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Les perturbateurs endocriniens… ce danger négligé parce qu’invisible

Parce qu’il est difficile d’intéresser à la question des perturbateurs endocriniens, disons-le joliment ainsi : dans les abysses silencieuses de l’océan du quotidien, où s’entremêlent l’innocence de la nature et les créations audacieuses de l’homme, se cachent des entités subtiles et insidieuses : les perturbateurs endocriniens. Ces fragments chimériques, nébuleux, nés de l’activité humaine, voyagent avec une discrétion presque spectrale à travers les veines de notre planète.

La contamination de notre eau par des perturbateurs endocriniens

Les sources de cette pollution sont multiples et alarmantes. L’industrie, pilier de notre économie moderne, est un vecteur majeur de ces substances nocives. Les rejets industriels et agricoles, contenant des résidus de produits chimiques et pharmaceutiques, se frayent un chemin vers les cours d’eau, emportant avec eux ces perturbateurs invisibles.

Le problème s’étend également au cœur de nos foyers. Des produits aussi communs que les cosmétiques, les nettoyants ménagers et certains médicaments peuvent contenir des composants nocifs qui, dans les systèmes d’égouts, contribuent à la pollution des sources d’eau.

Pascal Vaudin, chercheur et maître de Conférences à l’Université de Tours, nous éclaire. « Les médicaments sont des molécules complexes et indispensables pour soigner diverses pathologies. Cependant, ils sont souvent mal métabolisés par l’organisme et rejetés via les urines dans les eaux usées. Les stations d’épuration ne les traitent pas efficacement, ce qui entraîne une pollution importante des rivières avec des résidus médicamenteux. Ces résidus, bien que présents en faibles doses dans l’eau potable, peuvent avoir des effets sur la santé humaine », nous explique le scientifique.

Les stations d’épuration, malgré leurs rôles cruciaux, ne sont pas forcément équipées pour filtrer efficacement ces perturbateurs endocriniens. Cette lacune dans le traitement de l’eau usée permet à ces contaminants de se trouver dans l’environnement aquatique, et éventuellement, dans nos robinets.

« Il est crucial de comprendre que l’exposition à ces résidus est constante, ce qui soulève des questions sur les effets potentiels à long terme. Par exemple, des médicaments comme les anti-inflammatoires et les antiépileptiques, bien qu’indispensables, peuvent avoir des effets imprévus lorsqu’ils se retrouvent dans l’environnement. Cette exposition chronique, même à des doses infimes, pourrait avoir des conséquences inconnues sur la santé, prévient Pascal Vaudin. En plus des médicaments, d’autres produits chimiques comme les pesticides, les perfluorés, les phtalates et les bisphénols sont également présents dans l’eau. Leur surveillance est limitée et la qualité de l’eau potable est définie légalement sans tenir compte de toutes les molécules potentiellement dangereuses ».

La dégradation des plastiques, omniprésents dans notre quotidien, ajoute une autre couche de complexité à ce problème. En se désintégrant, ces matériaux libèrent des substances qui se répandent dans les eaux, aggravant la contamination.

« L’effet cocktail de ces divers polluants est un autre problème majeur. L’exposition simultanée à plusieurs types de substances chimiques rend difficile l’évaluation des risques pour la santé. Bien que des recherches soient en cours, elles restent insuffisantes pour déterminer pleinement les impacts de ces mélanges de polluants, observe l’enseignant chercheur. Il est important de reconnaître notre rôle à la fois en tant que récepteurs et émetteurs de ces polluants. Les comportements individuels, comme la consommation de plastique et de produits chimiques, contribuent à cette pollution. Bien que le recyclage soit une mesure positive, il ne résout pas le problème des microplastiques et autres polluants persistants. La pollution environnementale par les médicaments et autres produits chimiques est une préoccupation croissante qui nécessite une attention et une recherche accrues pour comprendre et atténuer ses effets sur la santé publique… le problème, c’est que c’est une pollution silencieuse, qui ne se voit pas, qui n’a pas d’odeur, qui n’a pas de goût. Et elle concerne des produits du quotidien dont on n’imagine même pas la dangerosité. »

La responsabilité incombe tant aux industries, aux gouvernements, qu’aux individus, car c’est dans notre gestion collective de ces défis que réside la clé.

>> Article précédent sur les perturbateurs endocriniens

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