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La Creusille à Blois : miroir d’une ville de bord de Loire

Au cœur de Blois, le Port de la Creusille est plus qu’une simple étape fluviale. C’est un trésor historique, qui raconte la vie d’une ville et sa relation intime avec le fleuve qui la borde, la Loire.

Origines : Le poumon économique de Blois

Depuis l’Antiquité, le fleuve ligérien s’est imposé comme l’axe majeur de la région. Son rôle n’était pas uniquement logistique. Son lit fécondait le val de Loire, rendant ces terres propices à l’agriculture. Blois, par sa localisation stratégique, est vite devenue une étape cruciale pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle via Paris et Tours. Le flux constant de personnes et de marchandises nécessitait des infrastructures adaptées, justifiant l’aménagement de grèves sur les bords de la Loire.

Le toponyme « Creusille » est d’ailleurs profondément enraciné dans le passé de Blois. Il provient de l’ancien blésois et désigne la « creuse coquille du pèlerin », une référence claire aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Le Moyen Âge : un fleuve métamorphosé

Au fil des siècles, le visage du fleuve changea drastiquement. Le pont médiéval, témoin silencieux de cette époque, était parsemé d’habitations. Plus impressionnant encore, un duit de 650 mètres fut érigé pour alimenter cinq moulins à eau. Cette digue submersible, symbole de l’ingéniosité médiévale, joua un rôle clé dans la vie économique de Blois.

Il est aussi crucial de noter que Vienne, jusqu’en 1606, était une seigneurie distincte de la rive droite. Cela a conduit Blois à établir un « Port Vieil » sur sa rive nord, à l’emplacement de la rue du Commerce actuelle.

Un tournant au XVIIe siècle

Alors que le Moyen Âge tirait sa révérence, Blois vit ses activités florissantes déborder les capacités de ses grèves rudimentaires. Le maraîchage, la tannerie, la pêche, le transport fluvial, et l’hôtellerie nécessitaient un port digne de ce nom. Un port structuré avec deux rampes d’accès fut alors établi.

L’histoire tourmentée du port fut marquée par la chute du pont médiéval en 1716. Cette tragédie conduisit à des travaux ambitieux. Le nouveau pont Jacques-Gabriel fut construit, les moulins à eau détruits, mais les duits furent réaménagés pour faciliter l’amarrage des bateaux. En 1717, une digue fut érigée, transformant le paysage et rattachant l’ancienne île de Vienne à la rive gauche.

Le XIXe siècle : l’ère de la modernité

L’arrivée du chemin de fer en 1846 marqua un tournant. Si jadis, rejoindre Paris en bateau était un périple, le train réduisit ce voyage à quelques heures. La Creusille dut s’adapter, se métamorphosant en chantier naval. Mais le XIXe siècle ne fut pas tendre avec le port. Les crues répétées de 1846, 1856, 1866, et 1907 paralysèrent son activité.

L’extraction de sable émergea également comme activité majeure. Si cette nouvelle industrie apporta des bénéfices économiques, elle ne fut pas sans conséquences écologiques. Elle perturba l’écosystème de la Loire, au point que cette extraction fut interdite en 1995.

Port de la Creusille

La Creusille aujourd’hui

Aujourd’hui, le port de la Creusille a laissé place à un parc urbain. Ce lieu de détente, doté d’une multitude d’installations de loisirs, sert de carrefour pour des événements culturels et des animations estivales. Depuis 2010, la municipalité de Blois a aménagé un jardin aquatique, témoin de la relation symbiotique entre la ville et la Loire.

Le Port de la Creusille est un récit vivant, témoignant de l’évolution, de l’adaptation et de la résilience d’une ville et de ses habitants. Chaque pierre, chaque recoin, chaque reflet du fleuve sur ses quais raconte une histoire. Celle de Blois, ville étagée en long amphithéâtre, comme l’écrivait Victor Hugo. Une histoire que chaque visiteur, chaque résident ressent en foulant le sol de la Creusille.

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