. J’ai toujours été fasciné par la présence humaine et son mystère. »

La quête d’équilibre se trouve également dans l’œuvre de Charles Rousselet. Et une fois trouvé, il faut le conserver. « Un équilibre reste précaire. Il suffit de peu pour le perdre. La peinture m’a beaucoup appris et m’aide encore aujourd’hui. Elle a été un moyen de m’épanouir et de trouver une forme d’équilibre intérieur », juge le peintre.

Intrinsèquement peintre

« À Montoire-sur-le-Loir, mes parents avaient une superette, il y avait un petit rayon presse. On pouvait y trouver les petits catalogues d’histoire de l’art. Dès l’âge de sept ou huit ans, je me hissais sur un tabouret pour attraper ces catalogues et m’enfermais dans ma chambre pour les copier. J’étais captivé par ces images, même si je ne comprenais pas tout à l’époque, se souvient Charles Rousselet. À l’école, je ne travaillais pas vraiment. Je passais mon temps à regarder par la fenêtre, perdu dans mes pensées, et j’ai fini par abandonner l’idée de passer le baccalauréat. Mes parents, voyant mon intérêt pour le dessin, ont accepté l’idée que je quitte l’école pour me consacrer à l’art. Ainsi, je me suis dirigé vers l’École des Beaux-Arts. Cependant, à 18 ans, mes parents ont cessé de me soutenir financièrement. J’ai vécu ce qu’on appelle aujourd’hui la pauvreté étudiante, j’ai vécu dans des squats affreux. Ce fut une période difficile, mais ma rencontre avec Gilbert Diebold (Prix de Rome 1960, ndlr) à Paris a été déterminante. Il m’a aidé et m’a réconcilié avec mon amour pour la peinture, qui remontait à mon enfance. Cette période m’a permis de comprendre l’importance de prendre le temps d’observer et d’apprendre à voir. Nous sommes devenus très proches, il m’a accueilli dans son atelier privé rue Ordener, au pied de Montmartre. Il avait de beaux ateliers, il habitait là, et je suis devenu un élève particulier, il était adorable. Moi, il me donnait à manger. Un jour, il m’a dit qu’il ne fallait pas mourir pour la peinture. Ce sont des paroles qui marquent. Je n’ai jamais rencontré un autre être comme lui, et je crois que j’ai tout appris avec lui. »

« Ensuite, j’ai eu l’opportunité de travailler chez Haviland, une grande manufacture de porcelaine à Limoges. Cela a été une expérience enrichissante, même si notre travail restait anonyme, poursuit l’artiste. Plus tard, j’ai rencontré mon épouse, et nous avons décidé de nous installer à Blois. J’ai acheté un petit atelier, que j’ai rénové, et j’ai commencé à animer des ateliers d’art. Mon but est de continuer à travailler, à explorer de nouveaux thèmes et à m’épanouir, tant sur le plan artistique que matériel. »

Mais revenons sur l’influence de Gilbert Diebold, son maître. Quelles connaissances sont nées de cette expérience ? « L’inspiration, contrairement à ce que l’on croit, ne nécessite pas de chercher loin. Il s’agit simplement de savoir observer ce qui nous entoure. Cette observation prend une forme d’accueil, une capacité à regarder non seulement avec l’esprit mais aussi avec les yeux. Apprécier une ambiance, c’est percevoir les nuances chromatiques, les colorations, nous explique Charles Rousselet. J’ai appris à observer. Capturer des images, pour moi, ce n’est pas seulement les imaginer, mais les voir réellement. Je travaille sur place, avec des modèles vivants, souvent mon épouse ou des amis. Avant de passer à la toile, il y a un processus d’études, de dessins, d’aquarelles, de petits tableaux. Petit à petit, lorsque je perçois la richesse du sujet, je passe au grand format. Le choix du sujet se fait progressivement, au fil du travail. L’ambiance doit être juste. A un moment donné, le choix se fait en fonction de la structure du tableau, des grandes masses, des lignes qui m’intéressent. Je commence par un dessin et, dès ce stade, je peux voir si la composition fonctionne ou non. »

Et il poursuit : « Je recherche une sorte de modernité classique. La peinture classique visait avant tout l’organisation du tableau. Bien sûr, il y a une image, mais je tente d’aller au-delà. Si la composition n’a pas de rythme interne, si elle ne s’organise pas bien, je laisse tomber le projet. Mon approche est donc moins mentale que sensorielle. Je me contente de scènes de vie quotidiennes, car je n’ai pas besoin qu’elles racontent une histoire complexe. L’organisation se fait naturellement : les grandes masses, claires ou sombres, sont déterminantes dès le départ. Ce n’est pas le sujet en lui-même qui m’attire, mais plutôt la composition globale. Je cherche à réaliser une synthèse qui va au-delà de l’idée. Je suis fasciné par les scènes de vie, qui reflètent une chaleur dont j’ai peut-être manqué plus jeune. Certaines personnes trouvent une ressemblance avec les œuvres de Hopper, mais je trouve son style un peu plus froid. »

Votre annonce sur Blois Capitale

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page
Blois Capitale

GRATUIT
VOIR