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Heïdi Sevestre : « La lutte contre le changement climatique débute ici ! »

A l’initiative de la Jeune Chambre Économique de Blois-Vendôme, la ville-préfecture accueillait vendredi soir deux intervenants d’exception, la glaciologue Heïdi Sevestre et l’explorateur Jérôme Brisebourg, pour évoquer les mystères et défis des glaciers, pour nous informer de ce que la situation dit de nous et de l’avenir de la planète.

Après une présentation en vidéo de la conférence par Sarah El Haïry, Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, chargée de la Biodiversité, et en présence de la Députée Mathilde Desjonquères, les deux experts ont informé magistralement un auditoire nombreux et captivé qui les remerciera par une standing ovation.

Venue directement du premier One Planet – Polar Summit, qui rassemblait des experts mondiaux au Muséum national d’histoire naturelle de Paris, la glaciologue auteure cette année du livre « Sentinelle du climat » (HarperCollins), s’est présentée ainsi : « Je réside près du pôle Nord, sur l’archipel du Svalbard, connu aussi sous le nom de Spitzberg. Cet endroit abrite la ville et l’université les plus septentrionales de la planète. La vie y est étroitement liée à l’environnement naturel, a expliqué Heïdi Sevestre. Au Svalbard, la végétation est rare, seulement 6% du territoire, ce qui rend l’étude géologique plus accessible. Un fait remarquable est que nous avons plus d’ours polaires que d’habitants. Il est important de se rappeler que nous vivons sur leur territoire et devons respecter leur espace. Les ours polaires sont plus adaptés à la vie sur la banquise que nous. Le Svalbard est l’un des lieux sur Terre qui se réchauffe le plus rapidement, ce qui est alarmant. Depuis mon arrivée en 2008 pour mon doctorat, et maintenant en tant qu’enseignant à l’université, j’ai constaté des changements climatiques drastiques. Par exemple, depuis les années 1960, la température ici a augmenté de 6°C, bien plus que la moyenne mondiale. Ce réchauffement a des impacts profonds sur la glace et le permafrost, affectant gravement l’environnement. »

Avec des conséquences concrètes et tragiques. « Des événements extrêmes, comme les avalanches dévastatrices de 2017, ont lieu, causant des pertes tragiques dans notre petite communauté. Ces incidents soulignent la réalité brutale du changement climatique. Je lie ces observations au phénomène plus large de la fonte de la banquise. La banquise, en se rétractant, affecte l’ensemble de l’écosystème arctique et a des répercussions mondiales. Par exemple, la diminution de la banquise entraîne un réchauffement plus rapide de l’océan, ce qui amplifie le changement climatique. »

Il faut donc comprendre que les changements observés au Svalbard ne sont pas isolés. Ils ont des implications directes sur le climat mondial, affectant des phénomènes météorologiques extrêmes partout dans le monde. « Il est crucial de comprendre que ce qui se passe dans l’Arctique affecte notre vie quotidienne et vice versa », souligne Heïdi Sevestre. Si les glaces du Groenland et de l’Antarctique venaient à fondre entièrement, cela entraînerait une hausse du niveau des océans de 65 mètres.

Quelle prise de conscience et quelle suite face au désastre annoncé ? « Je viens de sortir de réunions très enrichissantes où des scientifiques ont échangé avec des politiques. Ces discussions étaient fructueuses et ont permis de valoriser la science et de souligner l’urgence de la situation, nous dit Heïdi Sevestre. « Plusieurs annonces prometteuses ont été faites, et beaucoup de nos attentes ont été satisfaites. Cependant, il est encore plus important que ces annonces soient suivies d’actions concrètes. Nous espérons sincèrement que les engagements pris aujourd’hui seront effectivement mis en œuvre. »

Un scepticisme logique, à l’épreuve des faits. « En France, le contexte est particulièrement tendu. J’ai discuté ce matin avec notre ministre de l’Environnement et de la Transition écologique. Nous observons des citoyens courageux descendre dans les rues pour manifester en faveur du bien commun, parfois au péril de leur vie. Par ailleurs, les scientifiques sont parfois injustement qualifiés d’éco-terroristes, ce qui témoigne de la tension actuelle dans le pays. Il est essentiel de rappeler que par la science nous visons avant tout à protéger des vies humaines. Malgré un manque de financement, notre lutte contre le changement climatique est absolue. »

Et cela passe également par une sensibilisation comme ce 10 novembre 2023 à Blois. « Je réalise de plus en plus qu’il est crucial d’agir au niveau local et territorial. Des GIEC régionaux doivent être mis en place pour informer les décideurs locaux, comme le Conseil municipal de Blois, des conséquences futures si aucune action n’est prise. Il est important de comprendre qu’investir dans la lutte contre le changement climatique aujourd’hui permettra d’économiser considérablement dans le futur. Le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de l’investissement immédiat. Nous, scientifiques, devons être plus efficaces à l’échelle locale, et j’encourage chacun à partager ses observations et connaissances au niveau local. »

Et Heïdi Sevestre poursuit : « Je suis convaincue que le changement doit se faire à cette échelle. Par ailleurs, je me prépare pour la COP 28, à laquelle je participerai pendant les deux semaines. Bien que ce soit un défi, c’est une occasion de rassembler les acteurs clés et de tenter d’impulser des changements. Néanmoins, je crois fermement que c’est au niveau local que nous pourrons réellement faire la différence. Toutes les solutions sont là. Œuvrez sur vos territoires. On n’y arrivera pas sans chacune des parties prenantes. La lutte contre le changement climatique débute ici ! »


En termes de mobilisation locale, le Collectif Action Climat 41 annonce une marche pour le climat dimanche 3 décembre à 15 heures. Elle partira de la Place Lorjou et se rendra Place de la Résistance, histoire d’associer les différents quartiers de la ville de Blois.

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