Ecologie

Comprendre la notion de dette climatique

Si dans l’actualité il est beaucoup question de dette budgétaire, un autre passif non négociable questionne : la dette climatique. Le terme « passif » est souvent utilisé en comptabilité ou en finance pour désigner les obligations ou dettes accumulées qu’il faudra rembourser ou résoudre à l’avenir. Appliqué à la crise climatique, le passif fait référence aux responsabilités accumulées à travers les activités humaines, en particulier celles qui ont émis des gaz à effet de serre, et aux coûts futurs nécessaires pour remédier aux dommages causés.

La dette climatique peut être comprise de manière figurée comme une « dette » vis-à-vis de la planète, mais il est plus précis de la considérer comme une dette envers les générations futures et les populations les plus vulnérables. Cette dette représente l’impact accumulé des activités humaines, principalement des émissions de gaz à effet de serre, sur les écosystèmes terrestres et sur l’équilibre climatique. Bien que la notion de « dette envers la planète » soit évocatrice, la planète elle-même ne réclame pas de réparation au sens propre. Ce sont plutôt les conséquences pour les êtres humains et les autres formes de vie qui souffrent des changements climatiques qui forment le cœur de cette dette.

Différenciation entre la dette vis-à-vis de la planète et la dette interhumaine

La dette vis-à-vis de la planète

Si on la prend dans un sens symbolique, cette dette peut être vue comme la destruction et la surexploitation des ressources naturelles, des écosystèmes et de la biodiversité. La planète subit en effet des transformations rapides et souvent irréversibles à cause des activités humaines. Le réchauffement climatique, l’acidification des océans, la perte de biodiversité sont des conséquences directes de l’utilisation intensive des combustibles fossiles et de la déforestation.

La dette interhumaine

La dette climatique, en termes pratiques, concerne plutôt la responsabilité des pays et des individus vis-à-vis des autres, surtout les populations les plus vulnérables qui subissent les effets du changement climatique. En ce sens, les pays les plus riches, responsables historiquement des émissions de carbone, ont contracté une dette envers les pays moins développés et les générations futures, car ces derniers sont ceux qui subiront les plus graves conséquences. Cette forme de dette se manifeste à travers les inégalités climatiques : les personnes qui ont le moins contribué au réchauffement climatique sont souvent les plus affectées.

    Pourquoi cette dette n’est pas uniquement envers la planète ?

    La dette climatique est avant tout une question de justice climatique. Le climat de la Terre peut s’ajuster avec le temps, mais les dommages causés aux populations humaines et aux écosystèmes sont souvent irréversibles ou nécessitent des efforts considérables pour être atténués. Les notions de perte d’habitat, de santé publique, de migrations climatiques, et de destruction des moyens de subsistance dans de nombreuses régions vulnérables font que cette dette est surtout une dette sociale et économique.

    Le rôle de la planète dans cette dette

    Bien que la Terre elle-même ne puisse pas réclamer des réparations, les écosystèmes et la biodiversité souffrent de manière directe des conséquences du changement climatique. Protéger ces systèmes fait partie des efforts de réparation. Cependant, il est essentiel de comprendre que la notion de dette climatique prend tout son sens dans le cadre des relations humaines et de la justice internationale.

    Calcul de la dette climatique

    La dette climatique se mesure en fonction de la responsabilité des émissions historiques et des capacités actuelles des pays à réduire leurs émissions. Un des moyens utilisés pour quantifier cette dette est le concept de budget carbone. Ce budget représente la quantité maximale de CO₂ que le monde peut encore émettre tout en limitant le réchauffement global à un certain seuil, par exemple 1,5 ou 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Chaque pays se voit attribuer une part de ce budget selon différents critères, tels que la population ou les niveaux actuels d’émissions.

    Dans un rapport sur la dette climatique en Europe, Paul Malliet et Xavier Timbeau expliquent que des méthodes comme l’approche égalitariste (chaque individu reçoit un droit égal d’émettre du carbone) ou le grandfathering (allocation basée sur les niveaux actuels d’émissions) permettent de répartir ce budget. Toutefois, ces méthodes sont limitées car elles ne prennent pas en compte les émissions historiques, ce qui a conduit au développement de la notion de répartition hybride, intégrant un ajustement basé sur les responsabilités passées.

    La répartition des responsabilités reste un sujet de débat lors des négociations internationales, comme les conférences des parties (COP). Lors de la COP25, il est devenu évident que certains pays restent réticents à restructurer fondamentalement leurs économies pour respecter les objectifs climatiques.

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