L’essor des cadeaux de seconde main : une nouvelle tendance sociétale

La pratique d’offrir des cadeaux de seconde main s’impose peu à peu comme un comportement largement adopté en France, à en croire les résultats d’une étude réalisée par l’IFOP* en octobre 2024 pour le site de revente Leboncoin.
Un comportement en voie de banalisation
Encore marginal il y a quelques années, l’acte d’offrir un cadeau de seconde main est aujourd’hui en plein essor. L’étude révèle que 46 % des Français ont déjà offert un tel cadeau, dont 28 % plusieurs fois. La plupart des objets proviennent d’achats spécifiquement réalisés pour l’occasion (42 %), bien que certains se contentent de réutiliser des biens personnels inutilisés (27 %). Les jeunes générations se distinguent nettement dans ce phénomène : 57 % des 18-24 ans et 59 % des 25-49 ans déclarent avoir franchi le pas, contre seulement 28 % des 65 ans et plus.
Cette tendance récente – 62 % des adeptes indiquant qu’ils se sont lancés depuis moins de trois ans – marque une rupture générationnelle et culturelle. Les mentalités évoluent également sur la réception de ces cadeaux : 41 % des Français affirment en avoir déjà reçu, et parmi eux, 84 % n’ont ressenti ni déception ni tristesse. La transparence joue aussi un rôle clé, puisque 83 % des donateurs et 85 % des receveurs savent que l’objet offert est de seconde main.
Un geste assumé et apprécié
La légitimité croissante des cadeaux de seconde main repose sur leur acceptabilité sociale. Pour 80 % des Français, le geste prime sur la nouveauté de l’objet. Cette vision, portée par les jeunes et les classes modestes, s’accompagne d’une transition culturelle, où la qualité perçue des objets de seconde main rivalise avec celle des biens neufs (83 % des sondés). Toutefois, des nuances subsistent : si offrir un tel cadeau à Noël (62 %) ou pour un anniversaire (62 %) est bien accepté, cela reste mal vu dans le cadre d’un mariage (65 % jugent cela choquant).
Les moteurs d’une pratique éthique et économique
L’essor de cette pratique est alimenté par deux facteurs majeurs : la recherche d’économies et une volonté écologique. Pour 53 % des adeptes, la motivation principale reste le coût réduit des cadeaux de seconde main, mais 38 % y voient une réponse à l’urgence climatique et à la surconsommation. Cette dimension éthique séduit particulièrement les jeunes et les diplômés (48 % pour les titulaires d’un Bac+2 ou plus).
Par ailleurs, la démocratisation des plateformes de vente entre particuliers joue un rôle crucial. 75 % des objets de seconde main sont achetés en ligne, un mode d’acquisition qui séduit notamment les digital natives. D’autres canaux, tels que les brocantes (47 %), les associations caritatives (28 %), et les magasins spécialisés (30 %), complètent l’offre.
Une réponse aux tensions économiques
La seconde main est aussi une stratégie adoptée par les foyers modestes pour contourner les contraintes budgétaires. Parmi les personnes disposant d’un revenu inférieur à 900 euros par mois, 54 % ont déjà offert des cadeaux de seconde main, contre 43 % des catégories aisées. Si l’écart entre ces groupes sociaux se réduit, cette pratique reste ancrée dans ce que les sociologues appellent « l’économie de la débrouille ». Elle reflète une capacité à conjuguer économie et créativité face à des contextes économiques difficiles.
Une palette variée d’objets offerts
Les cadeaux de seconde main concernent une diversité d’objets. Les livres arrivent en tête (57 %), suivis des jouets (54 %) et des vêtements (48 %). Les objets de décoration (34 %) et les bijoux (22 %) sont également prisés, tandis que les appareils électroménagers (19 %) et les meubles (16 %) connaissent une montée en puissance, soulignant l’évolution des perceptions sur la valeur des biens usagés.
*Ce sondage a été mené auprès de 2 001 personnes représentatives de la population française.