Houda Sevilla : « L’art abstrait s’est invité sur ma toile »
En ce mois de juillet, la Galerie d’Art Wilson propose une exposition intitulée « Couleurs, Matières, Abstraction ». Elle met en lumière les œuvres de quatre artistes dans la salle principale d’exposition : Cédo.M, plasticien, Houda Sevilla, peintre, Philippe Moller, peintre, et Jean-Pierre Milesi, sculpteur.
Houda Sevilla est une artiste peintre autodidacte qui, après une carrière dans l’informatique, s’est tournée vers l’art. Initialement concentrée sur le réalisme, elle explore l’abstraction par pure inspiration, par intuition. « J’ai commencé par les grands maîtres, dans un parcours académique. Plus tard, l’art abstrait s’est invité sur ma toile, confie Houda Sevilla. Je fais du figuratif aussi, avec une personne que j’ai créée, qui s’appelle « conscience ». Mais l’abstrait, j’adore, c’est ce qui me porte parce que je ne sais jamais ce qui va sortir de l’atelier. Je peux partir sur une couleur par exemple, et rentrer à l’atelier et prendre une toute autre. En fait mes tableaux se lisent comme dans une paréidolie*. Chacun va raconter son histoire, chacun interprète. »
Son process créatif, Houda Sevilla l’a intellectualisé, même si l’acte en tant que tel est d’un autre ordre. « Je pose mon regard sur la toile, et j’y vais. Les gestes viennent, c’est plutôt un développement du cerveau droit (plus visuel et intuitif, ndlr). Alors qu’auparavant, c’était plutôt le côté analytique qui primait avec les toiles de maître, il fallait que chaque détail soit vraiment à sa place. » Et elle poursuit : « Lorsque les formes se sont invitées sur ma toile, j’ai mon côté rationnel qui en a pris un coup, je me suis dit qu’il y avait quand même quelque chose, et donc j’ai développé cela. »
Le déclic, l’artiste l’a connu avec une falaise en 2020. « Oui, je voulais faire une falaise, qui devait être le fond de ma toile, et cela m’a donné des silhouettes non préconçues, c’est à dire dès les premiers gestes. Était-ce dû à un intérêt profond pour l’être humain ? »
Dans le travail de Houda Sevilla, on trouve également une aspiration vers la lumière et de la verticalité. « Il y a une espèce de V aussi, observe l’artiste-peintre. J’ai essayé de fermer, mais je n’ai jamais réussi… » Mais alors, comme cette scientifique explique l’inspiration qu’elle vit dans sa création artistique ? « Je pense que nous sommes dans une société qui fait moins travailler le cœur. Tout est systématiquement dans l’analyse et les détails. Au bout d’un moment quand on met l’analytique de côté, quelque chose se produit, l’inspiration forcément. Il y a quelque chose qui arrive et qui ne se maîtrise pas, qui vient d’un monde qu’on ne connaît pas forcément, ou qu’on n’a pas eu l’occasion encore de connaître. Si vous vous intéressez à la physique quantique vous verrez que tout est énergie, il y a aussi l’intrication… mais d’ailleurs même la physique quantique, on ne la maîtrise pas ! »
Houda Sevilla expose actuellement à la Galerie Wilson, à Blois. Elle ouvre ses portes du mercredi au vendredi de 14h à 19h, et le samedi de 10h à 19h.
*Tendance du cerveau à créer du sens en assimilant des formes aléatoires à des formes qu’il a déjà référencées.