L’action du temps sur la matière et la mobilité dans la fixité par Bruno Bianchi
En ce mois de décembre, quatre artistes sont en lumière au sein de la Galerie d’art Wilson. Parmi lesquels, Bruno Bianchi, un peintre abstrait-lyrique né en 1963, qui se distingue par son approche autodidacte et unique de l’art. Son univers artistique est marqué par une abstraction onirique et un lyrisme éthéré, créant des œuvres qui semblent flotter entre rêve et réalité.
Sa particularité réside dans sa dévotion exclusive à la création de triptyques. Pour Bruno Bianchi, ces assemblages en trois parties ne sont pas seulement une question de forme, mais une exploration profonde de l’espace et du vide. Dans ses triptyques, la peinture incarne l’art du plein, tandis que l’assemblage lui-même devient un jeu avec le vide.
Son travail s’articule autour de deux axes principaux. Le premier est l’action du temps sur la matière. Bruno Bianchi trouve une source inépuisable de contemplation et d’inspiration dans les phénomènes naturels tels que les oxydes, les moirures, les mousses et les moisissures, ainsi que dans les jeux de lumière. Le second axe est la notion de mobilité dans la fixité. Pour lui, un triptyque achevé est un objet artistique inerte, mais il prend vie sous le regard du visiteur, dont l’œil crée le mouvement en passant d’une toile à l’autre. À travers ses œuvres, Bruno Bianchi invite le spectateur à une expérience immersive, où l’art devient un dialogue entre l’espace, le temps, et la perception.
Mais écoutons l’artiste nous parler de son exposition à Wilson, en décembre : « Je présente donc une série de triptyques, car je crée exclusivement des triptyques. Non seulement je peins ces œuvres, mais je réalise également les assemblages. Pour moi, la peinture devient l’art du plan, et l’assemblage, l’art du vide. C’est un clin d’œil à la philosophie bouddhiste, dont je peux parler aisément bien que je ne sois pas bouddhiste. Je développe l’idée que le monde se partage entre le plein et le vide, ces deux opposés étant en réalité complémentaires.«
Et Bruno Bianchi poursuit : « Pour illustrer mon approche, je peux donner quelques clés de lecture. Ma première source d’inspiration est la nature, spécifiquement les oxydes, les mousses, les patines, et les mûres sur les murs ou les écorces d’arbres. C’est une source infinie d’inspiration, et je tente de reproduire la nature, bien qu’elle le fasse toujours mieux. Je me focalise sur l’infiniment grand et l’infiniment petit, en entrant de plus en plus dans le détail, nous dit le peintre. La deuxième clé est la notion de mobilité dans la fixité. La peinture est statique, mais avec un triptyque composé de trois toiles, c’est le regard du visiteur qui crée le mouvement en passant d’une toile à l’autre. Cela explique pourquoi je travaille souvent par trois, un nombre que je trouve magique. Chaque triptyque est un échantillon d’un infini que j’aimerais peindre. »
Artistiquement, Bruno Bianchi est à la fois musicien et peintre, la musique étant arrivée avant la peinture. « J’ai une formation en musique et suis autodidacte en peinture, explique t-il. J’ai transposé mes techniques musicales dans ma peinture et, au fil du temps, ma musique a été influencée par ma peinture, créant un échange permanent entre les deux.« De là à peindre en musique ? « En travaillant, je n’écoute jamais de musique, car cela interférerait avec mon processus créatif. La seule exception est la flûte japonaise Shakuhachi, dont les sonorités peuvent parfois accompagner mon travail. » Quid d’une mise en musique de ses expositions ? « Cela pourrait constituer la prochaine phase de mon travail artistique, répond Bruno Bianchi. J’y pense. »
Bruno Bianchi, Véronique Sarda, Paule Honoré, et Christine Goujon exposent jusqu’au 30 décembre 2023 à la Galerie d’art Wilson, en Blois-Vienne.